Sextile au Théâtre Fairmount | Une énergie qui met le parquet à rude épreuve

À Montréal ce mardi, le duo post-punk américain Sextile a métamorphosé la salle du Théâtre Fairmount en une boîte de nuit aux allures punk. Le groupe, composé de Melissa Scaduto et Brady Keehn, est parvenu à faire sauter la salle entière vers son univers électro aux accents gothiques.

Scaduto et Keehn, qui s’échangent tour à tour le micro, la guitare et la table de mixage, ont mis en valeur une majorité de chansons issues de leur dernier album, yes, please. Ce projet, paru en mai dernier, tend vers un son plus électro, dynamique et poli que ses albums prépandémiques.

Toutefois, malgré ces fortes influences électros et industrielles, l’aspect punk de Sextile ressort décidément à travers leur performance. Des prestations vocales des deux artistes se dégagent par moments une nonchalance et un cool inébranlables, par d’autres des émotions viscérales imprégnées de convictions personnelles.

Des drapeaux affichant les slogans « People above politics » et « No one is free until everyone is free ! » ont été brandis par Scaduto pour ouvrir et clore le spectacle, le tout devant un écran sur lequel des images de révolte et d’émeutes défilaient en boucle. Des riffs de guitare puissants, joués en alternance par les deux membres du duo, sont venus agrémenter la performance d’un aspect punk cette fois-ci plus musical qu’idéologique.

S pour survolté

Le public a manifestement répondu à l’énergie dégagée par Sextile, à un point tel que la chanteuse elle-même a glissé un commentaire s’inquiétant du plancher qui s’enfonçait au rythme des danseurs. Les chansons qui ont le plus fait bouger la foule ont été S is For et Women Respond to Bass. Ce dernier morceau, au titre parfaitement approprié pour cette soirée, est également celui que préfère Melissa Scaduto parmi les titres de leur album le plus récent, a-t-elle avoué.

Si Brady Keehn fut moins bavard que l’autre moitié de Sextile, sa présence sur scène et l’aura de mystère qu’il dégage savent tout autant captiver l’attention du public. Vers la fin du spectacle, il s’est joint à la foule pour un bref moment, avant de se lancer dans sa performance la plus vulnérable pour la dernière chanson, Lost Myself Again.

Cette conclusion au tempo plus lent fut l’une des seules occasions de la soirée pour reprendre son souffle à la suite de ces longues séquences au rythme frénétique. L’autre instant plus doux de la soirée a eu lieu lorsqu’Izzy Glaudini, qui assurait la première partie aux côtés de son groupe Automatic, a joint le duo sur scène pour interpréter Crash, chanson à laquelle elle participe sur l’album Push.

Post-punk au féminin

Le groupe Automatic, composé d’Izzy Glaudini (synthétiseur et voix), Halle Saxon (basse) et Lola Dompé (batterie et voix), participe à cette tournée au moment où leur prochain album s’apprête à sortir ce vendredi 26 septembre. Le groupe post-punk féminin possède un son nettement moins électro, dont les morceaux sont plutôt marqués par la batterie percutante et une performance hypnotique de Saxon à la basse.

Si les membres d’Automatic ont assuré une solide performance, celles-ci semblaient hésitantes devant certaines chansons issues du nouvel album, Lola Dompé abandonnant même la dernière chanson à la suite de difficultés techniques. « Je n’ai plus aucune idée de ce qui se passe », a avoué Izzy Glaudini. « Mais, c’est OK, car les Canadiens sont vraiment gentils », a-t-elle plaisanté en constatant l’ambiance plutôt chaotique.

Avant qu’Automatic gagne la scène, la Montréalaise Laura Krieg a livré une prestation de style post-punk également, mais aux influences brutalistes et new wave considérablement plus présentes. Son dernier album, Crépuscule, est paru en avril dernier et elle débutera bientôt une tournée en Allemagne, un pays où sa musique s’adaptera à merveille.