crédit photo: Luna Choquette-Loranger
Saint Levant

Saint Levant au MTelus | La fête et l’engagement

Au MTelus hier soir, des keffiehs partout, dans le public et sur la scène. La Palestine était en effet à l’honneur avec le concert très attendu de Saint Levant, qui a mis une ambiance de feu en ce dimanche soir enneigé.

La date d’hier soir affichait complet depuis longtemps. Saint Levant – de son vrai nom Marwan Abdelhamid – fait en effet sensation partout où il passe, comme à Coachella plus tôt cette année. En première partie, une ancienne gagnante de The Voice Israël, Lina Makoul, a donné le ton politiquement engagé de la soirée très rapidement : « Je suis venue vous voir ce soir depuis la Palestine occupée. » Avec sa voix puissante, elle a notamment repris la chanson Hallelujah en y intégrant des couplets chantés en arabe, dans un beau clin d’œil à l’icône montréalaise Leonard Cohen, doublé d’un moment de communion pour la paix.

Lorsqu’elle quitte la scène, la foule se met à scander « Marwan! Marwan! » pour faire apparaître la star de la soirée, qui ne se fait pas prier. Vêtu d’un t-shirt blanc « From Gaza with love » (du nom de son premier EP en 2023) qui met en valeur sa musculature parfaite, le jeune homme de 24 ans se met à chanter, poing en l’air, tandis que ses danseurs et certains de ses musiciens sont vêtus de faux gilets pare-balles. Car, outre ses chansons très bien produites, Saint Levant est en effet connu pour ses positions anti-colonialistes et pro-Palestine, où il a vécu jusqu’à l’âge de 7 ans. Né d’une mère franco-algérienne et d’un père serbo-palestinien (les drapeaux algérien et palestinien feront d’ailleurs leur apparition sur scène avec des spots lumineux rappelant leurs couleurs vert-rouge-blanc), sa musique et ses paroles sont nourries de toutes ces influences, de toutes ces langues et des endroits où il a vécu : la Palestine donc, mais aussi la Jordanie et les États-Unis, où il réside encore.

Il offre donc un show et une musique où se mêlent rythmes et instruments modernes avec certains plus traditionnels, où des danseurs de dabkeh sont présents – une danse traditionnelle parfois utilisée comme symbole de protestation. Il joue du saxophone et laisse son guitariste venir chanter un solo de reggae, une autre forme de musique protestataire. En bref, tout est clairement réfléchi, mais l’énergie et la spontanéité ne font pas non plus défaut. Il est aussi frappant de constater que, quelle que soit la langue dans laquelle il chante – il mixe allègrement arabe, français et anglais –, il y a toujours une partie du public qui connaît les paroles par cœur, voire même, pour la majorité, parle les trois langues comme lui.

Les seuls regrets seront la durée de sa performance – une heure –, liée au fait qu’il n’a sorti jusqu’ici qu’un EP et un album, ainsi que le son de son micro parfois trop bas comparé à ceux de ses musiciens. Mais outre ceci, ce fut un vrai triomphe. De la fosse du MTelus, il était parfois impossible de distinguer la scène tellement les mains en l’air du public couvraient la vue. Chanter en trois langues, danser comme si personne ne devait se lever pour aller travailler le lendemain et crier à tue-tête pour la libération de la Palestine : tout un programme estampillé Saint Levant.

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