
Warcall et Hiddenware au Piranha Bar │ Bal thrash avec interlude
C’est pari réussi pour le bal thrash métal qui s’est tenu au « Heaven Stage » du Piranha Bar, samedi dernier, et qui regroupait quatre bands de la scène locale, WarCall en tête de liste, sous la gouverne de Kaboom Management.
Dans ce défilé de guitares hurlantes, les musiciens présents se sont tous démarqués par des performances puissantes, tout comme les quelques quarante spectateurs enclins à se prêter au jeu qui ont ajouté encore plus de piquant et gonflé l’ambiance à coup de « moshpits » et de cris soutenus, laissant croire qu’ils étaient une centaine.
Musitric
La soirée s’est ouverte sur une découverte fort intéressante : la formation sherbrookoise Musitric. Très fortement inspirés par le « old school » thrash métal et des bands comme Metallica, Megadeth et Slayer, ils ont surpris par la qualité de leurs « riffs » et mélodies, très accomplis et bien exécutés pour un groupe formé en 2023 qui en était seulement à son troisième spectacle en carrière, et leur premier à Montréal.
Le quatuor mené par le chanteur et guitariste rythmique Miguel Thibault, dont on retiendra sa voix parfaitement éraillée et trash et le style bon enfant, gagnerait, au cours des années à venir, à explorer pour tenter de trouver une identité et un son qui leur seraient plus propres, qui les élèveraient à un rang où on ne pourrait plus autant les comparer à leurs sources d’inspiration.
Cela dit, plusieurs ont déclaré à la fin de leur performance, et à juste titre, que Musitric est un band à suivre et à surveiller de près, leurs qualités musicales étant indéniables.
Citizen Vicious
S’en est suivi le groupe Citizen Vicious, qui a de l’expérience derrière la cravate et qui a livré avec grande assurance son réputé « thrash n’ roll » entrecoupé d’adresses pimentées, parfois vulgaires, tout ce que les fans s’étaient déplacés pour voir et entendre après une absence de la scène locale.
C’est qu’il y avait plus de dix mois que la formation longueuilloise n’avait pas brulé les planches à la suite du départ du bassiste Mihai Chereji, parti vivre en Europe. La recherche d’un remplaçant s’est avérée plus longue que prévue, mais aura porté fruit puisqu’ils se sont finalement trouvé un cinquième acolyte rigoureux en la personne David Girouard, ancien membre de Necromortis, qui ne semblait pas du tout tiré de l’arrière malgré son arrivée récente.
Justin Dupont, au chant, a une fois de plus offert une performance sans retenue, dans un style parfois plus grommelant, mais tout à fait dans le ton, alors que les guitaristes Olivier Pontbriand et Pierre-Yves Bourgie servaient aux fans leurs « riffs » ultra-rapides et hyper maîtrisés et que Pascal Langevin se défonçait à la batterie.
Ils ont entre autres interprété plusieurs titres de leur plus récent album, Longueuil, paru en juin 2024, dont les S.O.B., Spill the Blood, Rock n’ Roll Queen et la très unique Rita, écrite en l’honneur d’une serveuse de relais routier qui les aura particulièrement marqués, tout comme la description qu’ils auront faite d’elle aux spectateurs qui avaient lancé les premiers « moshpits » de la soirée.
HiddenWare
Décrire ce trio montréalais est un défi en soi. Leur univers, non seulement musical, mais aussi lyrique, est si vaste et particulier qu’on en est dérouté à la première écoute.
Formé du poète et professeur Max Dissairay (chant, guitare et basse), de Justin Beauregard (guitare) et d’Ace Shulman (batterie), HiddenWare propose un métal moderne et progressif qui allie une foule de styles sans pour autant être un fourre-tout où l’on se perd. Des passages planants et mélodieux d’une grande beauté s’amalgament à des portions métal dans des structures musicales qui sortent franchement de l’ordinaire et où l’impressionnante gamme vocale de Dissairay est mise en grande valeur.
On entend parfois un Nirvana nouveau genre, Soundgarden, Alice in Chains et Gojira avant que ne résonnent des mélodies reggae s’apparentant à Grimskunk ou des « riffs » lourds à la Black Sabbath. On retiendra notamment Okonkwo, titre inspiré du roman de Chinua Achebe, Things Fall Apart, et Death Waltz, qui nous transporte dans un monde onirique et plus folk. Encore une fois, un band à surveiller, ce type unique se faisant rare sur la scène québécoise.
Seul bémol : le style tranchait peut-être un peu trop avec les deux formations précédentes et celle qui allait suivre, cassant quelque peu la montée en puissance et adoucissant un peu trop les esprits avant le clou de la soirée.
Warcall
Il n’y a aucun doute : c’est un très grand coup qu’a frappé WarCall ce soir-là. Il est juste de dire que ça faisait un bail qu’on n’avait pas vu un « moshpit » aussi animé au « Heaven Stage », avec en prime, non pas un, mais plusieurs « crowdsurfers » survoltés par l’intensité des décibels et l’agressivité de leur death n’ roll trash.
C’est que les membres de WarCall, pour plusieurs multi-instrumentalistes, sont loin d’en être à leurs premières armes. Gord Bass (Jonathan Gourdeau), chanteur et bassiste au sein du groupe depuis 2007, est un vétéran de la scène métal locale qui l’a vu évoluer tant au sein de cette formation qu’à titre de batteur (Crâne) pour le band de black métal Les Damnés, dont faisait également partie Mathieu Simard, batteur de WarCall et guitariste de Polymorphik, qui y jouait de la basse (Tombeau). Alliés aux excellents guitaristes à la fois lead et rythmiques Sébastien Dion et Simon Doiron (également guitariste de Chronochomie), la recette ne peut qu’être gagnante.
Mais il y avait un petit je-ne-sais-quoi de plus dans cette impressionnante performance; en plus de la rapidité des guitaristes, du côté mélodique et brutal et de la voix toute désignée de Gord Bass, qui avait délaissé sa veste militaire fétiche, il y avait une unicité, une complicité qui ne s’était pas autant vues et ressentie dans les spectacles passés. Du « gros fun noir »; c’est ce que les membres avaient sur scène, portés par l’ambiance dégagée par l’audience qui redoublait d’ardeur à chaque chanson et se nourrissait de leur énergie.
Ils ont aligné les Intoxicated, Apocalyspe, la plus récente, Scarface et Sanblast, notamment, avant de terminer en beauté avec une reprise de The Trooper de Iron Maiden, ce qui a scellé la soirée avec force. Mention spéciale à Gord Bass qui a su « gérer » adroitement un spectateur plus turbulent, disons, en s’adressant directement à lui : « Toé, t’es spécial! La prochaine toune, c’est pour des gars comme toé! », ce qui a fait sourire les spectateurs.
Mais pas autant que les 40 ans de Simon Doiron, soulignés bruyamment, et l’apparition de la mascotte du band, le fameux Soldat de la « brosse », un militaire « zombiesque » qui déambule théâtralement dans la foule et sur scène et avec qui plusieurs ont croqué un « selfie » pour la postérité.
Pari réussi, donc, et qui n’aura pas été un « show de boucane » malgré toute celle qui emplissait la salle.
- Artiste(s)
- Citizen Vicious, HiddenWare, Musitric, Warcall
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Piranha Bar
- Catégorie(s)
- Death metal, Heavy metal, Métal, Punk, Thrash metal,
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