The Lumineers au Centre Bell | Un récital très calibré
Grâce à un parcours mené sans trop d’embûches, The Lumineers peuvent maintenant se targuer de remplir l’imposant Centre Bell avec seulement deux albums à leur actif. Bien aidés par le support des Islandais de Kaleo et du groupe américain Susto en première partie, le collectif établi à Brooklyn a poursuivi la soirée en proposant un set particulièrement garni où se jouera presque l’entièreté de leur répertoire.
Cinq ans déjà que le trio a remis au goût du jour l’Americana, genre musical où s’entremêlent folk, country et rock. Et ce, grâce au succès de Ho Hey. Entendue en large sur les radios commerciales, ce titre énerve comme il passionne. Toutefois, cette fougue qu’exprime The Lumineers procure toujours un sentiment profond d’évasion, comme installé confortablement autour d’un feu de camp aux dernières lueurs de l’été. Mais avant de revenir plus en précision sur leur concert, coup de projecteur sur un coup de cœur : Kaleo.
Kaleo entre en scène
Si l’entrée sur scène fut complètement ratée pour les Islandais à cause de problèmes techniques évitables, la suite était bien différente. Tout en progression, le quatuor chauffe comme il faut le Centre Bell avec ses sonorités du Midwest et même si la qualité du son de l’antre des Canadiens laisse toujours à désirer (le duo basse/batterie était par exemple inaudible), la voix grave et sublime de JJ Julius Son transporte l’audience lors de certaines envolées, comme sur la magnifique All The Pretty Girls. Un beau moment de communion pour un public qui n’hésitera pas à s’enthousiasmer ensuite pour les puissantes No Good et Way Down We Go.
Il faut dire que le groupe sait s’y prendre avec un rock qui se calibre sans difficulté aux grandes salles de concert. Et nul doute qu’avec toute cette énergie déployée, on les retrouvera à terme dans les hautes sphères musicales, à l’image d’un groupe qui les ressemble à s’y méprendre : The Black Keys.
The Lumineers commence fort
Après ce tour de chauffe sensationnel de Kaleo, ce sont The Lumineers qui s’installeront sur la scène sous des acclamations assourdissantes.
Affublé de son désormais mythique chapeau de velours, le chanteur et guitariste Wesley Shultz est à n’en pas douter celui qui mène le groupe. Quelle voix, quel charisme… Il arrive à sublimer ses partenaires, en particulier la rayonnante violoncelliste Neyla Pekarek.
Jeremiah Fraites apporte quant à lui cette justesse qui offre un concert finalement très calibré, manquant parfois de spontanéité mais bousculant les codes que l’on connaît tous : les titres les plus connus sont souvent là pour conclure.
Or, il ne fallait ici pas arriver en retard au Centre Bell, dont le son est toujours aussi dérangeant. C’est en effet dès les premiers titres que résonnent « I’ve been trying to do it right / I’ve been living a lonely life » du tube Ho Hey ! Pas le temps de niaiser, le titre est rangé-classé en deux minutes. Et ce sera souvent le cas comme avec Cleopatra, très belle ode au demeurant, qui ne tardera pas à remuer la foule.
Viendra un moment intimiste
Spectacle parfaitement exécuté comme au dernier Festival d’Eté de Québec, l’immensité du Centre Bell est théâtre d’une petite surprise lorsque les membres prennent place sur une petite scène aménagée au milieu de la foule. Résonnera ainsi Classy Girl, puis Where the Skies Are Blue, Charlie Boy et enfin Slow It Down où, seuls, Shultz et Fraites s’avanceront pour livrer une performance forte, pleine d’émotion.
On venait de quitter quelques instants la scène principale pour le milieu de l’audience avant que reprenne de plus belle la fin du concert où s’enchaîneront quelques chansons bien menées. Cette petite escapade sera d’ailleurs la meilleure partie du concert puisque plus intimiste et sensible que la grande scène. Un moment spécial, spectaculaire même, lorsque l’éclairage tamisé laisse transparaître seulement les lumières des cellulaires de la foule. C’est à se demander si The Lumineers ne serait pas plus à l’aise à jouer dans une plus petite salle, à l’image d’un Metropolis par exemple.
Un manque de spontanéité
Pour terminer, le groupe naviguera à travers les deux disques Lumineers (2012) et Cleopatra (2016) avec aisance, le public s’imprégnant aussi des envolées de Shultz sur le tube Ophelia et des tambours de Fraites sur l’intense Sleep on The Floor. En rappel, il y aura aussi une interprétation dantesque de Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan. Une bien belle manière de conclure un concert machinal.
Sans remettre complètement en question le talent du collectif formé à Denver, aucun d’entre eux n’est vraiment capable de sortir de son carcan pour interagir un tant soit peu la salle (excepté le bain de foule de Wesley Shultz sur Ophelia). Là n’est pas une raison pour ne pas les écouter sur scène. Non. Mais sur certains titres (et notamment ceux les plus connus), il manque à l’évidence ce petit grain de folie et d’improvisation qui ferait passer le statut du concert de « super » à « génial ». C’est trop calibré, trop lisse. On en revient à presque apprécier davantage l’énergie déployée par Kaleo. Dommage.
Liste des chansons
- Submarines
- Flowers in Your Hair
- Ho Hey
- Cleopatra
- Gun Song
- Dead Sea
- Classy Girls
- Where The Skies Are Blue
- Charlie Boy
- Slow It Down
- Sleep on the Floor
- Angela
- Ophelia
- Big Parade
- Walls
- My Eyes
- Patience
- Long Way From Home
- Subterranean Homesick Blues (reprise de Bob Dylan)
- Stubborn Love
- Artiste(s)
- Kaleo, The Lumineers
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Centre Bell
- Catégorie(s)
- Americana, Folk,
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