Thundercat

Thundercat au MTELUS | Le jazz, le jazz et encore le jazz

Le très attendu Thundercat (Stephen Lee Bruner), qui devait fouler les planches du MTELUS le 10 novembre dernier en compagnie de Channel Tres, a finalement rencontré son public montréalais pour un 2 heures et demi de musique déjantée, accompagné seulement de ses deux musiciens. Retour sur un concert plein de fougue, mais qui manquait définitivement de ligne directrice.

Après une heure de retard, on sent l’impatience de la foule qui commence à monter tranquillement. À plusieurs reprises, un individu intrépide crie: « THUNDERCAT ! », peut-être dans l’espoir que son idole monte sur scène une fois pour toutes. Finalement, les lumières psychédéliques teintées de rose, de bleu et de mauve s’allument. Une intro jazz, avec une qualité technique qui laisse à désirer, introduit Thundercat à son auditoire. Avec son pianiste et son batteur, le bassiste arrive sur scène habillé d’un survêtement jaune. « Fuck yeah! », s’écrit-il dans son micro en voyant les Montréalais entassés sur le parterre et le balcon de l’ex Métropolis.

Au début, les vocalises de Thundercat sont un peu hésitantes; les notes plus hautes ne sont pas aussi justes que ce à quoi on s’attend du virtuose originaire de Los Angeles. D’ailleurs, le mauvais calibrage du son et des instruments nuisent à l’introduction; avec une heure d’attente dans le corps, on est un peu déçu. On s’attendait à une entrée plus spectaculaire, ou du moins plus juste que celle-ci.

L’artiste, qui a collaboré avec Childish Gambino, Ty Dolla Sign et Steve Lacy sur son dernier album It is what it is, prend finalement son aise. Il faut dire que le public, décidément vendu d’avance, aide le trio de musicien à trouver son rythme. Thundercat donne un peu une ambiance de spectacle d’humour avec la façon dont il s’adresse à la foule. Il raconte des histoires, parle des gens avec qui il a collaboré, rend hommage à des amis musiciens qu’il a perdus. Le bassiste est, sans l’ombre d’un doute, un individu charmant; difficile de ne pas s’attacher lorsqu’il s’adresse à nous comme il le ferait à un vieil ami.

Bon, il est clair que ce qu’offre Thundercat sur scène n’est pas fait pour tout le monde. Ceux qui s’attendaient à un concert plus classique, avec les derniers hits de l’artiste, n’en auront pas eu pour leur argent. À l’opposé, les fans finis de Thundercat, qui sont en émois avec la moindre de ses prouesses musicales (qui sont objectivement impressionnantes), auront été bien servis.

Avec cette performance, l’artiste récipiendaire de deux Grammys prouve qu’il mérite bien le titre de jazzman. Ses solos de basse sont électrisants et éblouissent la foule, qui ne peut que rester stupéfaite du talent qu’on lui propose. Certes, les chansons les plus chantées sont celles qui font davantage bouger le public, mais Thundercat et ses musiciens ne s’en font pas; ils sont là pour jouer de leurs instruments, peu importe ce qu’advient des chansons populaires pour lesquels on les connaît.

 

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