Spoon

Spoon au Métropolis | À l’image d’une carrière foisonnante

Il y a de ces groupes prévisibles dont on peut deviner à l’avance le contenu du spectacle avant même d’y mettre les pieds, juste en regardant les grilles de chansons des shows précédents. Surtout lorsqu’ils sont en tournée et emplissent des salles de la taille du Métropolis. On les devine au service de la promo du nouvel album, investis dans un format prédéterminé qui ne bougera pas d’un iota d’une soirée à l’autre. Heureusement, le groupe texan Spoon n’est pas de ceux-là…


Il n’y a rien de très extravagant dans un show de Spoon. Pas de mise en scène, pas de costume, pas de projections de vidéoclips, rien de tout ça.

C’est à l’image de Spoon et de sa popularité ; personne n’est là pour un concept, on y va pour les chansons, les guitares acérées, les mélodies ingénieusement arrangées, et le charisme et la voix singulière de Britt Daniel, l’un des deux seuls membres fondateurs encore à bord avec le batteur Jim Eno.

Et Dieu sait que Daniel en a créé, de la chanson de qualité, au cours des vingt dernières années. Contrairement à bien des groupes indie rock de leur envergure, le succès de Spoon n’a pas été catapulté par un quelconque hit, une chanson à succès sur la trame sonore d’une série télé ou une pub de téléphone cellulaire.

Il n’y a aucune chanson de Spoon que l’on attend plus qu’une autre, vraiment. La réputation de Spoon s’est plutôt construite au fil du temps, à force d’albums de qualité où la moitié des chansons deviennent cultes pour diverses raisons. Certains diront que l’apogée de leur carrière a été atteinte en 2005 avec Gimme Fiction, sans doute le meilleur disque du groupe, mais il n’en demeure pas moins que les albums qui ont suivi ont rappelé la pertinence du groupe au lieu de faire pâlir leur étoile.

Ça crée une atmosphère particulièrement sereine et une écoute attentive en spectacle. Contrairement à bien des shows où l’on entend 1/3 des spectateurs jaser de leur week-end, le respect de l’oeuvre des artistes est de mise ici. Et Britt Daniel a beau chanter I Turn My Camera On, on n’a vu personne sortir son cellulaire pour filmer une chanson du spectacle sur le parterre. Juste ça, ça fait du bien.

C’est donc une foule en moyenne trentenaire, plutôt tranquille, passionnée limite geek, qui connaît la discographie complète du groupe, parce que, encore une fois, Spoon n’a pas vraiment raté un album en 9 tentatives.

Le public est donc réceptif, en pleine confiance et respectueux de l’artiste, et l’artiste le lui rend bien. Pour donner une idée, les 7 premières chansons provenaient de 5 albums différents, allant même jusqu’à déterrer Metal Detektor, vieil extrait de l’excellent A Series of Sneaks, paru en 1998.

Et ça s’enchaîne merveilleusement bien, sans jamais de temps morts. Certaines pièces sont même fusionnées, question de maintenir le momentum. Au final, on aura eu droit à une quinzaine de chansons en une heure, avant le rappel. Pas le temps de niaiser.  Tous les albums du groupe ont été abordés, à part le premier (et obscur), Telephono (1996)

Au rappel, Britt Daniel a proposé I Summon You en solo à la guitare électrique, avant d’inviter la bande pour conclure avec Pink UpGot Nuffin et Rent I Pay, toutes trois plus explosives sur scène que sur disque.

Un bon spectacle, assez classique, mais taillé sur mesure pour les fans qui les suivent depuis quinze ou vingt ans.

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Première partie : The New Pornographers

Spoon avait droit à une première partie de luxe, avec le groupe canadien The New Pornographers.

Très bon choix d’ailleurs. Les parallèles entre ces deux groupes sont nombreux. Les deux ont évolué à peu près à la même époque, et ont connu un certain succès dans la sphère indie pop, motivé par la qualité constante de ses albums. On dénote surtout la pertinence des disques Mass Romantic (en 2000) et Twin Cinema (en 2005), mais tout comme pour Spoon, The New Pornographers n’ont jamais offert d’album vraiment en-deçà des attentes.

Le leader Carl Newman (ou A.C. Newman pour ceux qui connaissent son projet solo) mène la bande de Britanno-Colombiens, qui comptait dans ses rangs Neko Case et Dan Bejar (alias Destroyer), tous deux malheureusement absents du projet pour la présente tournée. On s’ennuie un peu d’eux, mais les musiciens présents remplissent tant bien que mal ces postes vacants.

L’ambiance était plutôt morne en début de prestation, en grande partie à cause que les fans n’étaient pas encore arrivés à 20h et que la foule était donc plutôt éparse, mais ça s’est grandement amélioré au fil des 45 minutes qu’a duré la prestation.

Disons que The New Pornographers ont connu de meilleures années, mais avec leur nouvel album Whiteout Conditions, paru en avril dernier, on sent un nouveau souffle qui fait du bien.

On apprenait d’ailleurs ce matin que The New Pornographers allaient être de retour à Montréal le 13 octobre 2017 pour un concert en tête d’affiche au Théâtre Corona. Billets par ici.

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Grille de chansons (Spoon)

  1. Hot Thoughts
  2. Inside Out
  3. I Turn My Camera On
  4. Metal Detektor
  5. Can I Sit Next To You
  6. Stay Don’t Go
  7. Don’t You Evah
  8. Do You
  9. I Ain’t the One
  10. Do I Have to Talk You Into It
  11. Anything You Want
  12. My Mathematical Mind
  13. Don’t Make Me a Target
  14. The Underdog
  15. Rainy Taxi

    Rappel

  16. I Summon You
  17. Pink Up
  18. Got Nuffin
  19. Rent I Pay

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