Preoccupations

Preoccupations au Théâtre Fairmount | Viet Cong est mort, vive Preoccupations!

Bout de bonyenne que ça brassait au Théâtre Fairmount mardi soir. Preoccupations était en ville, et c’est comme si l’ouragan Matthew était passé par là.


Au terme de quelques mois de tourmente, le groupe post-punk canadien Viet Cong accouchait le mois dernier d’un deuxième album, cette fois sous le nouveau nom de Preoccupations. Nouveau nom de band, et aussi le titre de ce deuxième disque.

À l’écoute de Preoccupations, on constate que les quatre musiciens de Calgary ont tourné la page et mis la controverse de côté afin de se concentrer sur ce qui compte vraiment : faire de la bonne musique. Mission accomplie sur disque, et comme on a pu le constater mardi soir au Théâtre Fairmount, mission encore plus réussie sur scène.

Originalement prévu au Théâtre Corona, le show a dû être déplacé au Théâtre Fairmount, sans doute parce que plusieurs adeptes de Viet Cong se sont dit « Preoccupations? Connais pas. » Pas facile de changer de nom au moment où on a le vent dans les voiles. Pas facile de devoir rebâtir sa toute jeune notoriété.

Tant mieux pour ceux qui étaient présents mardi soir, par contre, parce que le Théâtre Fairmount est plus petit, mieux disposé et donc forcément propice à amplifier l’intensité d’un show dans-tes-dents.

Et pour être dans tes dents, c’était dans tes dents. En grande partie grâce à Mike Wallace, bourreau de la cymbale, mitrailleur de la caisse claire et coupable de violence extrême envers son floor tom.  Comme le soulignait une amie/collègue, il ressemble étrangement à Nick Carter, mais bon sang ce qu’il tapoche la batterie avec vigueur.

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Au devant de la scène, l’enigmatique chanteur/bassiste Matt Flegel fait ce qu’il faut, avec sa voix graveleuse aux mots presque indistincts et son picking de basse. Les guitaristes et claviéristes Scott Munro et Daniel Christiansen s’affairent à ajouter de la texture, des mélodies obliques et du bruit à l’ensemble. C’est un trip de son beaucoup plus précis qu’il en a l’air.

Les nouvelles chansons font bonne figure, dès le départ avec Anxiety, mais aussi plus tard avec Memory, Degraded, Monotony et Zodiac coup sur coup.

Celles du premier album misent évidemment dans le mille, notamment Continental Shelf au milieu du set. Mais le meilleur, Preoccupations le garde pour la fin…

 

Après Death, plus rien à ajouter…

Un show de Preoccupations, ça vaut le détour ne serait-ce que pour la dernière chanson, Death. Si on devait imaginer une version musicale de la fin du monde, ce serait ça.

We went too far the other way / We’ll never get home, chante Flegel au refrain. Pas question de revenir en arrière, on plonge tête première vers le chaos lors de cette chanson de plus de 15 minutes. D’une mélodie somme toute assez accrocheuse – pour autant que Sonic Youth, par exemple, pourrait être « accrocheur » – on bifurque assez abruptement vers un segment instrumental cauchemardesque à la Swans.

Et ça fesse. Ça fesse longtemps. Wallace martèle les punchs avec violence. Flegel est penché sur sa basse et appuie chaque coup de Wallace. L’un des deux guitaristes est désormais à genou, la bave lui dégoulinant du bec comme un pitbull enragé. C’est un bombardement en règle, et la foule suintante absorbe le choc.

Après une telle catharsis – surtout au devant de la scène où ça brassait pas mal – on se sent vidé et complètement défoulé.  Personne n’exige de rappel. Et il n’y aura pas non plus. Tant mieux.

Une heure bien comptée, merci bonsoir. Pas besoin de s’étirer ad nauseam quand on sert un tel niveau d’intensité.

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Grille de chansons

  1. Anxiety
  2. Silhouettes
  3. March of Progress
  4. Select Your Drone
  5. Continental Shelf
  6. Memory
  7. Degraded
  8. Monotony
  9. Zodiac
  10. Stimulation
  11. Death

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