crédit photo: Jérôme Daviau
The Sadies

The Sadies à la Sala Rossa | Un groupe toujours plein de ressort, malgré sa perte

Cette année, le groupe torontois The Sadies fête ses 30 ans d’existence et se remet difficilement de la mort en 2022 de Dallas Good, guitariste, chanteur et fer de lance du groupe, également frère de l’autre guitariste et chanteur, Travis Good. Ça en fait beaucoup pour le groupe mythique de la scène canadienne, devenu un trio par la force des choses. Ils conservent cependant toute leur fougue et livrent une prestation solide, même si un peu désordonnée.

L’âme de Dallas est omniprésente, du fond de scène où est affiché un grand drapeau avec son image à sa légendaire guitare telecaster rouge posée dans un coin de la scène. Ce soir est la première fois où j’assiste à un concert des Sadies, et l’homme à côté de moi au pied de la scène me prévient : « Avec la mort de Dallas, ce n’est plus comme avant. Mais tu vas voir, c’est toujours bon quand même! »

La Sala Rossa est bien remplie, ça parle autant anglais que français et c’est plein de quinquagénaires nostalgiques. Et si les cheveux blanchissent dans la salle, il n’en est rien sur scène, où les chevelures restent bien foncées, de manière suspecte…

Le groupe est composé de Travis Good à la guitare et au chant, accompagné de Sean Dean à la contrebasse et Mike Belitsky à la batterie. Si la section rythmique assure, elle reste en retrait et laisse toute la place à la guitare de Travis Good, qui navigue entre un son de guitare proche des Shadows et des Ventures, avec beaucoup d’écho, jusqu’à la distorsion fuzz d’un Neil Young bien énervé.

Le style des Sadies est assez difficile à circonscrire, tant il part dans tous les sens : beaucoup de titres instrumentaux, un rock des années 60 à un country bluegrass des origines, en passant par du pub rock, des titres plus pop et une version country qui lorgne vers l’americana. Mais ça reste de la musique à guitare, et l’énergie prime avant toute chose!

Gary Louris du groupe The Jayhawks arrive en invité pour quelques titres. Apparemment installé au Québec, il vient supporter le groupe au chant et derrière la guitare de feu de Dallas Good. Et je ressens alors la dynamique et l’aura qu’avait The Sadies en tant que quatuor : les deux voix se mélangent magnifiquement et les interactions de guitare solidifient le groupe, emmenant les titres une coche au-dessus.

Après un trentaine de titres plus ou moins survitaminés et très diversifiés, le concert en arrive aux rappels pour se terminer avec une dernière prouesse guitaristique d’un titre de Jerry Reed. Travis prévient que c’est un chanson difficile à interpréter et que « ça risque de finir en accident de char! » Il n’en est rien, et ça termine la soirée de belle façon.

The Sadies reste une formation très énergique et solide avec un répertoire disparate où l’on se perd parfois. La guitare de Travis Good est d’un très haut niveau et impressionne, et l’on se prend à regretter de ne pas avoir vu la formation à deux guitaristes…

 

Felicity Hamer & Black Leather Rose : une belle ouverture efficace

Pour ouvrir la soirée, le groupe Black Leather Rose entre en scène, accompagné de la chanteuse Felicity Hamer, pour livrer un country outlaw mis à jour avec bon goût. La formation est composée de deux guitaristes, d’un joueur de pedal steel guitar et est complétée d’un bassiste et d’un batteur.

Au chant, Felicity Hamer livre une très belle performance avec sa délicieuse voix et un charisme certain. La voix est pleine, avec un soupçon de rocaille bien dosé et un vibrato maîtrisé qui se tient loin des excès du genre.

Un album de la formation est à paraître prochainement, le délai d’attente n’étant pas clair même entre les musiciens sur scène! On ne manquera pas d’y jeter une oreille attentive.

Felicity Hamer & Black Leather Rose a su charmer l’assemblée par ses titres country et ses interprétations senties, ponctués par une très belle cohésion. Une belle découverte.

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