Temporel

Temporel à la SAT | Un premier film 360 immersif canadien qui procure une expérience collective unique

Installés sur des coussins éparpillés un peu partout au sol de l’impressionnante Satosphère de la SAT, le public, quasi couché, attend impatiemment de voir s’illuminer le dôme pour la présentation de Temporel, tout premier long-métrage de fiction canadien projeté en format 360 degrés. Difficile de ne pas piquer la curiosité des cinéphiles et des autres spectateurs avec une telle annonce! Le synopsis décrit l’histoire d’un astronaute, mais surtout d’un père, qui se réfugie dans un espace-temps plus lent dans l’espoir de voir sa fille unique vieillir, dans une véritable course contre la montre après l’annonce d’une mort latente. Sors-tu? a assisté à la première de presse du film mardi soir.

L’origine du projet : une immersion cinématographique

Un peu comme l’origine de l’œuf ou de la poule, le projet de Temporel est né en harmonie avec l’idée d’un film entièrement immersif. « L’idée de base du scénario nous est venue un peu du médium lui-même, donc du dôme », nous explique Dominic St-Amant, co-réalisateur avec son collègue Jean-François Éthier. Pour les deux complices, l’idée d’un film issu du genre de la science-fiction allait donc de soi. « Il faut comprendre que, d’abord, les dômes dans le monde sont des planétariums qui ont une vocation scientifique, poursuit St-Amant. Ça a probablement teinté déjà nos premiers brainstorms d’avoir cette connotation. »

 De la narration à la musique

Temporel est un film guidé par la narration du comédien David La Haye, qui interprète le personnage principal. Il parle à sa fille Romy (qui est d’ailleurs le nom des filles respectives des deux co-réalisateurs) jouée par Megan Lamontagne. Cette décision de ne pas incorporer de dialogues dans le long-métrage était surtout technique, explique Dominic St-Amant. «Il faut comprendre que de tourner en centres, c’est assez compliqué. Il faut se cacher sous la caméra. Donc, on ne peut pas avoir de perchiste pour capter le son. Sinon, on aurait pu utiliser des micros-cravates, mais en cinéma, il faut qu’ils soit vraiment bien cachés. Ou sinon, il faut refaire tous les dialogues en studio. Donc, oui, à l’origine, il y a quand même un concept technique qui nous a fait aller dans cette direction.» Toutefois, le réalisateur souligne que ce n’est pas un défi qu’il cherchera à relever dans ses prochains projets.

Le public suit donc l’histoire à travers une lettre que le père décide d’écrire à sa fille pour lui expliquer son départ. Conjointement à la lecture de ce message, la musique guide également la trame narrative avec brio. Cette superbe trame sonore est signée par le groupe Karkwa. Les musiques présentes dans le film ont d’ailleurs été spécialement composées pour ce long-métrage. Après plusieurs années d’absence, le public est toujours ravi de réentendre la musique signée par l’un des groupes préférés du Québec! « C’est quasiment un moment de synergie entre Jean-François et moi. On a dit qu’on faisait un film, et on a dit qu’il fallait de la musique. Les deux, on a quasiment dit Karkwa en même temps. On dirait que ça allait de soi. » Comme le synopsis repose majoritairement sur les ambiances, il était primordial que la musique plonge le public dans l’histoire et lui permette de vivre les aléas d’émotions qui forgent le long-métrage. Dans ce cas-ci, la musique vaut mille mots.

Les défis du 360 degrés

Produire un film avec l’idée de le présenter dans un dôme n’est pas une mince affaire! Chaque détail doit être minutieusement évalué et le matériel permettant de donner vie à ce petit bijou visuel doit être soigneusement calculé. Pour ce faire, les deux réalisateurs ont utilisé une petite caméra 360 super légère afin de produire des plans directement accrochés sur le côté de la moto, par exemple, ou même directement sur les comédiens. De plus, une caméra d’environ 25 livres et comportant 8 lentilles différentes, habituellement utilisée pour la réalité virtuelle, a été installée sur un énorme drone. Enfin, la dernière source utilisée était une caméra de type plus standard avec une lentille de 240 degrés.

Un scénario inégal

L’idée d’un film entièrement panoramique est, certes, très impressionnante : une expérience totalement immersive qui plonge le spectateur dans l’histoire, comme un public figurant, omniprésent. Mention spéciale pour la scène dans la météorite qui est à couper le souffle. Pourtant, quelque chose cloche. Peut-être est-ce mon côté néophyte en la matière, mais au cours du film, il me semblait que la trame narrative était forcée. Avec un synopsis rappelant le film à succès Interstellar (jusqu’au décor de la petite maison campagnarde), le scénario donnait l’impression d’être prémâché.

Loin de moi l’idée toutefois de dénigrer les images du film, qui étaient magnifiques. Les paysages ont visiblement été choisis avec minutie, et les plans étaient tout simplement à couper le souffle. C’est ce qui rendait l’expérience mémorable. Malheureusement, le scénario, à proprement parler, ne rendait pas hommage à la grandeur de l’ensemble, abordant des thèmes déjà vus et donnant l’impression de nous enfoncer des émotions dans la gorge. L’engouement pour ce genre de format est cependant indéniable, et ce dernier fonctionne bien. Peut-être se marierait-il davantage avec un genre comme celui du documentaire ? La question mérite d’être posée.

L’avenir du format 360 degrés

Cependant, ce genre de format n’en est qu’à ses premiers balbutiements, et selon Dominic St-Amant, son futur est prometteur. Pour que les films en 360 degrés gagnent en popularité, il faudra davantage de salles capables de les projeter. Mais ce n’est pas une inquiétude pour le réalisateur de Temporel. « Le dôme de la SAT est repris en exemple un peu partout dans le monde. C’est vraiment l’un des meilleurs dômes au monde. Sans la SAT, un projet comme ça ne pourrait pas avoir lieu. Donc, je pense que de plus en plus de salles comme celle-là risquent d’exister. »

Temporel à l’international

Pour la suite des choses, Dominic St-Amant souhaite pouvoir diffuser Temporel partout dans le monde. Facile à traduire puisqu’il est entièrement narré, « on espère pouvoir le faire voyager. On espère justement pouvoir transmettre cette idée-là, de commencer à faire des expériences de sens, plutôt cinématographiques, dans des médiums comme les dômes. » Motivé par l’envie de faire vivre davantage d’expériences immersives comme celle-ci au public, le réalisateur espère pouvoir continuer sur cette lancée encore longtemps, en partenariat avec son collègue et ami Jean-François Éthier. « Et puis, on a un faible pour le médium du dôme, qui est, contrairement à la réalité virtuelle, une expérience individuelle, le dôme est une expérience collective. »

Le film sera projeté à la SAT jusqu’au 25 janvier 2025.

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