crédit photo: Yagub Allahverdiyev
Vampire Weekend

Vampire Weekend à la Place Bell | Une performance 5 étoiles et haute en surprises

Énergique, généreuse, surprenante, imprévisible, ludique, rassembleuse… Voilà beaucoup d’adjectifs pour commencer un texte, mais tous ces qualificatifs décrivent à merveille la performance exemplaire donnée par Vampire Weekend à la Place Bell de Laval en plein milieu de la semaine, offrant un spectacle de plus de deux heures devant une salle presque comble. Au menu : de nombreux classiques, des nouvelles chansons et beaucoup, beaucoup de surprises au rappel!

Première surprise de la soirée : après les trois premières chansons interprétées à trois sur scène, où on se disait « coudonc, il me semble qu’ils ne sont pas beaucoup pour jouer leurs tounes », le grand rideau à l’effigie du groupe est finalement tombé au beau milieu du quatrième morceau, Ice Cream Piano, pour nous dévoiler quatre autres musiciens qui se cachaient là, dont un saxophoniste, un claviériste et un violoniste, devant un décor de réacteur d’avion. Et la soirée est rapidement devenue magique par la suite!

Une grande communion en plein mercredi soir

Tant pis si on travaillait le lendemain : les spectateurs de toutes les générations (dont plusieurs enfants entre 8 et 12 ans qui trippaient leur vie et connaissaient toutes les chansons) rassemblés à la Place Bell en auront eu pour leur argent, et même au-delà, alors que le groupe a offert une prestation d’environ 2h30 qui prenait souvent des allures de communion avec son public. Il fallait entendre les quelque milliers de personnes gueuler à l’unisson « BLAKE’S GOT A NEW FACE », s’enlacer pendant Step, créer une constellation de lumières blanches avec leur cellulaire pendant Unbearably White et sauter à en faire trembler le parterre pendant A-Punk ou Diane Young pour s’en convaincre.

L’énorme dose d’amour que réservait le public lavallois/montréalais au groupe new-yorkais était vraiment belle à voir! Et même les nouvelles chansons de l’excellent cinquième album, Only God Was Above Us, paru plus tôt cette année, faisaient réagir comme si c’était déjà des classiques intemporels. Il n’y a pas à dire : Vampire Weekend, qui roule sa bosse depuis maintenant plus de 15 ans, a vraiment su perdurer et résonner auprès d’un public étonnamment bigarré. Et à voir tout ce beau monde s’époumoner en chœur, parions que plusieurs auront eu la voix quelque peu éraillée en rentrant au bureau le jour suivant!

La prévisiblité? Vampire Weekend ne connaît pas!

Visiblement heureux d’être là, le chanteur Ezra Koening a agi en (excellent) maître de cérémonie, à la fois drôle, sympathique et rassembleur, parlant autant que possible dans la langue de Molière. Il a même osé poser LA question qui tue pour un artiste jouant à la Place Bell : « doit-on dire merci Montréal ou merci Laval ce soir? » Allons-y pour les deux!

Accompagné de ses 6 autres comparses (dont le bassiste Chris Baio et ses contagieux mouvements de bassin qui n’ont jamais cessé pendant toute la durée de la prestation), le chanteur habitait la scène de bord en bord et a enchaîné pas loin de 40 chansons, la pédale au plancher, s’exécutant même parfois au saxophone.

Jouant une liste de chansons différentes chaque soir, Vampire Weekend nous proposait une soirée imprévisible où les chansons très connues (A-Punk, This Life, Harmony Hall, Oxford Comma ou Campus en morceau d’ouverture) côtoyaient des pièces plus obscures comme Boston (Ladies of Cambridge) ou New Dorp. New York (un morceau du producteur SBTRKT en compagnie de Ezra Koening). Et même si certains auraient probablement aimé entendre Cape Cod Kwassa Kwassa ou Unbelievers, force est de constater que personne n’a semblé s’en plaindre!

Moment « Gregory Charles » au rappel

Mais les plus grosses surprises nous étaient reservées au rappel. Après avoir interprété 24 chansons de leur répertoire, le groupe est revenu avec une proposition qu’on ne voit pas souvent lors d’un rappel : une succession de reprises de chansons, dont plusieurs étaient des demandes spéciales de gens dans l’assistance : « Pour certains, ce sera le meilleur moment du show, pour d’autres, ce sera peut-être le pire! » nous prévient d’emblée Ezra Koening avant d’entamer Tempted du groupe Squeeze. Mais à voir les réactions délirantes, les rires et les exclamations chez tous les spectateurs, je ne pense pas que grand monde ait boudé son plaisir!

Faisant des Gregory Charles d’eux-mêmes, les membres du groupe ont tenté quelques reprises improvisées (en s’excusant quelques fois aux auteurs des chansons originales pour leurs reprises parfois brouillonnes). Au menu lors de ce feu roulant de reprises : Don’t Look Back in Anger d’Oasis, So Long Marianne de Leonard Cohen (un bel hommage montréalais), Here Comes Your Man des Pixies, This Must Be the Place (Naive Melody) des Talking Heads, I’m Still Standing d’Elton John et même Chop Suey! de System of a Down (étonnamment bien rendue).

Quelques reprises un peu plus cocasses comme Man! I Feel Like a Woman! de Shania Twain ou How You Remind Me du mal-aimé groupe Nickelback (accueillie par des huées) étaient aussi de la partie.

Bref, un beau moment de délires tantôt maîtrisés, tantôt un peu moins, qui ajoutaient un beau côté loufoque à la proposition. C’est toutefois avec l’une de leurs chansons, Walcott, que Vampire Weekend a mis un terme à ce concert, nous renvoyant à la maison le sourire aux lèvres, encore soufflés par le spectacle qu’on venait de voir.

Mission plus qu’accomplie pour les gars de Vampire Weekend, qui ont définitivement trouvé une formule gagnante pour cette tournée, où les concerts se suivent mais ne se ressemblent jamais!

Photos en vrac

Vos commentaires