Smashing Pumpkins

Smashing Pumpkins au Centre Bell | Solide moment nostalgique malgré quelques écueils

En pleine saison des citrouilles, les Smashing Pumpkins étaient de retour à Montréal après quatre ans d’absence mercredi soir, devant environ 8300 spectateurs réunis. Grâce à un choix de chansons plutôt judicieux et un bon état d’esprit, la bande à Billy Corgan a réussi à sauver une soirée qui aurait très bien pu être décevante…

Il reste encore des traces de traumatisme de leur horrible passage à Osheaga en 2007. Avec un Corgan blasé comme seul membre original à bord, les Pumpkins nous avaient servi plusieurs (beaucoup trop de) chansons de leur épouvantable album Zeitgeist paru cette année-là. Le parterre du Parc Jean-Drapeau se vidait à vue d’oeil.

Or, ils s’étaient repris avec une prestation plutôt surprenante au Centre Bell cinq ans plus tard. Puis ils étaient revenus en 2018, cette fois avec les membres originaux James Iha (guitare) et Jimmy Chamberlain (batterie) de retour au bercail. C’était encore mieux.

Alors pourquoi y retourner en 2022?

Parce que sur papier, on nous promettait une tournée conjointe des Smashing Pumpkins (toujours avec trois des quatre membres originaux à bord) et Jane’s Addiction!

À ce qu’on sache, Jane’s Addiction avait joué à MusiquePlus (!) en 2003, et c’est possiblement leur seule performance à Montréal depuis 1990.

Heureusement, on a pu les voir au Bluesfest d’Ottawa en 2011, ainsi qu’au Rockfest de Montebello en 2016.  Mais ça demeure de la visite assez rare.

Mais voilà qu’une tuile nous tombe sur la tête : Perry Farrell se blesse et Jane’s Addiction doit se retirer des dates canadiennes de la tournée, à quelques jours d’avis.

Les Pumpkins se tournent vers une autre « tête d’affiche des années 1990 » qui peut remplacer au pied levé pour une série de spectacles au Canada : Our Lady Peace.

Si on était en 1996, ce serait parfait.

Mais en 2022, on le sait maintenant : le chanteur Raine Maida n’est plus en mesure d’atteindre plusieurs des notes importantes de ses refrains d’antan.

Alors bravo pour le courage de prendre le mandat à si courte échéance, mais pour les fans de Jane’s Addiction, c’est toute une débarque !

Maida rate considérablement Superman’s Dead, change complètement la mélodie du refrain de One Man Army pour pouvoir la chanter adéquatement (mais en retire conséquemment une grande partie de son intensité), et conclut la performance avec une version complètement massacrée de Starseed. Pas besoin d’avoir l’oreille absolue pour se rendre compte que la plupart des versions karaoké font mieux le travail que ce qui nous a été présenté au Centre Bell.

La foule, plutôt clémente et ouverte, n’a pas semblé en faire de cas, étant donné l’esprit de nostalgie qui régnait dans l’amphithéâtre. En ce qui nous concerne, c’était tout de même une amère déception…

Le groupe a fait du mieux qu’il pouvait pour sauver les meubles en se montrant très humble. « Be gentle », souligne Raine Maida en admettant que remplacer Jane’s Addiction était impossible. Il a d’ailleurs partagé une chouette anecdote au sujet d’un show de Jane’s dans un petit bar torontois auquel il a assisté dans les années 1980, avant d’interpréter Mountain Song, très bonne chanson du vieux répertoire du groupe californien. Une version somme toute assez réussie d’ailleurs. Probablement le meilleur moment de leur spectacle.

Et au moins, Maida nous a évité son charabia de tech bro, contrairement à lors de son passage en juin dans le cadre d’un concert-concept boiteux…

Corgan, malade mais en bonne posture

Et les Pumpkins dans tout ça ?  Eux, ils ont été à la hauteur.

Parlant de hauteur, Billy Corgan, lui, il les atteint encore les notes de ses chansons. Sa voix demeure plutôt intacte, même si… on le sentait plus ou moins en forme physiquement. D’ailleurs, quelqu’un assis vraiment près de la scène nous a confié avoir constaté que le chanteur sortait souvent de scène pour se moucher et se gargariser. Ceci explique peut-être cela.

Mais pour toutes les sautes d’humeur qu’on lui connaît au fil des ans, Corgan est visiblement dans un meilleur état d’esprit que jadis, et ça se transposait dans la qualité de la performance du groupe.

De bien bonne humeur sans être une bête de scène, Corgan menait adéquatement la bande. Et musicalement, ça tenait le coup !  Il faut dire que ça démarre sur les chapeaux de roue avec Quiet, Empires, Bullet With Butterfly Wings et Today ; les guitares rugissantes et le jeu de batterie de Chamberlain ne laissent aucune chance à la morosité !

Le groupe intègre plutôt bien les quelques (rares) chansons récentes comme CYR, Solara (excellent solo de batterie, ici) et Beguilded. 

Les Smashing Pumpkins ont maintes fois démontré par le passé qu’ils ont le tour avec les reprises étonnantes (ici, ici et ici pour quelques exemples), et ils n’ont pas fait exception à la règle avec une version délirante de Once in a Lifetime des Talking Heads.

Un moment magique survient au milieu du spectacle, alors que James Iha et Billy Corgan interprètent en duo, aux guitares acoustiques, une magnifique version de Tonight, Tonight après une petite jasette sympathique qui laisse entendre que la camaraderie est bel et bien revenue entre les deux membres fondateurs.

Mais le clou de la soirée sera le segment Cherub Rock, Zero et 1979 qui ont soulevé le Centre Bell.

La finale approchait, et selon les notes dont nous disposions, le groupe devait terminer avec deux nouvelles chansons, Neophyte et Harmageddon, ainsi que le gros succès Disarm… mais les Pumpkins ont finalement coupé ça court en saluant le public après Silverfuck sans revenir pour un rappel.

Très étonnante finale abrupte, mais on se doute que Billy Corgan n’avait plus l’énergie pour poursuivre, si les « rapports médicaux amateurs » cités ci-haut s’avèrent véridiques.

C’était, somme toute, une prestation généreuse et bien dosée de près de deux heures. Un peu moins convaincante qu’en 2018, mais dans les circonstances, on le prend volontiers.

POPPY

On s’en voudrait de ne pas souligner la très surprenante prestation de Poppy en ouverture de la soirée.

Youtubeuse et jadis chanteuse pop bonbon, Moriah Rose Pereira (de son vrai nom) a fait un étonnant virage emo-punk-métal ces dernières années, un peu à la Halsey mais en plus musclé et grinçant, et ça tient la route !

Sa prestance scénique rappelle un peu le petit jeu enfantin-détraqué d’une Alexa Bliss (pour les adeptes de lutte), avec sa toute petite voix lorsqu’elle s’adresse à la foule, qui fait ressortir la brutalité de ses cris lors de chansons comme Pocket et HER.

On a particulièrement apprécié la chanson BLOODMONEY, qui était d’ailleurs en nomination pour le Grammy Award de la meilleure performance métal en 2021, faisant d’elle la première (et actuellement la seule) artiste féminine à être nommée dans une catégorie métal. Quand même !

Sa récente chanson F.Y.B. (pour Fuck You Back) est carrément punk et savoureuse.

On se demandait bien, sur papier, ce qu’elle faisait là en première partie de ces deux groupes, mais on a tôt fait de comprendre : excellente découverte !

 

Grilles de chansons

Smashing Pumpkins

Quiet
Empires
Bullet With Butterfly Wings
Today
We Only Come Out at Night
Cyr
Once in a Lifetime (reprise des Talking Heads)
Solara
Eye
Ava Adore
Tonight, Tonight (acoustique)
Stand Inside Your Love
I of the Mourning
Cherub Rock
Zero
1979
Beguiled
Silverfuck

 

Our Lady Peace

The Message
Superman’s Dead
Innocent
Mountain Song (reprise de Jane’s Addiction)
One Man Army
Wish You Well
Drop Me in the Water
Somewhere Out There
Clumsy
4am
Starseed


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OUR LADY PEACE

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