Solipsisme

Paige Barlow et Solipsisme au Marché des Possibles | Un rêve éveillé

Depuis 2014, POP Montréal et l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal présentent le Marché des Possibles, un projet urbain rassembleur. Une buvette, de la cuisine de rue, de l’artisanat, des activités familiales, de la musique, des concerts et du cinéma sont au rendez-vous pour égayer l’esprit festif de la communauté chaque fin de semaine.

Le Marché des Possibles a lieu dans un lieu bien gardé du Mile-End, un terrain entre nature et blocs de béton de la rue de Gaspé. Il y a un petit quelque chose qui évoque l’urbanisme et la spontanéité des marchés aux puces berlinois renommés. Devant un mur griffé d’une grande fresque colorée, c’était l’endroit tout désigné pour vivre une soirée psychédélique.

Paige Barlow

Ce soir, les deux artistes invités sont issus du même univers musical, tellement que les deux projets partagent les mêmes musiciens. Il s’agit de la vedette montante Paige Barlow et du groupe rock psychédélique Solipsisme. Il s’agit d’un mix évident, mais bien efficace. Il n’y a pas eu de changement de musiciens, juste un changement de costumes! On passe de chemises blanches aérées et vestons de velours à chemises fleuries et manteaux de suède à franges.

Paige Barlow, la choriste de Solipsisme, revêt le costume de la meneuse de troupe. L’Américaine originaire d’Atlanta adopte la langue française dans sa musique depuis son arrivée à Montréal. Son projet solo éponyme, signé par l’étiquette de disque Duprince, connaît déjà du succès. C’est touchant de l’entendre chanter dans la langue de Molière, à sa façon.

Elle nous livre ses paroles de manière sincère, quoique un peu nonchalante, et on ne se prend pas la tête ici. Paige a un charme indéniable. Les accords des guitares nous donnent envie de nous déhancher. Même les enfants ont pris d’assaut le devant du pit pour danser, tandis que d’autres soufflaient des bulles de savon. L’ambiance était des plus joviale.

Elle allie folk, musique yéyé, shoegaze, pop et rock psychédélique à l’esprit bohème des années 70. Paige Barlow vient tout juste de sortir son premier album solo Tabula Rasa en mai 2024. Elle repart à zéro, fait table rase de ses projets passés. Ici, on est dans quelque chose de plus posé son ancien groupe MIELS. On a bien sûr pu entendre son premier single Signe de croix qui a un style intemporel. Puis mes chansons coup de cœur, la chanson Et puis merde et Somnambule qui sont toutes nouvelles, sorties ce mois-ci sous forme de EP inédit, de chansons bonus.

Paige Barlow est entouré de très bons musiciens et ça transparaît dans la musique. On peut également compter sur la présence de la violoncelliste Bruna Wanderley, connue pour son groupe post-métal Kapitur.

Solipsisme

Ensuite, on est passé de la douceur onirique de Paige Barlow au monde festif de Solipsisme. Les chansons fondaient les unes dans les autres pour ne former qu’un périple vers le psychédélique et le progressif qui font appel aux sens. Solipsisme désigne une théorie philosophique qui fait référence à l’attitude d’un sujet qui pense que sa conscience est la seule réalité. C’est vraiment la façon dont on se sent en écoutant la douce, mais envoûtante musique du groupe, dont les membres sont séparés entre Québec et Montréal. La plupart des chansons sont assez longues pour permettre un tel développement. Le projet, créé sans grandes attentes en 2022, est maintenant sollicité par de nombreux festivals et hypnotise ses sujets partout où il passe. Ce soir, Solipsisme était dans son élément.

Il y avait 10 personnes sur scène ce soir pour cette représentation spéciale. Les percussions étaient à l’honneur : on avait la batterie de Xavier Laprade, batteur régulier pour le groupe, mais également les tambours de Miles Dupire-Gagnon (Elephant Stone), le tambourin de Samuel Gadreau et, bien sûr, la choriste Paige Barlow. François Lemieux, lui, s’occupait de toutes sortes de guitares (dont une à 12 cordes), du clavier et du chant principal. Maxime Doyer était à la basse et Taylor William Fitzpatrick Johnson à la guitare.

Le groupe était résolument festif ce soir. Sous les humbles projecteurs, on avait vraiment une atmosphère de party de famille intime où chacun ajoute son grain de sel à la grande fête! Bruna Wanderley brûlait de retourner jouer sur scène avec ses amis. Comme si ce n’était pas assez, deux artistes créaient de jolies projections artistiques avec de la peinture sur un projecteur. Il y avait du monde à la messe!

On a pu entendre Paréidolie, chanson magique et incontournable. Le public a eu droit à une nouvelle chanson, qui n’a même pas encore de titre! Même la gérance du groupe, sous la responsabilité de Folivora, a appris en même temps que nous l’existence de ladite chanson. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle paraîtra prochainement dans un nouvel album intitulé Paramnésie.

Le Marché des Possibles mériterait de gagner en popularité, mais pour l’instant, ça reste un jardin bien gardé. L’avenir réserve fort probablement des surprises pour les deux groupes présents ce soir, gardez-les dans votre mire!

Tout le monde est parti chacun de son côté en ayant vécu ce qui pourrait ressembler à un rêve lucide.

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