crédit photo: Luna Choquette-Loranger

Osheaga 2025 – Jour 1 | La grande messe de la musique de jeunes

L’édition 2025 d’Osheaga s’ammorçait hier, le 1er août, avec une journée somme toute plus tranquille que les prochaines, mais ça ne veut pas non plus dire que c’était plate pour autant! Fidèle à son habitude, l’équipe de programmation est allé dénicher quelques pépites « émergentes » (bon oui, avec parfois des millions d’auditeurs, mais vous comprenez l’idée) en sachant du même coup répondre à la demande d’un public parfois plus jeune et souvent plus branché (autant dans leur style que sur internet, TikTok oblige).

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Tallandskiinny

Ingrate tâche que de lancer les festivités à 14h comme ça en semaine, mais la Montréalaise se mérite tout de même un A pour l’effort. Son avantage : la Scène de l’Île, avec sa nouvelle orientation, invite encore plus les festivaliers à s’arrêter, ne serait-ce que l’espace de quelques instants, pour y voir la sélection toujours éclectique de DJ qui y performeront tout le weekend.

Diana Phillippe, pour les intimes, fait dans le freeform, se gardant la porte ouverte à une belle flexibilité. On aura toutefois vu apparaître hier l’un des défauts de la chose : un certain manque de direction claire par moments. La sélection de pièces et l’exécution est résolument club, avec des remixes de succès des années 2000, qui se démarque de ce qui sera offert par la suite avec des sets plus construits.

Reste qu’avec ses débits particulièrement élevés et ses élans techno, Tallandskiinny fait danser la foule malgré l’heure et attirera un peu plus de public que la performance qui suivra directement.

Pretty Girl

Suit donc Pretty Girl, que j’aurai eu la chance d’interviewer plus tard en journée (ça sort dans les prochains jours!). L’Australienne, qui parle quelques mots de français, en est à sa seconde présence à Montréal et sa première sur un gros festival du genre. On sent en ce sens peut-être une petite timidité en début de set, le temps de bien choisir un mood qui conduira ses sélections par la suite.

pretty girl osheaga 2025 12* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Une fois sur son erre d’aller, elle ne regardera toutefois plus en arrière. Ici, la direction est claire : bien qu’elle soit une spécialiste de la deep house, autant dans ses sets que dans ses compositions comme producer, elle prendra plutôt la décision pour cette performance de se concentrer sur des ambiances un peu plus groovy et lounge.

pretty girl osheaga 2025 11* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Les contrecoups : un set qui manque parfois de rythme et peinera quelque peu à garde un dancefloor toujours actif, mais qui se révèle cohérent et permet de mieux apprécier ses talents de curatrice, avec des sélections parfois osées, mais toujours fort intéressantes.

Joey Valence & Brae

Pas assez de matériel pour faire 45 minutes? Pas de stress, fais rentrer ton DJ 10 minutes avant toi pour jouer du Rihanna pis du Nelly Furtado et le tour est joué.

joey valance brae osheaga 20250505 076* Photo par Marie-Claire Denis.

Joey Valence & Brae, ou JVB pour les intimes, a beau être encore très jeune comme duo, ça ne veut pas dire que les gars ne sont pas déjà pro. Figure de proue du mouvement hyper/rave rap toujours naissant, le groupe a visiblement déjà fait sa marque avec deux albums en deux ans (et un autre qui fera 3/3 dans deux semaines!), comme en témoignera la grosseur de la foule malgré l’heure toujours précoce pour un vendredi.

joey valance brae osheaga 20250801 086* Photo par Marie-Claire Denis.

Pour bien vous décrire la vibe, imaginez deux jeunes en gear Supreme et en Pit Viper qui font le party en émulant les Beastie Boys, mais à la sauce Gen Z : plus vite, plus dansant, plein d’ambitions. Meilleur show hip-hop de mon année à date. Du moins jusqu’à Tyler demain.

joey valance brae osheaga 20250505 021* Photo par Marie-Claire Denis.

Artemas

Drôle de pacing que d’avoir placé l’Anglais entre deux artistes français. Le show en soi n’est tout de même pas particulièrement mauvais, mais prend du temps à vraiment débuter de façon convaincante. Les arrangements plus rock, avec un guitariste, un batteur et des séquences, transforment en profondeur certaines chansons, et pas toujours pour le mieux.

artemas osheaga 2025 1* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Artemas sauvera tout de même la donne lorsque les séquences prendront le dessus, les chansons plus hyperpop et moins génériques se déployant mieux et gardant mieux le public en haleine. Le chant sera l’autre point fort de la performance, excusant le ton mièvre par moment, avec un falsetto efficace et une voix de tête fiable.

artemas osheaga 2025 2* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Encore une fois, pas un mauvais show en soi, mais une petite déception quand même de la part d’un artiste en pleine lancée.

Bibi Club

Le duo, que j’ai aussi reçu en entrevue, s’amenait dans la version revampée de la scène SiriusXM : on est parti d’un abri Tempo dépressif l’an dernier à une scène abritée en bonne et due forme. Tout n’est pas rose par contre : le système de son en a pris un coup, les enceintes situées un peu plus à l’arrière ne faisant pas le travail.

bibi club osheaga 2025 16* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Reste que ce n’est pas un enjeu qui va affecter le groupe, évidemment, qui se tirera de sa très courte performance haut la main. Les chansons s’enchaînent bien avec une Adèle radieuse. C’est leur premier Osheaga et les Montréalais ne se laissent pas affecter : bien que le français soit langue minoritaire, leurs chansons réussissent à rejoindre une belle audience, et pas que de Québécois.

bibi club osheaga 2025 20* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Parc de Beauvoir est certainement l’un des beaux moments de la performance, tout comme leur désormais classique reprise de Stereolab qui réchauffera un public qui ne s’y attendait pas. Malgré le spot pas toujours facile avec lequel Bibi Club aura dû composer, le spectacle en sera tout de même un bon.

bibi club osheaga 2025 13* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Luidji

Artemas a dépassé un peu, mais pas stressant : Luidji entrera sur scène avec 30 minutes de retard, et ce pour jouer devant moins de 200 personnes pour sa première chanson. Ouin. Décevant pour un artiste qui a déjà su combler à deux reprises le MTELUS par le passé.

luidji osheaga 2025 8* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Ça s’est rempli par la suite au moins. Faut dire que le show en jette : la section rythmique qui l’accompagne est solide, le son sensuel reste universel malgré la langue (c’est Osheaga, ne l’oublions pas!), et le fit avec Jorja Smith, qui suivra, est évident.

luidji osheaga 2025 3* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Et la setlist coupée de moitié? Presque une bonne chose au final, les temps morts étant réduits au maximum et les hits ne s’en trouvent que mieux enchaînés. Le chanteur prend même le temps de descendre voir ses fans, faisant chanter une chanceuse Simone l’espace de quelques lignes, avant d’entonner au plus grand plaisir de tous son iconique Gisèle – Part 4. Beau moment malgré tout.

luidji osheaga 2025 7* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Jorja Smith

On reste dans la même direction musicale : après une petite demi-heure de R&B française, on passe de l’autre côté de la Manche pour Jorja Smith. L’Anglaise se présente sur scène avec un groupe complet (trois choristes, deux percussionnistes, guitare, bass… tout le tralala) afin d’y démontrer la vaste étendue de son talent.

Étendue parce que la chanteuse jonglera tour à tour avec ses pièces plus tranquilles, bien sensuelles et -, et ses morceaux aux influences DnB souvent plus connues du public. Y passeront aussi des chansons comme Be Honest qui souligneront une déception qui reviendra à plus d’une reprise : le feat de Burna Boy sera joué en playback. On se demande pourquoi, vu le talent visible des choristes sur scène.

Après, si les moments tranquilles sont à la limite de trop l’être et que le spectacle prendre quelques minutes à bien venir ravir l’audience, le pacing du spectacle excuse le tout, enchaînant bien une variété d’ambiances et de textures sur fond de projections parfois un peu cheap, mais d’éclairages soyeux qui excusent un peu le tout. Performance solide d’une artiste à suivre absolument, si vous ne le faisiez pas déjà.

jorja smith osheaga 2025 4* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Barry Can’t Swim

Je n’aurais vu qu’un peu moins de la moitié du set de l’Écossais avant de quitter le festival (mon collègue Marc-André vous en parle plus en profondeur ici), mais ça restera tout de même la prestation la plus marquante de ma journée. Si l’orgie de stroboscopes a de quoi fatiguer par moments, la présentation musicale, elle, convainc.

Surélevé par une plateforme au centre de la scène, Joshua Spence Mainnie prend toute la place qui lui revient, entouré de synthétiseurs divers, passant d’un modulaire à un bass synth avec une facilité évidente, sa silhouette dessinée sur des projections survitaminées, alors qu’une autre claviériste et un batteur l’accompagnent en fond de scène. Je me serait, tout au long de la performance, tracé des parallèles avec Justice, vu l’an dernier presque sur la même scène, un show qui combine autant d’éclairages, mais qui a le défaut d’être statique, tout à l’inverse de celui que j’aurai pu voir hier.

barry can't swim osheaga 2025 3* Photo par Luna Choquette-Loranger.

Mais la richesse du spectacle résidera surtout au niveau des arrangements. Si la formule live aura déçu chez Artemas, sacrifiant l’électro au profit d’un rock plus générique, elle magnifie ici chez l’Écossais la richesse de ses compositions. Les lignes mélodiques sont allongées et les trames de piano sur Kimbara, abondamment soulignées dans les projections, n’en sont que plus entraînantes. Encore une fois, mon collègue Marc-André pourra vous en dire plus sur la suite là-dessus, mais le procédé était plein de promesses.

Malgré le court moment auquel j’aurai assisté, cette vingtaine de minutes se révèlera certainement être le plus beau moment de musique électronique auquel j’aurai assisté en six éditions d’Osheaga, et l’un des plus mémorables de toute ma vie de mélomane. Chapeau!

 

Photos en vrac

Jorja Smith
(par Luna Choquette-Loranger)

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Ekkstacy
(par Luna Choquette-Loranger)

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Barry Can’t Swim

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Artemas

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Joey Valence & Brae

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