Clay Scott au Théâtre Outremont | La complicité de deux hommes derrière le micro, en musique et en podcast

Les artistes Mike Clay et Jay Scøtt, nom de scène de Pier-Luc Jean Papineau, faisaient paraître le mois passé par surprise un album indie pop du titre de Clay Scott, éponyme de leur duo. Sous forme de podcast en direct, d’interprétations de morceaux du projet et d’invités inattendus, le duo québécois a proposé près de deux heures plus qu’agréables au Théâtre Outremont, ce jeudi 25 mai.

Alors que la salle tardait à se remplir, Mike Clay et Jay Scøtt entrent sur scène devant un Théâtre Outremont plein, casquettes et guitares à la main.

L’excellent Aurevoir est directement entendu, dans un décor rappelant une cour américaine au printemps, tapis d’herbe, palmiers et clôture les environnant.

Suivant l’intervention de Mike Clay à la trompette (pas la dernière du concert), le duo se positionne au fond de la scène pour débuter le segment podcast de leur représentation, un verre à disposition, « le rêve de tous les trentenaires », lance le meneur de Clay and Friends.

Car oui, l’unique projet de Clay Scott à ce jour ne compte que huit chansons, pour une durée totale d’à peine 20 minutes : il semblait nécessaire de compléter la soirée d’une autre manière!

Si l’option d’interpréter le répertoire de chacun apparaissait davantage logique, Clay Scott décide d’opter pour cette alternative inattendue et audacieuse : à tour de rôle, trois invités se succèdent derrière le micro du balado, révélant des segments plaisant, mais surtout, distincts à l’auditoire.

« Le premier invité de l’histoire de ce podcast », de ses mots, ne s’avère nul autre que Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole du parti politique Québec solidaire.

 

Une autre facette de la figure

Tandis que le politicien aborde entre autres, aux côtés de Mike Clay et Jay Scøtt, son rapport à la musique (Nadeau-Dubois confie que s’il avait fait partie d’un groupe dans une autre vie, il aurait aimé que ce soit un collectif de rap!), sa récente réalité de père, son rapport à l’improvisation dans les débats, savoir utiliser les « bons mots », l’impact de la grève étudiante dans sa trajectoire, également, un constat s’impose : une conversation tant naturelle avec une figure de la sphère publique québécoise, cela humanise le personnage, lui donne un caractère « vrai », élément que les médias ne permettent que très peu, livre Mike Clay presque en sous-entendus.

S’ensuivent en musique Fin du monde et Westmount, permettant le « petit moment Alexandro Strelikso » de Mike Clay au piano, partage-t-il, teintés de transitions parfois malheureusement pas assez maîtrisées : l’aspect naturel semble gardé, on suppose?

Alliant funk, pop, folk, flirtant même souvent avec le hip-hop, le duo performe après le morceau Faut qu’on s’parle, non sans avoir omis la présence du multiinstrumentiste le.Panda, armé d’une flûte, seul invité de l’album.

Le populaire humoriste Mathieu Dufour prend en second lieu place derrière le micro, présentant le segment le plus drôle de la soirée.

Prenant rapidement les rênes de son passage, « Math Duff » explique au Théâtre Outremont les circonstances de sa rencontre avec les deux musiciens, enchaînant sur ses plaisirs coupables ou sur l’envoi d’un message Instagram à François Legault, proposant au Premier ministre l’instauration de la journée québécoise du hot-dog le 6 mai (6 mai, steamé?), le tout sous des rires constants de la foule.

 

L’éphémère naturel

Terminant son intervention en faisant part aux artistes de ses deux chansons préférées du projet, Jay Scøtt remercie la foule et ses invités de s’être déplacés, avant d’initier un freestyle de Mike Clay à la guitare.

« Ça fait une semaine qu’il me dit de pas faire ça, mais ‘garde, on est en show là », plaisante le natif de Terrebonne.

À travers des mots lancés par des membres du public, Clay parvient à faire rimer avec aise un texte improvisé, créant sur le moment une chanson qui n’aurait sincèrement pas fait tache sur les plateformes.

Continuant avec Marc, Chili, composé dans un chalet, et Cornerstore, le chanteur de Clay and Friends brandit une basse, son quatrième instrument de la soirée (« je les collectionne comme des Pokémon! »).

Durant l’écoute de ces trois chansons, la technicité vocale de Jay Scøtt ressort également : doté d’une voix singulière, presque nasillarde, l’interprète de Take Me Home s’avère être un vocaliste talentueux, contrôlant avec aise ses quelques envolées tentées.

La journaliste Marie-Louise Arsenault clôture ce podcast, avec les minutes les plus sérieuses et approfondies du concert. Le trio approche au cours de la majorité du segment le rapport au succès, comment celui-ci peut complètement transformer une personne, alors que les deux musiciens racontent leurs débuts difficiles dans l’industrie : Jay Scøtt dans une situation précaire jusqu’il y a à peine 3 ans, et Mike Clay ayant joué sa musique de nombreuses fois dans la rue, non sans s’être fait repérer par l’animateur Claude Rajotte.

Suivant une anecdote cocasse d’un concert de FouKi avant qu’il ne devienne célèbre, décrite par Marie-Louise Arsenault, le duo québécois fait place une dernière fois à la musique, avec Masterpiece, devant un écran projetant le graphisme d’un soleil qui écoute de la musique.

Quittant la scène, puis la regagnant, Jay Scøtt initie le rappel avec le tube Copilote, alors que son acolyte poursuit avec Bouge ton thang, de la formation derrière La Musica Popular De Verdun.

« Faites du bruit pour Mike Clay », « faites du bruit pour Jay Scøtt » : la complicité de ces deux hommes est sans appel.

Et dire qu’à sa création, Clay Scott n’était né que d’un message aux allures banales sur Instagram, il y a presque trois ans.

Levons le chapeau du fait que le duo ose sortir de sa zone de confort, que ce soit dans l’album ou bien dans leur concert : l’aspect secret du projet demeure conservé, avec ces deux uniques représentations, l’autre à Québec le 27 mai, qui, tout comme leur parution sur les plateformes, n’ont pas joui d’une énorme promotion.

Le lancement de Clay Scott s’inscrit comme une proposition déroutante pour les puristes, mais hautement originale et singulière pour les amateurs.

Quoi qu’il en soit, tous s’accordent qu’à travers la musique, on sent le printemps, l’été, même, qui pointe doucement le bout de son nez.

Ça tombe bien, il fera 30°C cette fin de semaine.