
Our Lady Peace à la Place Bell | OLP 30 : un hymne à l’humanité
Y’a de ces spectacles desquels on sort résolument changé. Profondément, et pour le mieux. Celui de Collective Soul et d’Our Lady Peace, présenté en grande pompe devant une salle comble lundi soir à la Place Bell, est définitivement l’un de ceux-là.
Les deux bands mythiques du rock alternatif étaient de passage à Laval pour OLP30, une tournée qu’ils ont imaginée ensemble pour célébrer respectivement les 30 ans d’une carrière foisonnante.
Les attentes étaient hautes. Mais on ne savait pas ce que ça allait donner, à proprement dit. Est-ce que ça allait être un autre exercice désincarné pour souligner l’anniversaire lointain d’un album très populaire pour satisfaire de vieux fans? Est-ce qu’il s’agissait simplement de deux autres groupes marquants des années 1990 qui passaient à Montréal et les environs pour se jouer de notre nostalgie contre rétribution, à l’image de Bush, Theory of a Dead man et tous les autres « divorced dad bands » récemment annoncés?
Non. Des fans comblés. Voilà qui poussaient les portes de l’amphithéâtre à 23h15 hier soir au terme d’un long spectacle de plus de quatre heures où tant Collective Soul que Our Lady Peace ont été d’une générosité et d’un bienfait désarmants en des temps plus incertains.
COLLECTIVE SOUL
Il y avait quelque chose dans l’air alors même que des milliers de fans de la première heure ayant répondu à l’appel s’agglutinaient à l’entrée de la Place Bell.
C’est d’abord Wintersleep, groupe de rock indépendant originaire d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, qui a courageusement réussi à faire patienter la salle dont la fébrilité et l’impatience étaient palpables dès les premières minutes. On attendait les deux grands.
Dès que la voix unique et toujours aussi impressionnante du chanteur de Collective Soul, Ed Roland, a retenti dans l’amphithéâtre, le long voyage qu’on attendait était enfin lancé.
Certes, Roland et ses acolytes auraient pu frapper plus fort dès le début, où ils ont laissé de côté la communication avec la foule et les grands hits au profit de Mother Love, de Heavy et de Right as Rain. Mais il n’a pas fallu longtemps pour réaliser que le tout était bien pensé et que l’intensité de leur prestation allait lentement, mais très sûrement se bonifier dès la quatrième chanson où ils ont balancé un puissant Shine entremêlé du succès Living on the Edge d’Aerosmith, que les quelque 8500 spectateurs ne se sont pas fait prier pour entonner en chœur.
Dans un petit marathon d’une heure bien tassée, le groupe originaire de Géorgie a enchaîné des moments de douceur, de beauté et de grande plénitude à des passages plus rassembleurs en défilant une douzaine de chansons dont Precious Declaration, The World I Know, December et Gel, en plus d’une reprise réussie de Dirty Deeds Done Dirty Cheap d’AC/DC.
La conclusion d’Ed Roland, au terme de plusieurs commentaires nostalgiques et humains, qui a lancé un retentissant « God Bless Canada! », a suscité un enthousiasme certain des spectateurs qui y ont vu là le clin d’œil d’un band américain leur démontrant un évident soutien en ces temps troubles où la paix semble compromise.
OUR LADY PEACE
Après un montage vidéo touchant relatant 30 ans de carrière en images, les vétérans de la mouvance post-grunge canadienne ont commencé en force avec le très attendu Superman’s Dead; on peut y voir là un pied de nez à ceux qui étaient venus pour l’entendre spécifiquement. Une fois jouée, Raine Maida et sa bande forçaient les spectateurs à entrer dans leur valse sans plus avoir à attendre « le gros hit ».
Dans une grille de chansons particulièrement bien construite, le groupe légendaire formé à Toronto au début des années 1990 a lui aussi déboulé une quantité impressionnante d’hymnes et de chansons (18 au total!), dont les deux nouvelles Sound the Alarm et I Wanna Be Your Drug, tirées des trois volumes d’OLP30, qui allient succès marquants et nouvelles créations. Le quatuor a également fait un clin d’œil à leurs amis du groupe canadien The Tragically Hip, modèle et idole de Maida, en faisant une reprise du succès Locked In A Trunk of A Car.
Sans surprise, les Naveed, Innoncent, Life et Somewhere Out There ont fait bondir les spectateurs, qui criaient et chantaient à pleins poumons dans un élan de nostalgie. OLP a surpris en glissant la chanson Whatever en milieu de parcours, un titre qu’ils ne jouaient plus sur scène depuis 23 ans en raison de l’horreur à laquelle elle est désormais associée. Les multiples allocuations du chanteur à la foule, traitant d’humanisme, de politique et de réalités sociales, ont créé un effet de cohésion et de rassemblement entre les fans.
Mais ceux-ci étaient loin d’être au bout de leurs émotions après un très senti et très attendu Clumsy, qui avait soigneusement été réservé pour la supposée fin. Après une ovation très soutenue, Raine Maida est apparu dans un faisceau de lumière, cette fois sur le parterre, tout juste derrière les équipes de son. Seul au piano, entouré de centaines de spectateurs qui s’étaient levés de leurs sièges pour approcher la légende, il a livré un vibrant Not Enough dans une Place Bell presque silencieuse. Un exploit. Un moment apaisant et émouvant qui a fait dire à plusieurs que cette soirée était un baume pour l’âme et l’esprit.
On a pu prendre toute la mesure de sa voix, unique et puissante, à une autre hauteur que dans le format « band complet ». Il a par la suite entamé 4am, qui a pris des airs de berceuse, avant de courir vers la scène, en frappant dans les mains de spectateurs qui avaient formés une haie d’honneur le guidant vers ses acolytes avec qui il allait entre autres clore avec Automatic Flowers et un Starseed mémorable.
OLP30 a remporté son pari avec brio. Il y avait beaucoup à en tirer. Les attentes des plus mordus ont certainement été rencontrées tant sur le plan musical, sonore, visuel et graphique. Les seules personnes qui sont ressorties de là déçues y allaient fort probablement en pensant connaître les deux légendes alors qu’elles n’en maîtrisaient que les succès radio imprimés dans leurs souvenirs. OLP a été bien plus loin que ça et a su remplir d’une âme le grand amphithéâtre lavallois, en plus de le remplir physiquement.
- Artiste(s)
- Collective Soul, Our Lady Peace, Wintersleep
- Ville(s)
- Laval
- Salle(s)
- Place Bell
- Catégorie(s)
- Alternatif, Grunge, Rock,
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