Festival Québec Jazz en Juin 2025 | La grande tradition en pleine vitalité avec Wynton Marsalis

Le 27 juin 2025, la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec vibrait au son du Jazz at Lincoln Center Orchestra, dirigé par nul autre que Wynton Marsalis. Présentée dans le cadre de la septième édition du Festival Québec Jazz en Juin, cette soirée fut une véritable célébration du jazz orchestral à son plus haut niveau.

La scène déborde : cinq saxophones, trois trombones, quatre trompettes et un trio rythmique. Une formation complète de big band, comme on en voit rarement à Québec. Dès les premières notes, l’énergie est palpable. C’est tight, précis, explosif. Chaque section respire la maîtrise, l’écoute et la puissance d’une mécanique bien huilée, sans jamais perdre la chaleur du jeu vivant.

La tradition du big band, si populaire dans les années 1930 et 1940, prend ici un nouveau souffle. À travers des arrangements riches, souvent signés par les membres de l’orchestre eux-mêmes, on sent la volonté de perpétuer l’histoire du jazz tout en la renouvelant. Wynton Marsalis, assis discrètement dans la section des trompettes, ne cherche pas à être au centre : il laisse la place à son équipe de musiciens virtuoses. Ses rares soli, choisis avec soin, témoignent d’une sensibilité mature et d’un immense respect du collectif.

* Photo par David Gagnon.

Parmi les moments marquants : un arrangement de Ted Nash d’une pièce de Chick Corea, débordant de couleurs et de contrastes. Les cuivres rugissent, les trombones hurlent, et la texture orchestrale évoque la puissance d’un éléphant surgissant sur scène. Autre moment fort : l’interprétation du 7e mouvement de Canadiana Suite d’Oscar Peterson, magnifiquement introduit par un trio baryton, piccolo et piano. Un mélange d’extrêmes sonores, aussi inattendu qu’envoûtant.

Parmi tous ces merveilleux musiciens et musiciennes, le pianiste du groupe, d’ailleurs, brille tout au long du concert. Ses soli sont fluides, expressifs, et surtout, il semble jouer avec le temps, le plier, le repousser, sans jamais le perdre.

En rappel, le big band laisse place à une formation réduite de sextette. Swing léger, souple, incarné. Tout est dans le détail. La cohésion est telle qu’on sent les décennies d’expérience se manifester dans chaque nuance.

Comme un prolongement naturel de cette soirée mémorable, plusieurs membres de l’orchestre sont ensuite allés rejoindre la jam session officielle programmée à l’Hôtel Le Maurice. Une occasion unique pour les festivaliers de vivre la rencontre spontanée entre artistes locaux et internationaux, dans un cadre plus intime mais tout aussi vibrant.

Quant au Festival Québec Jazz en Juin, il faut saluer sa vision artistique audacieuse et l’excellence de sa réalisation. Programmé au cœur de la ville, dans des lieux emblématiques accessibles à pied, il tisse des liens étroits entre le public et les artistes, entre la scène locale et les grands noms du jazz mondial. Grâce à ses partenaires comme le Grand Théâtre de Québec, l’événement rayonne bien au-delà de la capitale. On y sent une volonté profonde de rendre le jazz vivant, inclusif, intergénérationnel, sans jamais compromettre la qualité artistique. Un festival qui surprend, qui inspire, et qui confirme, année après année, son rôle central dans l’écosystème jazz canadien.

* Photo par David Gagnon.