Peter Pan, la comédie musicale au Théâtre Saint-Denis | Un classique indémodable
C’est dans un Théâtre St-Denis fébrile que le public découvrait la mouture québécoise de Peter Pan « the hit musical ». Cette pièce de théâtre écrite en 1902 par Sir J.M. Barrie aura connu moult adaptations, dont cette comédie musicale de 1954, paroles et musique créées respectivement par Carolyn Leigh et Morris Charlap. Bien que Broadway et la scène londonienne aient choisi par le passé des Peter Pan interprétés par de vrais adolescents, la coutume veut que le rôle soit campé par une femme, à cause, entre autres, du registre des chansons. Les producteurs du Groupe Entourage ont honoré la tradition, sûrement à cause de l’incontournable talent d’Éléonore Lagacé, qui porte cet icône sur ses épaules avec l’aplomb qu’on lui connaît.
Avant même l’apparition du décor féérique, le public applaudit et s’excite au son des premières notes. Les enfants Darling entrent en avant-scène et nous assistons à la réincarnation d’Élyse Marquis en sa fille Alice Déry, qui ouvre le spectacle avec l’air angélique de Wendy. La jeune fille est solide autant vocalement que dans son jeu. Les deux frères, John et Michael, interprété par Léopold Lafontaine et Théo Frappier (en alternance avec Raphaël L’Archer), ont déjà conquis le public, le grand au violon et le petit avec son ourson et sa petite bette. Rien ne séduit plus que des jeunes enfants au théâtre, avec leur maladresse et leur enthousiasme tout neuf. Ils sont bien à l’aise d’ailleurs dans la mise en scène de Luc Guérin, qui connait bien les rouages des comédies musicales, lui qui incarnait Gomez dans La famille Addams plus récemment.
Éve Dessureault et Tommy Joubert en madame et monsieur Darling sont convaincants. La soprano a une voix enchanteresse et on souligne joyeusement le pas pour la diversité corporelle dans ce casting. Une maman de trois enfants avec des rondeurs, c’est naturel! On les retrouve quelques scènes plus tard, méconnaissables en pirates. Ils ont assurément floué plusieurs enfants présents qui ne connaissent pas les trucs pour réutiliser tous les comédiens le plus possible au théâtre. Alors que les parents ont quitté la scène, la fée Clochette, qui fait irruption dans la chambre, est un point lumineux magiquement suspendu dans les airs, qui communique par sons… de clochettes, évidemment! Un autre leurre pour les petits qui ne verront pas les fils transparents la retenant. Quand finalement Peter entre par la fenêtre en volant, la foule est en délire d’accueillir la vedette de l’heure, et avec raison : Éléonore Lagacé est une machine. Elle chante et danse tout en culbutant dans un harnais comme si elle arrivait du Cirque du Soleil, avec l’attitude désinvolte de cet enfant qui ne veut pas grandir. Quelques mini moments d’émotions plus tristes pourraient être peaufinés, mais elle frôle la perfection dans ce rôle qu’on aurait dit taillé pour elle. Alerte éditoriale capillaire : je préférais la perruque de l’affiche noire et verte à la pixie cut orange qui lui arrive toujours dans les yeux.
Le passage vers le monde imaginaire se fait par vidéo projetée sur les décors, qui fonctionne bien, mais contraste un peu trop avec l’esthétique du reste de la scénographie qui est très classique. À l’instar de Mary Poppins avec le cheminot qui traversait le cadre de scène suspendu la tête en bas, il y aurait eu place à ajouter des éléments plus techniques live plutôt que d’user d’effets cinématographiques. Aussi, quelques scènes et chansons pourraient être écourtées, voire coupées, car c’est tout de même un spectacle de 2h15 en plus de l’entracte.
L’arrivée des pirates crée aussi un engouement senti : Benoît Brière en Capitaine Crochet, grand maître du jeu clownesque, récidive avec brio, appuyé de Tommy Joubert qui crée un Mouche efféminé et coquet. Les deux se lancent dans des lazzis calculés, comme le running gag d’astiquer le crochet pour calmer le Capitaine. C’est définitivement eux qui déclenchent le plus d’hilarité, même le petit Michael ne peut résister à leurs clowneries alors qu’il n’est pas censé rire.
Les enfants perdus ont été triés sur le volet dans le terreau fertile des danseurs de Révolution, et malgré leur jeu d’acteur plus faible, ils dynamisent tous les numéros. Les chorégraphies de Team White éclatent et ponctuent de belle façon la présence de la Tribu de Lili la Tornade. Le personnage de la princesse autochtone, qui se nommait Lili la Tigresse dans la version de Disney, est ici représentée en amazone libre et souveraine de son clan, mais n’a aucune scène intéressante et ses passages sont très brefs. C’est presque malaisant à quel point elle n’apporte rien à l’histoire, à part un prétexte pour les pirates de piéger Peter Pan.
Cette production reste un must à voir. Autant les grands que les petits enfants y trouveront de quoi se plaire : de la musique agréable et très typique des années 50, mais habilement revisitée, des décors et effets époustouflants, un casting fabuleux, de l’humour à revendre et la Peter Pan la plus impressionnante qui n’a rien à envier aux plus grands talents de Broadway. C’est un beau moment intemporel à s’offrir en famille.
À Montréal jusqu’au 11 janvier, puis à Québec du 6 au 23 août 2026 (avec P.A. Méthot en Capitaine Crochet)
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