crédit photo: Pierre Langlois
Beverly Glenn-Copeland

Pop Montréal 2024 – Jour 2 | Une soirée joyeuse sous les sourires radieux de Basia Bulat et du mystique Beverly Glenn-Copeland

En ouverture de cette soirée Pop Montréal, c’est la joie communicative de Basia Bulat que l’on a pu partagée sur le toit du Rialto avec le Mont Royal au soleil couchant en toile de fond pour une expérience unique. Ensuite la personnalité lumineuse de Beverly Glenn-Copeland nous offrait un spectacle hors de l’ordinaire au théâtre Rialto.

Basia Bulat sur le toit du Rialto

Dès 18h30, le public s’installe sur la petite superficie disponible sur le toit du Rialto où une petite place est réservée pour Basia Bulat et son groupe alors que résonne dans la sono une version polonaise de Besame Mucho. Cela fait 10 ans (à deux jours près!) que j’ai découvert cette artiste alors en première partie d’Owen Pallett au Corona.

À cette époque, elle nous proposait principalement des titres indie folk à base de peines d’amour et de séparations. Aujourd’hui, c’est une femme radieuse qui chante l’amour épanouie et la maternité. Avec un sourire communicatif, elle alterne entre son clavier Rhode, sa guitare et son emblématique autoharpe (l’Omnichord en est une version électronique très couru de nos jours) et est accompagné d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur. Deux invitées viennent joindre leur voix avec celle de Bulat pour quelques titres.

Alors que le soleil se couche sur le Mont-Royal en arrière-plan avec une température agréable, Bulat nous offre une dizaine de chansons en une heure. On a retrouvé des anciens titres comme Infamous ou l’excellent Tall Tall Shadow où brille sa belle voix à la justesse parfaite. Il y a aussi Are You in Love? au cours de laquelle Bulat se permet d’incorporer un couplet de Pour que tu m’aimes encore de notre « trésor national » qu’est Céline.

Le concert extérieur se termine avec trois nouveaux titres : My Angel et Disco Polo aux accents disco et Baby un vieux titre ressorti des boules à mites et qui a pris un nouveau sens avec sa maternité. Ces morceaux vont se retrouver sur son prochain album Basia’s Palace à sortir le 21 février.

Retrouver la voix et le sourire contagieux de la pimpante Basia Bulat est un plaisir renouvelé. Encore une fois, le charme opère et je me laisse emporter. Quand en prime, on a la vision de Montréal en arrière, il est impossible de faire la fine bouche.

Après être redescendu des hauteurs du Rialto et en ayant quelques regrets de ne pas être présent à la manifestation en soutien à la fermeture du théâtre La Tulipe, engagements obligent, je rentre dans le théâtre Rialto pour écouter la légende Beverly Glenn-Copeland.

 

Mimi O’Bonsawin

En ouverture, c’est la chanteuse Mimi O’Bonsawin qui nous livre des chansons inspirées de ses racines franco-ontariennes et abénaquis. Accompagnée d’un batteur, elle livre une musique qui se retrouve quelque part entre DobaCaracol et Loreena McKennitt qui ne m’a pas convaincu. Ce n’est pas fin de ma part mais j’ai ri lorsqu’elle a empoigné sa harpe et qu’une paire d’ailes arrimées à la sangle lui a donné des airs d’ange quétaine.

 

Beverly Glenn-Copeland and friends: The Salon Evening

J’avoue ne pas vraiment connaître Beverly Glenn-Copeland avant cette soirée. Mais son parcours de vie est hors-norme et impressionnant du haut de ses 80 ans. Né aux États-Unis mais élevé au Canada, il a été l’un des premiers étudiants noirs à l’Université McGill à Montréal dans les années 1960. Il a ensuite travaillé avec Bruce Cockburn et sorti des albums souvent inclassables qui vont du folk au jazz à la musique électronique et Nouvel Âge. Il a également travaillé pour des émissions pour enfant, comme le mythique Sesame Street et Mr. Dressup sur CBC où il a été un acteur régulier pendant 25 ans! Militant de la trans-identité, il a commencé à s’identifier publiquement comme un homme trans en 2002.

Lundi dernier, on apprenait sur Instagram avec regret que Copeland souffre de démence alors qu’il traverse une « grande période de renouveau créatif ». Ce concert à Montréal était donc son dernier au Canada alors que deux dates sont programmées pour nos voisins du Sud pour ce Final Tour.

Mais loin d’être un événement triste ou pathétique, c’est une performance hors norme et lumineuse qui nous a été offerte. Accompagné de sa femme Elizabeth qui sera tour à tour chanteuse, poète et danseuse, il y a aussi un pianiste / directeur musical et un batteur ainsi qu’un chœur de neuf femmes montréalaises avec notamment Adèle Trottier-Rivard (Bibi Club, Plants And Animals) et Eugénie Jobin (Ambroise, l’excellent trio Dolman/Rossy/Jobin). Désolé de ne pas avoir retenu le nom des sept voix.

À travers un spectacle non linéaire, c’est un enchaînement joyeux de poésie, de duo avec sa femme, de titres enlevants ou poignants ainsi que quelques chansons pour enfants comme Greedy feet ou Chicken Song en rappel.

Copeland possède une belle voix riche au timbre particulier tirant vers le grave et un vibrato marqué auquel il est difficile de rester insensible tellement elle peut prendre aux tripes. La chanson Harbour (Song for Elizabeth) dédiée à sa femme est particulièrement touchante avec des échanges de regards particulièrement amoureux que l’on espère avoir encore à 80 ans.

Après nous avoir récité les paroles d’un gospel et expliqué que ces paroles avaient un double sens pour communiquer sans être compris des esclavagistes des plantations, Copeland nous offre une interprétation seul devant son micro qui restera pour moi comme le moment le plus particulièrement bouleversant et beau de la soirée. Toute la personnalité et le talent de Beverly Glenn-Copeland est résumé sur ce titre, en peu de mots et avec une interprétation sensible et radieuse malgré la lourdeur du propos.

Plus qu’un concert hors norme, c’est un cérémonie joyeuse à la vie et à la diversité que nous a offert Beverly Glenn-Copeland. Le côté mystique et lumineux du chanteur m’a frappé de plein fouet et c’est l’image d’un homme unique au sourire radieux avec les bras grands ouverts qui me restera en tête.

 

Images en vrac

Basia Bulat

 

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