Tim Hecker

Soirée d’ouverture du festival MUTEK 2023 | Sombre, vibrant et fascinant

Pour sa 24ième édition et pour la toute première fois de l’histoire du festival MUTEK, un événement a eu lieu au New City Gas, endroit au look industriel plutôt emblématique de la scène électro plus commerciale. Hier soir, c’est dans une ambiance expérimentale, mystérieuse, sombre et planante que Tim Hecker et Grand River ont rassemblé une foule respectable pour débuter les festivités de MUTEK.

Tim Hecker et Vincent de Belleval : Recherché et intense

Vers 22:25, un énorme nuage de fumée a envahi la scène. Peu après, une fois que l’air de la salle ait été bien saturé de fumée, Tim Hecker s’est installé et s’est mis à l’oeuvre sur sa console. À l’autre extrémité de la scène, Fumiya Otonashi était assis, son shō japonais (orgue à bouche) entre les mains.

Restant dans le noir quasi total pendant de longues minutes, Hecker envoûtait tranquillement l’audience avec ses drones planants. Ensuite, le mince écran LED qui se situait derrière lui s’est allumé d’une ligne bleue. Suivant l’augmentation d’intensité de la musique, la bande bleue s’est faite de plus en plus large avant de laisser place à des ondes oscillantes qui s’agitaient de plus en plus vigoureusement.

* Photo par Bruno Aiello-Destombes.

Cet écran LED agissait comme seule source lumineuse tout au long de la performance de Hecker. Cette création visuelle spécifiquement conçue pour ce spectacle était signée Vincent de Bellevale, artiste suédo-canadien.

 

* Photo par Bruno Aiello-Destombes.

Tout au long du spectacle, l’intensité a semblé monter constamment. Plus les couches sonores s’ajoutaient, plus la tension augmentait. La bande LED suivait la musique, plongeant la salle dans une variété limitée de tons colorés. Initialement bleues, les lumières ont progressivement évolué vers le rouge profond.

Indéniablement, un élément central du spectacle était la qualité sonore. Le système de son crachait généreusement des quantités impressionnantes de décibel. Le son était fort, les aigus raisonnaient dans la tête alors que les basses traversaient le corps avec une brutalité hors du commun. L’expérience sensorielle qu’était le spectacle de Tim Hecker est probablement ce qui marquera plusieurs des spectateurs.

Grand River – Contrasté, surprenant et animé

À 21h, le New City Gas est encore bien calme, mais les lumières se sont tamisées et le spectacle a commencé. Le début de la performance de l’artiste Grand River s’est fait en toute délicatesse. Elle s’est tranquillement installée sur scène alors que quelques notes sans trop de direction se faisaient entendre. Il lui aura fallu environ 10 minutes avant qu’un rythme surprenant vienne faire décoller sa performance.

* Photo par Bruno Aiello-Destombes.

Rapidement, la synchronisation entre le son et la lumière fascine. Les mouvements des éclairages sont précis et accompagnent la musique à merveille. Chaque pièce musicale est accompagnée de son tableau lumineux. Des lasers sont placés directement derrière l’artiste, la plongeant dans un faisceau lumineux créant des jeux d’ombres très intéressants. Au dessus de sa tête, un petit miroir motorisé tourne et vient refléter la lumière, balayant la foule tantôt doucement, tantôt plus agressivement. Le spectacle était beau et complexe.

* Photo par Bruno Aiello-Destombes.

La musique de Grand River est contrastée : elle débute souvent dans la douceur et l’errance, mais progresse souvent vers quelque chose de beaucoup plus saisissant. À plusieurs reprises, les niveaux d’intensité et de tension que l’artiste parvient à créer sont telles que les basses viennent altérer le rythme cardiaque ; on se laisse prendre au jeu, on n’a d’autre choix que d’embarquer dans son univers fascinant.

Une heure plus tard, sa performance s’est terminée. La foule a applaudi poliment et chaleureusement. Avant que Hecker monte sur scène, plusieurs semblaient se laisser un moment pour absorber ce que l’artiste italo-néerlandaise venait de présenter.

 

Stratosphère 1 – Films immersifs mettant en vedette la puissance de la nature

Plus tôt dans la soirée, la stratosphère de la SAT à accueilli une centaine de curieux. Dans le dôme, deux films immersifs étaient projetés.

Le premier, Metaract, invitait le spectateur dans un monde majoritairement organique. Des visuels de fumée, d’eau, de particules de poussière, de branches et de glace étaient entrecoupés de quelques moments où le numérique prenait le dessus. Ces moments étaient marqués par une transition sonore et un changement de rythme.

Lorsque les particules numériques s’animaient, le rythme s’accélérait et le contraste rendait le tout captivant. Cependant, la nature n’était jamais bien loin et finissait toujours par reprendre le dessus. Cette oeuvre était une collaboration entre la VJ Manami Sakamoto et l’artiste de musique électronique Yuri Urano, toutes deux japonaises.

* Photo par Ash KG.

Tout de suite après, ne laissant pas le temps aux spectateurs de se lever de leur bean bag, un deuxième film débutait : Iwakura. Les créateurs de ce film étaient le musicien japonais Kazuya Nagaya, l’artiste turque Ali Mahmut Demirel et le producteur canadien Maurice Jones.

Dans ce film, les minéraux et la subtilité de leur texture étaient brillamment mis de l’avant. Au début, de gros plans de parois rocailleuses sont balayées par la lumière. Plus tard, les parois ont laissé place à ce qui semblait être des créatures minérales. Des formes circulaires partaient du centre du dôme et engloutissaient les spectateurs. Les effets des roches kaléidoscopiques étaient drôlement réussies et leur donnaient l’air vivantes.

Une fois de plus, la grandeur et la force de la nature étaient mis de l’avant. On se sentait menacé par ces minéraux, leur forme imposante imposait le respect et l’admiration.

 

 

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