crédit photo: Sami Rixhon
P'tit Belliveau

P’tit Belliveau au Club Dix30 | Virée en banlieue

L’irremplaçable P’tit Belliveau sillonne depuis la fin du mois d’avril le Québec et les provinces maritimes pour présenter son troisième et plus récent opus, P’tit Belliveau. Les Montréalais devront prendre leur mal en patience avant d’apprécier l’Acadien à l’œuvre sur scène, puisqu’il ne se produira dans la métropole qu’en novembre prochain (en principe…). Alors puisque P’tit Belliveau ne vient pas à nous, pas de problème : c’est nous qui viendrons à lui! À Brossard, plus précisément. On voulait l’exclusivité.

Merci le REM, d’ailleurs, plus besoin de prendre le bus pour se rendre jusqu’à Brossard. C’est propre et éclairé, la vue du fleuve est superbe. Et c’est aéré, surtout, mon Dieu que c’est agréable en cette journée quasi caniculaire de mai.

En vingt minutes à peine, nous sommes déjà rendus à destination, au royaume de la surconsommation de banlieue : le quartier Dix30.

Le drapeau acadien planté à Brossard

Le parterre du Club Dix30 est garni d’environ 200 personnes. Sans être compact pour autant, on parvient à bouger les bras autour de soi. On note une majorité de jeunes composant la foule, mais une poignée de personnes âgées aussi : saluons l’audace de leur part, de s’aventurer dans l’énigmatique monde de P’tit Belliveau.

P’tit Belliveau et ses musiciens gagnent la scène vers 21h et entament la soirée avec Depuis que la neige a fondu, tirée de son album Un homme et son piano. C’est un Jonah Guimond au mulet qui se présente devant nous, affublé de shorts (on le comprend), d’un tee-shirt cheap et oversized de Georges Saint-Pierre et d’un chapeau de cow-boy.

L’artiste, d’abord au banjo, se concentre au début du spectacle sur ses vieux « hits », il ne dévoile pas encore le penchant moins accessible de son P’tit Belliveau, avec une seule des cinq premières chansons interprétées provenant de son dernier album.

Belle surprise : après une vingtaine de minutes de spectacle, l’omniprésent FouKi foule les planches pour interpréter Comfy en duo, les téléphones fusent dans le parterre pour immortaliser le moment.

Rock on

La performance de P’tit Belliveau est scindée par un entracte alors que la deuxième partie du spectacle révèle un penchant résolument punk et métal de la part de l’artiste et de ses musiciens (deux membres du quatuor accompagnateur font d’ailleurs partie de Peanut Butter Sunday, on comprend d’où vient cette fougue à saveur acadienne).

Des chansons d’abord plutôt pop-folk comme Les bateaux dans la baie ou Ej m’en fus (ouverture du dernier album) sont livrées avec un tempérament étonnamment hargneux, électrique, d’autres morceaux déjà rock comme Ring ring ou Gros truck le sont encore davantage sur scène.

Et pourtant… ça ne bouge pas énormément dans le parterre du Club Dix30. Ça sautille un peu, ça fait aller des bras, mais on est loin des pogos démentiels, du body surfing et de l’ambiance ardente dont avait bénéficié P’tit Belliveau et ses musiciens au Club Soda l’année dernière.

L’artiste acadien clôture la partie régulière de son spectacle avec Demain et RRSP/Grosse pièce, avant de revenir en rappel sur la chanson à répondre L’arbre est dans ses feuilles, J’aimerais d’avoir un John Deere et, évidemment, la géniale Income Tax. Aperçues sur scène, les chansons de son troisième album mariées à celles de ses deux premiers efforts longs (et à deux superbes et inattendues reprises, Chop Suey! de System of a Down et How You Remind Me de Nickelback) confirment à quel point P’tit Belliveau s’inscrit au rang des artistes les plus fascinants et pertinents de la grande famille culturelle québécoise canadienne française actuellement.

Peut-être aurions-nous voulu recevoir un peu plus de références aux grenouilles pendant la soirée, incluant l’audacieuse et hilarante trilogie de chansons The Frog Swamp, The Secret Life Of Frog et The Frog War, ayant cruellement manqué à la setlist. Notons tout de même les amusants bonnets rappelant l’amphibien portés par P’tit Belliveau et ses musiciens durant le deuxième segment de la soirée.

C’était un 8. Un solide 8, soit dit en passant. Mais il manquait ce petit quelque chose, cette inexplicable folie pour qualifier le spectacle d’un 9, ou d’un 10. La marchandise a été superbement livrée par les musiciens, mais elle aurait pu être sublimée par quelques motivés dans le parterre.

Et ce 10, ce fameux 10, vous l’aurez sans doute au MTelus en novembre. C’est un rendez-vous.

Grille de chansons

  1. Depuis que la neige a fondu
  2. Moosehorn Lake
  3. Cool When Yer Old
  4. P’t’être qu’il a du tequila dans la brain
  5. J’feel comme un alien
  6. Comfy (avec FouKi)
  7. Feel bonne
  8. 12 pièces en toonies
  9. Mon drapeau acadjonne vens d’Taiwan
  10. O Marie (reprise de Daniel Lanois)

Entracte

  1. L’eau entre mes doigts
  2. Les bateaux dans la baie
  3. Black Bear/Le reel à Dan
  4. How You Remind Me (reprise de Nickelback)
  5. Ej m’en fus
  6. Meteghan River
  7. Ring ring
  8. Gros truck
  9. Chop Suey! (reprise de System of a Down)
  10. Demain
  11. RRSP/Grosse pièce

Rappel

  1. L’arbre est dans ses feuilles
  2. J’aimerais d’avoir un John Deere
  3. Income Tax

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