crédit photo: Andres Amaya
Ty Segall

Ty Segall au Club Soda | Des montagnes russes

Ce démon blond qu’est Ty Segall était de retour jeudi à Montréal, presque sept ans après sa dernière performance dans la métropole, afin de présenter les pièces de son plus récent opus, Three Bells, lancé au début de l’année 2024. Quoiqu’un brin inégale, la performance du rockeur américain a su, une fois de plus, déclencher les ardeurs d’une foule montréalaise affamée.

Déclencher les ardeurs, mais seulement parfois. Si notre grand manitou avait parlé, après une performance de Ty Segall en 2014, d’un « immense mosh pit [qui] s’est formé en 5 secondes » et qui ne s’est jamais dissipé, disons que la sauce a pris plus longtemps à monter dix ans plus tard.

Après être entrés sur scène, Ty Segall et ses quatre musiciens présentent coup sur coup The Bell et Void, pièces progressives hautement complexes tirées de la récente offrande du Californien. Difficile de mosh pitter là-dessus. Peut-être qu’une partie de la faute doit être jetée sur la première partie (on va en reparler). Au cours des premiers titres interprétés, on est sur quelque chose qui progresse (littéralement), de plus musical et de moins oppressant que ce que le Ty Segall masqué et ses Muggers proposaient en 2016.

Et évidemment que nous voulons voir Segall explorer les avenues qui l’enchantent, se réinventer tout en gardant ce garage crasse qui le singularise : au vu de sa production effrénée depuis plus de dix ans, sortir une suite d’albums profondément similaires reviendrait à du radotage pathétique (ce qui n’est pas le cas, évidemment, pour notre plus grand bonheur). L’ambiance plutôt passive d’un parterre attentif se renverse complètement dès les premières notes d’Emotional Mugger/Leopard Priestess. Mais vraiment, on a l’impression d’assister à deux spectacles différents tant le devant du parterre du Club Soda s’en donne enfin à cœur joie dans les mosh pits.

Éternel (et énième) sauveur du rock, du vrai rock, merci, Ty.

Homme de peu de mots (à peine une dizaine prononcés en une heure, en fait, j’ai compté), Segall laisse son mélange envenimant de garage, folk, prog-psych et punk noise parler de lui-même, en ne regardant presque jamais le Club Soda devant lui : il laisse la foule se charger du sale boulot. Elle est grande, et elle en est bien capable toute seule.

Une même ambiance n’arrive jamais à s’installer plus de cinq minutes : soit le parterre du Club Soda est sage comme un bambin, soit il laisse s’échapper l’enfant terrible en lui. Mais jamais complètement, jamais longtemps.

Le rendu musical est, quant à lui, constant et absolument superbe : on ne s’attend à rien d’autre de la part d’un musicien aussi talentueux, unique et sous-estimé que Ty Segall. L’artiste présente essentiellement son album Three Bells, mais s’aventure aussi dans de vieilles périodes, dans du Goodbye Bread, du Twins et du Melted.

En rappel, Segall demande au public de chanter le premier couplet de son plus grand succès, My Lady’s on Fire : il obéit, et ajoute même body surfing et mosh pits pour pimenter le tout. Segall et ses musiciens clôturent l’admirable soirée avec Melted.

Efficace, voilà le premier mot qui vient en tête en pensant à la performance de Ty Segall. Le rockeur californien a comblé les hautes attentes rattachées à son passage à Montréal.

Une première partie insipide

Si les premières minutes de la performance de Ty Segall s’avéraient un peu… molles, la première partie assurée par Sharpie Smile n’a pas dû contribuer à la cause. Les compositions du duo de San Francisco, formé de Dylan Hadley et de Cole Berline, aujourd’hui en formule à quatre musiciens, manquent dangereusement de tonus, tout comme les membres sur scène, simplement.

Les mélodies sont peu accrocheuses, et l’instrumentation est souvent trop pauvre pour donner un rendu agréable à l’écoute.

Ajoutez à cela une mauvaise balance de son, au point où on n’arrive pas à assimiler une seule phrase complète chantée, et vous vous retrouvez avec une envie encore plus forte de retrouver Segall rapidement.

Grille de chansons

  1. The Bell
  2. Void
  3. I Hear
  4. Hi Dee Dee
  5. Emotional Mugger/Leopard Priestess
  6. Breakfast Eggs
  7. My Head Explodes
  8. The Drag
  9. Goodbye Bread
  10. Love Fuzz
  11. My Best Friend
  12. My Room
  13. Wait
  14. Looking at You
  15. Denée

Rappel

  1. My Lady’s on Fire
  2. Melted

Photos en vrac

Ty Segall

Sharpie Smile

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