Starmania

Première de Starmania à la Place Bell | Le futur, c’est maintenant

Près de 45 ans après sa création, le spectacle Starmania est enfin de retour au Québec dans une version intégrale grandiose. Cette œuvre créée par Michel Berger et Luc Plamondon a donné naissance au terme Opéra Rock dans la francophonie et a propulsé les carrières de plusieurs interprètes à travers les décennies. Cette nouvelle mouture n’est plus tant futuriste qu’étrangement contemporaine, avec une esthétique nostalgique assumée.

Le stade de la Place Bell était rempli d’anticipation et d’admiration même avant les premières notes de Monopolis. On pouvait entendre des exclamations allant de « ma chanson préférée c’est une telle » à « je me demande si le chanteur est français ou québécois », en passant par « ça va être bon ». Et pour ajouter de la crème fouettée sur le sundae déjà garni des attentes, un tollé s’est élevé des gradins inférieurs, déclenché par l’arrivée de Luc Plamondon parmi la foule. C’est donc un avec un mélange d’exaltation et d’expectative que le public a accueilli le premier noir.

Un piano à queue blanc, seul au centre, tourne sur une plateforme automatisée. On sent d’ores et déjà que le budget technique est au rendez-vous. La voix de la jeune Cristal perce le silence et on croirait presque à la réincarnation de France Gall. L’interprétation de la québécoise Gabrielle Lapointe est sans faille, tant vocalement que dans le jeu. Elle brille littéralement dans sa robe à la Gaga et évolue dans ce décor post-apocalyptique : une structure austère mais intriguante, qui évoluera au fil des tableaux en château inaccessible, rappelant un vaisseau spatial ou un enchevêtrement de béton urbain.

Bien que la musique soit au coeur de Starmania, cette mise en scène de Thomas Jolly — celui-là, le même qui a orchestré l’ouverture des JO de Paris — est axée sur l’éclairage et la scénographie. Chaque scène est un tableau peint par la lumière. Des centaines de spots proviennent de tous les sens. Durant le célèbre Blues du Businessman, ils jaillissent littéralement du sol, pour créér des lignes éblouissantes et synchronisées à la musique.

À plusieurs moments, ils seront sollicités pour appuyer la chorégraphie des 20 sublimes danseurs, dirigée par le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui. Les lignes scénographiques et corporelles sont toujours visuellement époustouflantes, si bien que l’on attend presqu’avec impatience les intermèdes entre les chansons pour connaître ce qu’ils ont imaginé pour faire le lien entre les numéros.

Autre élément très original et moderne est l’utilisation d’une caméra live sur scène, projetée sur l’immense écran au centre. Bien que ce soit une idée de plus en plus répandue, ils ont poussé l’audace à poursuivre le court métrage en coulisse, comme si on suivait les interprètes dans une poursuite dans la ville. Procédé pour le moins efficace.

Parmi la distribution cinq étoiles, on remarque la performance de Stella Spotlight en deuxième partie. La chanteuse Magali Goblet, qui évolue sous le pseudonyme Maag, arbore une solide expérience de jeu et sa voix rappelle encore une fois l’énergie de l’interprétation originale de Diane Dufresne, le tremolo en moins. Durant le rêve de Stelle Spotlight, elle flotte littéralement sur la fameuse structure/vaisseau spatial dont les éclairages rendent la masse presque immatérielle, comme propulsée dans le cosmos.

David Latulippe en Zéro Janvier et Manet-Miriam Baghdassarian en Sadia démontre des prouesses vocales incontestables et de solides incarnations de leurs personnages respectifs. Ziggy est campé par l’attachant Adrien Fruit et William Cloutier défend son Johnny Rockfort de façon assez convaincante, sans pour autant accoter la présence physique de ses collègues. Malgré une voix cristalline touchante et parfaitement juste,  la version de la Marie-Jeanne d’Alex Montembault manque un peu de charisme. Bien que l’on comprenne que la serveuse automate serve de narratrice de l’histoire, l’émotion était moins poignante qu’espéré.

Il est rare de rencontrer dans un même opus autant de morceaux devenus des hits individuels : Ce soir on danse à Naziland, Les uns contre les autres, Quand on arrive en ville, Le Blues du Businessman, Le Monde est stone, SOS d’un terrien en détresse, Besoin d’amour. Toutes ces chansons qui ont traversé les générations, réunies dans la même soirée, c’est extrêmement jouissif et satisfaisant!

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