crédit photo: Pierre Langlois
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Pop Montréal 2025 – Jour 1 | Múm envoute avec son minimalisme sonore

La formation múm était de passage à Montréal mercredi pour un concert au Théâtre Fairmount, dans le cadre du festival Pop Montréal et de leur tournée nord-américaine accompagnant la sortie de leur nouvel album History Of Silence, paru le 19 septembre. Ce dernier disque marque le retour en studio du groupe (le premier depuis Smilewound en 2013) qui, soyons honnêtes, on ne croyait plus vraiment actif.

Bien que moins connu que leurs illustres compatriotes islandais — Björk, Sigur Rós, Of Monsters and Men, Emilíana Torrini ou encore la pianiste Laufey, récemment couronnée aux Grammy Awards et attendue à la Place Bell le 21 octobre — múm jouit depuis ses débuts d’une reconnaissance discrète mais durable. Fondé en 1997 par Gunnar Örn Tynes, Örvar Smárason et les sœurs jumelles Gyða et Kristín Anna Valtýsdóttir, toutes deux issues d’une formation classique, múm s’est rapidement imposé comme une figure singulière de la scène électronique expérimentale. Leur premier album, Yesterday Was Dramatic – Today Is OK, paru en 1999, est aujourd’hui considéré comme une œuvre fondatrice du genre, mêlant glitchs numériques, textures acoustiques et atmosphères oniriques avec une sensibilité quasi organique.

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Avec History of Silence, múm revient avec une proposition en huit morceaux qui s’éloigne des longues plages instrumentales de leurs débuts pour adopter une forme plus proche de la chanson pop, plus accessible. C’est probablement leur album le plus « chanté », sans pour autant renier leur esthétique délicate et flottante. Les voix, autrefois absentes ou reléguées à l’arrière-plan, même si fragiles et discrètes, prennent dans ce dernier opus une place plus centrale.

Enregistré sur deux ans dans divers lieux, History of Silence s’inscrit dans une esthétique sonore électronique mais évoquant pourtant un son très organique, ancré dans le territoire, caractéristique de nombreux artistes islandais. Les morceaux de History of Silence se construisent par fines couches synthétiques et acoustiques superposées posées avec soin, dans une logique de retrait plutôt que d’accumulation. Ce minimalisme assumé, en contraste avec les productions plus denses de leurs derniers albums, donne à l’ensemble l’allure d’une bande sonore contemplative.

Comment cette délicatesse, si finement tissée en studio, prend-elle vie sur scène?

Le murmure collectif de múm

Le sextuor de múm est entré sur scène un à un sur The Land Between Solar Systems, une pièce méditative de plus de dix minutes tirée de Finally We Are No One (2002). Dès les premières notes, on a l’occasion de percevoir sur scène la démarche artistique singulière de múm : une musique qui semble se construire par effacement plutôt que par accumulation, comme si chaque son superflu était retiré pour ne laisser que l’essentiel. Il est frappant de voir six musiciennes et musiciens jouer simultanément tout en dégageant un son aussi léger, aérien, presque translucide, dégageant ainsi une sensation d’espace et de profondeur.

La scénographie, épurée, projetait en noir et blanc des images d’une mer agitée, évoquant l’atmosphère dramatique de la plage de Reynisfjara, sur la côte sud de l’Islande. Au centre de l’écran, une bulle circulaire diffusait des images variées de paysages: tantôt le calme de la campagne, tantôt l’agitation des éléments naturels auxquels les Islandais sont quotidiennement exposés.

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Les plus beaux moments du concert ont surgi lorsque les voix de Örvar Þóreyjarson Smárason (voix, clavier, mélodica), Gyða Valtýsdóttir (voix, violoncelle) et Sigurlaug Gísladóttir (voix, guitare, basse) se sont harmonisées, notamment sur A Little Bit, Sometimes, Last Shape of Never et Miss You Dance. Leurs timbres se mêlaient avec une douceur presque chuchotée, soutenus par les textures électroniques de Gunnar Örn Tynes (claviers, production), les percussions discrètes de Samuli Kosminen, et les douces interventions de Róberta Andersen (guitare, basse).

Les titres issus de Finally We Are No One (2002), leur album le plus populaire ont suscité les plus fortes réactions du public, en particulier Green Grass of Tunnel et le rappel We Have a Map of the Piano. Ces morceaux, emblématiques du style de múm, nous ont fait réaliser qu’inconsciemment, nous désirions leur retour sur la scène musicale.

Sur scène, la synergie entre les membres était palpable, mais silencieuse, presque stoïque. Ce n’est pas un groupe qui cherche à faire lever une salle, mais plutôt une bande qui a trouvé l’hamornie et qui nous y invite avec délicatesse. Les interventions parlées étaient rares, simples et murmurées. Seule Sigurlaug Gísladóttir semblait parfois contenue dans cette atmosphère monastique, comme si une énergie plus vive cherchait à s’exprimer, à travers le calme ambiant.

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Ce concert a confirmé que múm reste une voix singulière et pertinente dans le paysage musical, offrant une musique minimaliste mais néanmoins riche, évoquant le vide rassurant et l’immensité des grands espaces.

Laurie Torres – Textures sonores éthérées et feutrées

Musicienne montréalaise d’origine haïtienne, Laurie Torres propose un projet instrumental électronique à la croisée de l’ambient et de l’expérimental.

Accompagnée sur scène du batteur Tommy Crane, figure bien connue de la scène montréalaise, et du clarinettiste Tim Crabtree, elle a d’abord installé des ambiances feutrées et cinématographiques, avant de basculer vers des textures plus expérimentales, parsemées d’échantillons sonores évoquant l’atmosphère d’ateliers de travail.

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Sa proposition, à la fois sensible et audacieuse, s’inscrivait parfaitement dans l’ambiance de la soirée, en ouverture du concert très attendu du groupe islandais múm. Une performance qui a su capter l’attention par sa finesse et sa cohérence esthétique.

Pour découvrir l’univers de Laurie Torres, on peut découvrir Après coup, paru en 2024, un premier opus où improvisations au piano, jazz expérimental et ambient se rencontrent.

Grille de chansons

  1. The Land Between Solar Systems (Finally We Are No One)
  2. A Little Bit, Sometimes (Go Go Smear the Poison Ivy)
  3. Mild at Heart (History of Silence)
  4. Last Shape of Never (Sing Along to Songs You Don’t Know)
  5. Weeping Rock, Rock (Summer Make Good)
  6. Miss You Dance (History of Silence)
  7. The Ghosts You Draw on My Back (Summer Make Good)
  8. Kill the Light (History of Silence)
  9. Green Grass of Tunnel (Finally We Are No One)
  10. The Colourful Stabwound (Smilewound)
  11. Toothwheels (Smilewound)
  12. Avignon (History of Silence)
  13. Now There’s That Fear Again (Finally We Are No One)

Rappel

  • Moon Pulls ( Go Go Smear the Poison Ivy)
  • We Have a Map of the Piano (Finally We Are No One)

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