Roméo et Juliette (Les Grands Ballets)

Roméo et Juliette au TNM | Shakespeare revisité

Encore une fois fort attendue, la co-production TNM/Juste pour rire cette année met en vedette un grand classique du répertoire de Shakespeare, soit Roméo et Juliette. Remise au goût du jour par l’unique Serge Denoncourt, qui signe depuis déjà quelques années la mise en scène de la production théâtrale estivale du festival Juste pour rire, la pièce iconique rassemble deux jeunes acteurs talentueux, soit Marianne Fortier et Philippe Thibault-Denis.

Deux acteurs talentueux dont la complicité n’est pas des plus palpables tout au long de la pièce. Fortier, manque parfois de conviction dans le rôle de Juliette, qui elle, manque de personnalité. Quant à Thibault-Denis, il semble que les rôles plus fougueux lui siéent davantage que celui d’un jeune Roméo dépressif et désespérément amoureux. La célèbre scène du balcon est par contre la plus réussie. Le texte lourd et poétique de l’auteur anglais y devient plus léger, brillamment mis en scène avec une touche bien placée d’humour, et candidement interprété par le duo de protagonistes. On aurait aimé que leur jeu soit aussi soutenu tout au long de la soirée.

Ceci dit, le couple est bien accompagné sur scène. La troupe est talentueuse et on remarque particulièrement les performances de Debbie Lynch-White et Benoit McGinnis. Dans le rôle de la nourrice, Lynch-White est tout à fait marrante. Impossible de ne pas joindre son rire au sien lors de sa première apparition ou de sentir toute sa douleur à la découverte du corps inerte de sa maîtresse. Sa polyvalence est remarquable.

Tout comme McGinnis, dont la réputation n’est plus à faire. Encore une fois, il brille, pas seulement par son costume flamboyant (tiré de La Dame aux camélias, on y reviendra), mais par son intensité. Intensité qui sert bien son rôle de Mercutio, ami proche de Roméo, amoureux des mots et passionné. Son délire pré-bal est tout simplement bouleversant.

Une remise en contexte pas si frappante

On ne sent pas particulièrement que la pièce est placée dans un contexte socio-historique de guerre, comme annoncé, plus précisément dans une Vérone des années 30. Bien sûr, la dichotomie entre l’amour et la guerre est le coeur même de l’histoire, mais elle est davantage liée à la rivalité inébranlable qui règne entre les Capulet et les Montaigu. On sent l’actualisation dans la modernité et la légèreté des costumes à tout le moins. Costumes qui devaient originalement être conçus par feu François Barbeau et à qui l’ont rend hommage lors de la scène-clé du bal des Capulet. Dix-sept personnages portent des costumes issus de précédentes productions du TNM, du Théâtre du Rideau Vert et du Théâtre Jean-Duceppe, pour honorer la mémoire de ce grand concepteur. Une belle idée, franchement bien orchestrée.

L’aspect humoristique quant à lui, frappe. Des blagues triviales introduisent l’oeuvre et on en rit de bon coeur. Tout au long de la pièce, des expressions, interprétations, mimiques ou autres clins d’oeil nous font rire. Ce qui est inattendu pour une tragédie, mais qui contribue à rendre le tout plus accessible. Juste pour rire est derrière la production, après tout.

Roméo et Juliette est sans aucun doute un classique, un incontournable du théâtre, une histoire d’amour racontée des milliers de fois et cette version ne sera peut-être pas la plus marquante. Mais elle saura certainement donner envie de plonger dans le tourbillon passionnel de l’amour.

 

Vos commentaires