Saison 2018-2019 du Théâtre Espace Libre | 13 spectacles dont 9 créations ambitieuses
Geoffrey Gaquère, le directeur artistique d’Espace Libre, a l’habitude de voir son nom massacré par toutes sortes de dérivés. Mais il en rit de bon coeur, comme ce fut le cas à l’annonce de la programmation 2018-19 de l’ancienne caserne de pompiers du quartier Centre-Sud. Et il n’a pas peur du chiffre 13 non plus, ayant programmé pour la prochaine saison 13 spectacles, dont 9 seront des créations.
Berceau des énormes artistes que sont Jean-Pierre Ronfard et Robert Gravel avec le Nouveau Théâtre Expérimental, Gilles Maheu avec Carbone 14 dont chaque spectacle créait l’événement, et de Jean Asselin avec Omnibus ayant réinventé l’art du mime, Espace Libre aura été le précurseur le plus déterminant du théâtre multidisciplinaire et d’avant-garde à Montréal.
Geoffrey Gaquère a commencé sa présentation en annonçant une nouvelle dont on ne sait si elle est bonne ou mauvaise, soit le départ après 40 ans de la compagnie Omnibus, chère également à Denise Boulanger, Sylvie Moreau et Réal Bossé. À la place, Espace Libre abritera en résidence la compagnie Joe Jack et John que dirigent Catherine Bourgeois et Pénélope Bourque depuis sa fondation en 2003. Du théâtre qui emprunte allègrement aux vocabulaires des arts visuels et de la danse.
Grande variété de thèmes
L’enfance, la spiritualité, les peuples du Grand Nord, la vie dans les CHSLD, la saga de la tour de Radio-Canada, le transhumanisme, la présence du politique dans la sphère privée, voilà autant de thèmes dont sera faite la saison prochaine, explorant en gros la notion et l’exercice du pouvoir sous ses multiples formes.
C’est Pôle Sud : Documentaires scéniques qui ouvrira la saison avec le couple Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier. Du théâtre documentaire dans une narration cinématographique où seront mis en scène huit anonymes du quartier Centre-Sud dont la trajectoire de vie concerne entre autres une ex-effeuilleuse, un sculpteur-soudeur et une ancienne toxicomane.
Comme quoi rien ne fait peur à la direction de ce théâtre qui en a vu d’autres, suivra à l’automne une curiosité ayant pour titre KINK. Eux-mêmes adeptes de BDSM (bondage, domination, sadisme, masochisme), Frédéric Sasseville-Painchaud et Pascale St-Onge sont à l’écriture, la mise en scène et l’interprétation de cette performance qui s’avère à la fois subversive et poétique.
Théâtre + Impro
Le Théâtre de la Ligue Nationale d’Improvisation présentera ensuite « La LNI s’attaque au cinéma ». Après avoir exploré et doucement maltraité les classiques au théâtre, le duo François-Étienne Paré et Étienne St-Laurent s’emparent en cinq trios d’improvisateurs de dix grands noms du cinéma, de Tarantino à Hitchcock, en passant par Dolan, Almodovar aussi bien que Léa Pool.
Spectacle de quartier d’Espace Libre en coproduction avec le Nouveau Théâtre Expérimental, il n’est pas surprenant de voir revenir Camillien Houde, « le p’tit gars de Sainte-Marie ». Élu et réélu maire de Montréal à six reprises entre 1928 et 1954, malgré son penchant notoire pour la dive bouteille, le magistrat a inspiré ce texte d’Alexis Martin, mis en scène par Daniel Brière et Geoffrey Gaquère, réunissant 20 citoyens du quartier au solide noyau des comédiens Josée Deschênes, Pierre Lebeau, Jacques L’Heureux, Didier Lucien, Dominique Pétin et Evelyne Rompré.
Photo par Gabrielle Desmarchais
Autre curiosité, Je ne te savais pas poète, adaptation et mise en scène d’André-Luc Tessier à partir des échanges épistolaires enflammés de Pauline Julien et Gérald Godin, sur une période de 30 ans. Laury Huard et Rose-Anne Déry incarneront le couple mythique, dans leur intimité comme dans leur engagement social réciproque.
Photo par Gabrielle Desmarchais
Janvier 2019 se verra entamé par Mauvais goût, une réflexion sur la mort, la perversion et la transgression par Stéphane Crête au texte, mise en scène par Didier Lucien qui jouera avec Sylvie Moreau et Marie-Hélène Thibault dans une distribution de neuf comédiens.
Suivront parmi d’autres Post Humains et la science-fiction médicale, aboutissement de quatre années de travail de recherches de l’auteure Dominique Leclerc que mettra en scène Édith Patenaude, avec encore une fois Didier Lucien. Et ICI, de Gabrielle Lessard, sur le feuilleton de la tour de Radio-Canada et ses 1 000 places de stationnement ayant rasé une partie du Faubourg à m’lasse.
Il faudra surveiller aussi en mars l’invitation lancée pour une troisième année consécutive à la compagnie de Toronto Buddies in Bad Times Theatre. Kiinalik : These Sharp Tools exposera un intéressant questionnement sur les normes sexuelles et les différences culturelles entre le Nord et le Sud. La pièce sera jouée en anglais et en inuktitut, sur-titrée en français.
Enfin, il convient de souligner l’initiative très particulière du Théâtre Espace Libre envers ses voisins immédiats et les citoyens du Centre-Sud. Le prochain et quatrième « spectacle de quartier » sera HOME DÉPÔT : un musée du périssable, explorant comme milieu de vie autant que mouroir les CHSLD du quartier.
Des ateliers de théâtre, dont le suivant s’intitulera Racine(s), sont même offerts aux immigrants du secteur. Et un Comité spectateurs, marrainé par la comédienne Ève Landry que tous connaissent pour être renversante de réalisme dans Unité 9 à la télé, est constitué de 15 résidents des alentours du théâtre de la rue Fullum. Même que, si votre code postal commence par H2K, vous pouvez à loisir profiter du « tarif voisin » à Espace Libre.
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