Festival de jazz de Montréal 2023 | Une prestation enflammée de Rodrigo y Gabriela
Si pour la plupart d’entre nous, le 1er juillet représente l’occasion de célébrer le Canada ou de se soumettre au Saint patron du déménagement (moins généreux dans ces attributions en ces temps de pénuries de logement), le duo originaire du Mexique, Rodrigo y Gabriela, offrait une troisième option très agréable pour les quelques milliers de spectateur·rice·s réuni·e·s à la salle Wilfrid-Pelletier dans le cadre du Festival de Jazz.
Le concept derrière In Between Thoughts… A New World
Le concert, principalement basé sur leur dernier album In Between Thoughts… A New World sorti le 21 avril dernier, a permis de constater que le processus de création pouvait être transposé sur scène.
Inspiré par la philosophie hindoue de l’Advaita Vedanta, qui explore le concept de non-dualisme, les guitaristes ont cherché à traduire cette philosophie en musique. Ainsi, neuf chansons ont été créées, reflétant leur compréhension de cette voie spirituelle.
Le concert s’est déroulé en trois blocs de trois chansons de l’album, qui en comporte neuf, chacun introduit par des morceaux inédits ou réarrangés. Cette dynamique a permis au duo de communiquer l’essence de leur musique à travers la nouvelle philosophie qui imprègne leur projet.
Un album adapté au concert
Bloc 1
- Astrum in Corpore (titre sous toute réserve)
- True Nature
- The Eye That Catches The Dream
- Egoland
Bloc 2
- Monster (titre sous toute réserve)
- Descending to Nowhere
- Seeking Unreality
- The Ride of The Mind
Bloc 3
- Simburgh (titre sous toute réserve)
- Broken Rage
- Finding Myself Leads Me To You
- In Between Thoughts… A New World.
Performance et autres considérations
Ce nouvel album, qui explore une mosaïque de style musicaux allant du jazz au flamenco en passant par le funk et les bandes originales de films westerns (évoqué sur True Nature entre autres), s’éloigne quelque peu du style axé sur la guitare classique pour lequel le duo est reconnu. L’utilisation plus fréquente de la guitare électrique par Rodrigo, ainsi que l’utilisation de synthétiseurs et d’arrangements orchestraux via des bandes son préenregistrées, ont enrichi la production des musicien·ne·s, faisant en sorte que cet album se démarque des précédents.
Vêtus de blanc, Rodrigo Sánchez et Gabriela Quintero ont attaqué l’ensemble des titres des trois premiers blocs sans jamais perdre en intensité. Ils ont démontré leur synergie et leur complicité musicale, se complétant l’un l’autre avec des riffs de guitare complexes et des harmonies captivantes.
De plus, le dialogue avec le public en anglais intégrant également le français et l’espagnol, a créé une connexion chaleureuse et intime, renforçant l’interaction entre les artistes et l’auditoire.
Ces moments ont également donné lieu à des échanges enrichissants entre le duo et le public. Gabriela a exprimé sa gratitude envers ses fans qui accueillent leur histoire, soulignant que celle-ci, même sans paroles, rejoint un récit plus vaste d’année en année. Rodrigo a renchéri sur l’importance du soutien du public, qui leur permet d’aborder avec confiance l’avenir de la musique, notamment la possibilité de revisiter et de réinterpréter des titres de leur répertoire et d’en créer de nouveaux.
Les moments où Gabriela a démontré sa polyvalence à la guitare, avec des jeux rythmiques, harmoniques et percussifs, ont suscité l’admiration et l’enthousiasme des spectateur·rice·s.
Rodrigo a également captivé l’audience avec son jeu expressif, ses notes subtiles et ses transitions fluides entre différentes guitares, notamment lorsqu’il a échangé sa guitare classique contre une slide guitar pendant de l’interprétation d’une des trois chansons inédites. Ce moment fort de la prestation a entraîné le public dans une envolée de notes planantes.
Les écrans diffusant des images géométriques et psychédéliques ainsi que des images en temps réel des deux musicien·ne·s sur scène en plus de la vidéo de la chanson Descending To Nowhere, réalisée par le célèbre cinéaste mexicain Olallo Rubio, ont ajouté une dimension captivante à la performance avec un visuel parfaitement synchronisé avec la musique.
Pour compléter les trois blocs… et le spectacle
Dans la dernière chanson, Mettavolution, titre éponyme de leur précédent album sorti en 2019, Gabriela a invité le public à danser. L’énergie contagieuse du duo s’est répandue dans la salle et les spectateur·rice·s se sont laissé·e·s emporter par la musique.
Après avoir quitté sous des applaudissements nourris, Rodrigo Y Gabriela sont revenus pour un généreux rappel sous l’insistance de la foule. Gabriela a commencé seule, démontrant sa virtuosité. Rodrigo l’a ensuite rejointe pour interpréter trois de leurs chansons les plus connues, soit Diablo Rojo, suivie de Hanuman et Tamacún de l’album Area 52, sorti en 2012.
Le duo a enflammé la scène et la salle avec son énergie débordante, entraînant le public dans une frénésie musicale. Le choix de mettre en avant le nouvel album dans un premier temps, puis de mélanger des morceaux plus anciens lors de la finale et du rappel a permis de mettre en valeur leur évolution musicale tout en satisfaisant leurs fans de longue date.
Dans l’ensemble, malgré quelques redondances dans certaines compositions, largement occultées par l’expérience immersive multisensorielle offerte sur scène, le spectacle de Rodrigo Y Gabriela a offert une généreuse célébration de la musique et de l’art de la guitare. Les deux guitaristes ont montré pourquoi leur duo est considéré comme l’un des meilleurs au monde. Leur maîtrise technique, leur créativité, leur passion pour la musique ainsi que leur évidente complicité ont été palpables à chaque instant.
Quant au public, il a réagi de manière enthousiaste et passionnée, témoignant de l’impact puissant de la musique de Rodrigo Y Gabriela. Leur performance a créé une expérience collective de pure énergie, transcendant les barrières linguistiques et culturelles.
- Artiste(s)
- Rodrigo y Gabriela
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Salle Wilfrid-Pelletier
- Catégorie(s)
- Musique du monde,
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