Ducharme chez Gauvreau par les finissants de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM
Au Studio d’essai Claude-Gauvreau de l’UQAM, sept des 18 finissants de l’École supérieure de théâtre cette année présentent jusqu’à samedi soir « Quand j’ai les yeux fermés, il n’y a personne », un exercice théâtral dirigé par Marie Brassard qui a réussi un brillant collage de textes tirés du premier roman publié de Réjean Ducharme, « L’avalée des avalés », et du troisième, « Océantume ». Faites-vous plaisir, la parole ducharmienne étant toujours aussi mordante et criante de vérité.
Pendant que le public s’installe, les sept futurs comédiens sont déjà sur scène, assis en demi-cercle et tenant en main un livre de Réjean Ducharme. Tout de l’auteur fantôme, qui nous a quittés depuis peu, est contenu dans ce collage vibrant de Marie Brassard, une émule de la première heure du théâtre de Robert Lepage.
Pendant l’attente, on entend La Manic de Georges Dor qui sera suivie du Lindberg de Robert Charlebois avec son « avion St-Esprit de Duplessis sans m’avertir » et l’urgence d’un ultimatum se résumant par « j’sais pus où chus rendu ».
Le titre du spectacle, Quand j’ai les yeux fermés, il n’y a personne, est tiré du début de L’avalée des avalés, alors que le personnage hautement rébarbatif de la jeune Bérénice Einberg vient de nous asséner son terrible « Tout m’avale!»
Photo par Patrice Tremblay
Marie Brassard se veut la plus pertinente possible en faisant danser ou encore rire à gorge déployée ses interprètes entre deux tirades bien senties. On entendra Gerry Boulet lançant son bouillant « Aïoye, tu me fais mal à mon coeur d’animal », mais principalement des chansons que Ducharme a écrites pour Charlebois, l’un des rares à avoir rencontré l’écrivain rétif qui dès ses débuts en littérature a fait le choix salvateur de se retirer de la face du monde.
Est-ce de la bouche même de Bérénice ou bien d’Iode Ssouvie, de Chamomor ou d’Asie Azothe, la metteure en scène a choisi de faire répéter par ses interprètes à au moins dix reprises une phrase qui cerne bien l’univers de Ducharme : « J’appelle le désordre, mais personne ne vient. » L’effet est saisissant de bout en bout.
Photo par Patrice Tremblay
L’École supérieure de théâtre de l’UQAM, qui compte quelque 70 étudiants, offre une formation en interprétation, en scénographie, en études théâtrales et en enseignement, jouant ainsi un rôle de complémentarité aux autres institutions que sont l’École nationale de théâtre, le Conservatoire d’art dramatique, Sainte-Thérèse et Saint-Hyacinthe. Il est toujours intéressant de découvrir avant tout le monde le travail des finissants, surtout quand ils sont aussi bien pris en charge par une artiste de théâtre complète comme Marie Brassard.
- Artiste(s)
- École supérieure de théâtre de l'UQAM, Marie Brassard, Réjean Ducharme, Robert Charlebois
- Ville(s)
- Montréal
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