Requiem des Grands Ballets à la Place des Arts | Prouesse en deux temps
Les Grands Ballets présentent cette semaine Requiem, leur tout premier spectacle de l’année 2023. Mêlant un ballet bien classique à des codes plus contemporains, le spectacle s’est ouvert sur Jeunehomme, une pièce chorégraphique d’Uwe Scholz, suivi de la pièce de résistance, Requiem, chorégraphiée par Andrew Skeels.
Avant de lancer le tout, Ivan Cavallari, directeur artistique des Grands Ballets, a tenu à présenter chacun des danseurs de la compagnie au public, en plus de remercier le danseur Jean-Sébastien Couture qui prendra sa retraite après cette série de spectacles. Les danseurs se sont donc tous présentés, un à un, micro à la main, en plus de faire part de leur pays d’origine. C’était un moment bien particulier et une première (pour ma part).
C’est sur les notes du concerto No. 9 de Mozart que la première pièce, Jeunehomme, a défilé. Cette chorégraphie de ballet sur pointes a été extrêmement bien exécutée par les danseurs. Le tout a débuté avec le solo de Roddy Doble (il est à noter que les danseurs ne sont pas les mêmes chaque soir), tout en contrôle et le sourire aux lèvres. L’assurance de ses mouvements et sa prestance scénique laissaient présager une bonne soirée.
Le grand pas de deux est certainement le moment fort de l’entièreté du spectacle. Rachele Buriassi et Esnel Ramos ont exécuté le tout avec une finesse et une émotion hors pair. Les lignes de Rachele Buriassi ainsi que l’adresse et l’expressivité de ses mains sont renversantes. Le temps semblait s’arrêter lorsque les deux danseurs tombaient dans les bras l’un de l’autre, devant se séparer violemment par la suite. Les portés étaient vertigineux et exécutés avec une précision telle que le spectateur n’avait à aucun moment peur d’assister à une chute.
Le petit pas de deux a été tout aussi marquant. Maude Sabourin et Raphaël Bouchard ont mis en valeur une portion chorégraphique plus courte, certes, mais tout aussi technique. Le contrôle des deux danseurs dans des pirouettes enchevêtrées était fort impressionnant. Il est également important de souligner la beauté des costumes des ballerines, mises en valeur par de magnifiques maillots noirs sans manches à l’aspect satiné.
Requiem
Après un entracte est venu le temps de Requiem. Le spectacle était chorégraphié autour des sept mouvements du Requiem allemand de Brahms, nous menant dans un registre un peu plus sombre que Jeunehomme. La scénographie était simple, mais impressionnante, avec une immense branche d’arbre perchée au-dessus de la scène et un éclairage rappelant la pleine lune. Les costumes rappelaient juste assez des morts-vivants pour que ce soit crédible, avec des vêtements déchirés par endroits et une boursouflure de tissus rappelant une colonne vertébrale saillante.
L’effet de groupe dans cette performance était épatant. Les 28 danseurs formaient des figures complexes, constamment en mouvement ainsi que beaucoup de réactions en chaîne très intéressantes visuellement. Une qualité de mouvement particulière a été utilisée tout au long du spectacle, jouant beaucoup avec les chutes, le poids et contpoids ainsi que beaucoup de contact avec le sol.
Les réactions en chaîne sont toutefois devenues extrêmement répétitives et créaient une redondance désagréable. De plus, il est important de mentionner que cette portion du spectacle était accompagnée de choristes. À la différence de spectacles comme Carmina Burana où ils étaient sur scène, leur place était malheureusement dans la fosse à orchestre. Il aurait été très intéressant de pouvoir assister à leurs prouesses vocales, surtout vu la répétitivité de la chorégraphie.
Au fil des mouvements de la pièce musicale, il y avait toutefois certains danseurs qui sortaient du lot pour faire des solos, duos ou trios. Ces moments étaient rafraîchissants et captivants pour certains.
Le duo entre Étienne Delorme et André Santos est un autre moment fort du spectacle. Une attention toute particulière était portée à la manière dont les bras des danseurs bougeaient, créant des enchevêtrements, des formes et des étreintes sculpturales. L’émotion mise dans cette partie de la chorégraphie était indéniable. Leur différence de grandeur entre les danseurs ajoutait également une dimension intéressante et permettait des portées ainsi qu’un jeu sur différents niveaux pour les corps.
Au 7e mouvement, différents arrangements de groupe étaient faits et tout devenait soudainement rafraîchissant. Des petits groupes de danseurs étaient rassemblés et formaient des enchevêtrements destinés à porter une danseuse, ce qui créait une toute nouvelle dynamique de mouvements. La conclusion du spectacle était finement pensée et nous ramenait à l’émerveillement.
Requiem aura été éclipsé par Jeunehomme, par une confiance trop grande en un procédé particulier qui devient répétitif à la longue. L’agilité des danseurs et leur capacité à transmettre des émotions sans aucun mot restent toutefois indéniables.
Il reste encore quatre représentations : vendredi et samedi à 20h, ainsi que samedi et dimanche à 14h. Détails et billets par ici.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Les Grands Ballets, Requiem (Grands Ballets)
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Salle Wilfrid-Pelletier
- Catégorie(s)
- Ballet, Danse,
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