crédit photo: Maude Bond
Saints Martyrs

Saints Martyrs, SCARE et Guhn Twei au Centre Hub Créatif | Brasse camarade infernal

Le spectacle du 25 juillet à Québec marquait le début de la mini-tournée de trois dates Guhn Twei, SCARE et Saints Martyrs. Les trois groupes s’arrêteront également au pub La Sainte Paix à Drummondville et aux Foufounes Électriques à Montréal. Ils nous promettent un spectacle qui va brasser, question de nettoyer l’air vicié. Le tout se passait au Centre Hub Créatif, nouvelle salle sur la côte d’Abraham à l’atmosphère intime d’un salon.

Il y a un moment que les trois groupes souhaitent jouer ensemble. « Guhn Twei et SCARE voulaient jouer ensemble, ça a adonné que les Saints Martyrs aussi avaient sollicité Guhn Twei pour organiser des spectacles. On a donc joint nos forces pour une mini-tournée », explique en entretien Phillip Roy, vocaliste de SCARE. « En plus, SCARE était supposé jouer avec les Saints Martyrs aux Nuits Psychédéliques de Québec avant la pandémie, mais ça a malheureusement été annulé », continue-t-il.

Saints Martyrs

Les Saints Martyrs, c’est un groupe art punk à l’imagerie de la messe satanique.  Comme le groupe le dit, « Le Christ est dans le bruit, hallelujah! ». Ils sont connus pour leurs mises en scène cauchemardesques provoquant des remous depuis la sortie de plus récent album Mythologie de dernier recours. Loin d’être un groupe grand public, ils revendiquent une position marginale, remettant en question les normes et testant les limites, quitte à s’aliéner les moins tolérants.

C’est sous une lampe à l’éclairage rouge comme l’enfer que l’on retrouve le chanteur Mathieu Bédard, surnommé le « Frère foutre ». « Je vous souhaite un agréable vol malgré les turbulences », dit-il avant de commencer le spectacle. Lui et Sébastien Delorme, alias Souffrance, se mêlent à la foule et mettent le chaos dans la place. Malgré que Souffrance ait exprimé ne plus vouloir pousser les gens des mosh pits, on souhaite encore cette envie ce soir. Le public averti des Saints Martyrs s’attend à tout, même le pire!

Mention spéciale à la présence de Rox Arcand, vocaliste d’Enfants Sauvages. Dans l’obscurité de la salle, elle est venue ajouter sa touche unique pour la chanson Chien de garde, qui a un groove punk inégalé.

Le cuir et les chaînes étaient au rendez-vous. Frère Foutre se départit de sa soutane noire et dévoile un déshabillé en filet et en cuir. Il se jette au sol dans la plus grande vulnérabilité. Des costumes extravagants peuvent être remarqués tout au long du spectacle, notamment divers masques comme celui de médecin de la peste porté par le claviériste.

Plongé dans le noir total, on ne distingue plus que des ombres. C’est à ce moment que le chanteur sort une lampe de poche pour créer une atmosphère glauque et paranormale. Le public se prête au jeu de cette messe infernale. Certains se mettent à genoux devant Frère Foutre pour être repentis de leurs péchés.

Les membres du groupe quittent en rampant sans dire bonsoir. On s’en va en se demandant ce qu’on vient de vivre. C’était comme un cauchemar, malgré que l’on était bien éveillé.

SCARE

SCARE, c’est de « la musique fâchée pour gens anxieux » comme le band se décrit. Cet état d’esprit habite SCARE, groupe hardcore basé à Québec qui brasse la cage de toutes les salles qu’il foule depuis une dizaine d’années. Depuis ses débuts, il façonne son métal hardcore infusé de crust-punk en marge des grands circuits, intensifiant son style.

Ce concert offre l’occasion de découvrir les nouveaux membres du groupe : Jonathan John à la basse (Mid Divers, Baboune, Flesh Cuffs) et Xavier Laplante à la batterie (Solipsisme). En effet, les fans de longue date ont pu remarquer le changement de lineup : l’ancien batteur François Nicolas Fortin s’est concentré davantage sur sa vie personnelle, tandis que le bassiste Nate se concentre actuellement sur ses autres projets death metal. Mais il n’est pas bien loin du groupe. Il était là ce soir, et est même venu crier dans le micro à son tour. « SCARE, c’est une vibe avant tout », d’après Philip Roy.

Le cœur du groupe, Philip Roy alias « Phil No Fun » (Apes) et Gabrielle Noël-Bégin (Margaret Tracteur, Taxi Girls) était au rendez-vous ce soir, et c’est toujours un plaisir de les voir jouer. Fidèle à ses habitudes, Phil No Fun se mêle à foule et vient nous crier toute sa rage la plus profonde afin qu’il n’en reste plus. Il se transforme en un véritable Hulk et monte sur tout ce qui est en hauteur. Ce soir, c’était sur la table du bar du Centre Hub Créatif. La foule était en délire et les gens qui la composent étaient clairement venus lâcher leur fou avec SCARE. Le mosh pit brassait pas mal!

Le groupe a joué de multiples nouvelles chansons ce soir, toutes les plus efficaces les unes que les autres. Cela augure un nouvel album à venir. « D’ici 2024-2025, il y aura un album studio de SCARE qui devrait sortir. Il y aura 13 nouvelles chansons », me confie Philip Roy. Le dernier album Congratulations on your Death date déjà de 2021. Les fans attendent avec impatience.

Phil No Fun avait exprimé une certaine appréhension par rapport à la présente tournée. « Je suis content du spectacle d’hier. J’avais une certaine crainte, car ça faisait un long moment que SCARE n’était pas monté sur scène », explique-t-il. Il voulait voir si ça valait encore la peine de continuer avec SCARE, mais finalement, il a été satisfait de la soirée.

Guhn Twei

Guhn Twei est un groupe métal hardcore de Rouyn-Noranda connu pour être contestataire contaminé aux métaux lourds. Après avoir fait sensation avec son premier album, Glencorruption, Guhn Twei continue de dénoncer la multinationale et ses complices avec la suite de ce manifeste enflammé. Le groupe lançait son album Capitale de l’arsenic ce soir à l’occasion du spectacle. Il continuera à tourner de son côté pour un total de neuf dates partout au Québec. Avec ce nouvel album, il frappe aussi fort, sinon plus, tant par ses paroles que par sa musique, réaffirmant sans ambiguïté sa liberté d’expression sans compromis.

Le groupe nous lance des rythmes grindcore qui démolissent tout ce qui n’est pas solide. Surtout les riffs de la guitariste, qui sont à se jeter par terre. Les paroles des chansons sont bien pensées. Elles sont faites pour pousser les réflexions plus loin et déranger le statu quo.

Simon Turcotte, bassiste et vocaliste, nous dit : « Ça fait du bien de voir autant de monde. Surtout pour venir voir un band cancellé dans sa propre ville pour avoir parlé contre la fonderie qui tue tout le monde. En plus que le chanteur de ce groupe a eu cinq tumeurs et en a perdu sa jambe. » Le message est percutant! De plus, c’est impressionnant de le voir jouer et d’admirer sa détermination. J’espère bien que Guhn Twei va continuer de chambarder le silence qui peut être plus violent que les guitares qui détonnent.

La tournée visitera également Drummondville le 26 juillet et Montréal le 27 juillet. Pour des billets pour le spectacle aux Foufounes Électriques, c’est par ici.

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