crédit photo: Cassandra Lacroix

Osheaga 2022 – Jour 2 | Pas de relâche : Tove Lo, Mitski, Geoffroy et plus !

L’auto-proclamée « Queen of the Clouds » Tove Lo a eu raison de la météo hier, alors qu’un petit vent frais et des nuages sombres ont fait craindre le pire aux festivaliers en après-midi. La chanteuse suédoise aura toutefois repoussé toute menace météorologique par son dynamisme et sa joie contagieuses. On a donc été environ 35 000 personnes à profiter de cette belle journée pour voir une variété d’artistes, allant du rock à l’électro, en passant par l’afrobeat et le hip-hop.

* Photo par Cassandra Lacroix

Voyez aussi : notre retour en photos sur un parcours hip-hop avec Future, Burna Boy, Freddie Gibbs et plusieurs autres!

La chanteuse Tove Lo, qui n’en ai pas à son premier passage au festival, n’a jamais eu, contrairement à de nombreux autres artistes, le besoin de demander à la foule de crier pour elle. Le sourire de l’artiste suédoise et son apparente appréciation du moment présent étaient suffisants pour le public et pour elle, ce qui n’a fait qu’embellir l’ambiance.

* Photo par Cassandra Lacroix.

 

Ultra-consciente que ses chansons ne sont pas toutes à la hauteur de son principal succès Habits (Stay High), Tove Lo a eu la perspicacité de transformer des chansons (comme Not on Drugs) en morceau disco. La seule ballade de la soirée – la chanson True Romance – a été présentée comme telle, ce qui a en quelque sorte désamorcé un quelconque relâchement du public. C’est niaiseux de même.

Le sexe étant au coeur de l’art de Tove Lo, cette dernière n’a pas fait preuve de grossièreté ou de vulgarité, tout en étant frontale et assumée. Les références picturales aux pénis, vagins, seins et fesses n’ont donc pas manqué, tout comme le « flashing », que ce soit de la chanteuse ou du public. Ça se voulait libérateur, comme révèle l’artiste, qui pense que les Canadiens et les Suédois partagent beaucoup parce qu’ils « en gardent beaucoup en eux » (We both bottle our shit up).

* Photo par Cassandra Lacroix.

Mystique Mitski

Impeccable. C’est tout ce qu’il faut se rappeler du spectacle de Mitski.

Si le rock expérimental de Mitski n’est peut-être pas pour tout le monde, sa prestance sur scène vient tout gommer pour nous éblouir tellement l’offre est sensible, originale et déconcertante.

* Photo par Cassandra Lacroix.

L’artiste a offert un spectacle qui ne s’est pas essoufflé, présentant notamment des pièces de son tout dernier album, Laurel Hell. Sans surprise, ce n’est qu’à Nobody que toute la foule semblait connaitre les paroles. Mais ça ne l’a pas empêché d’être obnubilée par les prouesses de la chanteuse nippo-américaine.

La théâtralité de Mitski, manifestée par des danses contemporaines, des mimes et du simili-ballet, frappe par son authenticité et son intensité. Mitski ne flanche jamais dans cette tragédie qu’elle nous offre, qui est super variée.

On va dû je-retiens-mes-cheveux-comme-si-je-vomissais à je-prends-mon-trépied-pour-une-croix-et-je-le-traine-derrière-mon-dos-comme-le-Christ, en passant par de précises gesticulations de main.

* Photo par Cassandra Lacroix.

Geoffroy en retard

25 minutes de retard auront pesé lourd sur la prestation du chanteur montréalais Geoffroy. En toute apparence, il semblerait que c’est un problème technique qui a fait poireauter les nombreux festivaliers devant la scène. Un problème que le chanteur a d’emblée attribué au festival.

Il est évidemment extrêmement compréhensible que le spectacle de Geoffroy ait dû être écourté pour des raisons logistiques. Il reste que le fait que ça tombe sur un des seuls artistes québécois de toute la programmation, c’est… très ordinaire

Conséquemment, c’est aussitôt le party enfin pogné – notamment avec le célèbre Sleeping on My Own – que le spectacle a pris fin.

* Photo par Gab Girout.

 

Kwei Polo & Pan!

Le duo électropop français Polo & Pan a offert un spectacle à la hauteur de l’engouement qui lui est porté. Sans grands artifices et misant parfois sur le traditionnel minimalisme français, Polo & Pan a tout de même su divertir par les pétillants graphismes qui défilaient à l’écran. Le duo français ne s’est aucunement gêné de parler en français, et semblait très confortable de parler de sa relation avec Montréal.

On n’avait pas affaire à un « Vive le Québec libre » du général de Gaulle, mais disons que ça faisait beaucoup plus personnalisé que des tonnes d’autres artistes.

* Photo par Cassandra Lacroix.

Polo & Pan a annoncé une surprise durant la soirée.

Et puis… Ana Kuni.

Oui, Ana Kuni, leur fameux morceau tiré d’une prière autochtone (Ani couni chaouani). Une prière qui, soit dit en passant va de même en français : « Père, aie pitié de moi, car je meurs de soif, tout a disparu – je n’ai rien à manger ».

Le duo a beau avoir effectué des explications au sujet du morceau, l’interprétation que l’on peut donner au fait de l’avoir joué est variée. Est-ce de l’ignorance? Du je-m’en-foutisme? Autrement, il se pourrait que, à leurs yeux, il s’agit plutôt d’un hommage que de jouer cette chanson. Le sujet est si sensible et le duo si peu impliqué dans les enjeux autochtones canadiens qu’un acte de prudence aurait peut-être été plus sage et judicieux.

Toutefois, rien ne battra le rappeur slowthai qui, visiblement, portait une croix gammée à son spectacle. Vraiment pas fort. Et je suis gentil.

* Photo par Gab Girout.

n.d.l.r. : Nous avons appris par le biais de plusieurs lecteurs qu’il s’agit plutôt d’un design de Malcom Mclaren et Vivienne Westwood datant des années 1970 et décriant le nazisme.

Plusieurs festivaliers (et même quelques lecteurs) nous avaient toutefois également exprimé leur confusion envers ce gaminet au message confus. Osheaga a par ailleurs tenu à publier ceci par voie de story Instagram :

Précisons qu’en ce qui nous concerne, nous ne nous sommes pas senti blessés, mais nous avons effectivement mal interprété ce message (tout en nous doutant que l’artiste ne cautionnait pas ouvertement le nazisme)…


Retour sur vendredi : Charli XCX et The Kid Laroi

Pendant que le rédac chef voyait Arcade Fire, Turnstile, King Hannah, Parcels et Yeah Yeah Yeahs, l’auteur de ces lignes avait un parcours fort différent. En voici deux moments phares.

Tones and I n’aura pas été la seule jeune sensation pop australienne à avoir offert un spectacle vendredi. The Kid Laroi a su offrir un spectacle chargé et rempli de chansons que le public connaissait, et ce, malgré le fait qu’il n’ait toujours pas sorti un album. La magie d’internet et des réseaux sociaux!

Charlton Kenneth Jeffrey Howard, alias The Kid Laroi, n’aura pas chômé lors de sa prestation et, au bout de seulement quelques chansons, aura enlevé son chandail et aura déjà demandé un moshpit à la foule. Entre-temps, The Kid Laroi aura couru à travers la scène – uniquement décorée d’une genre de longue plateforme blanche – et exprimé sa colère artistique de 1001 manières.

Et pourtant, la force de The Kid Laroi ne réside pas en son impertinence puérile et assez quelconque, mais plutôt dans sa drôle de voix, mélange d’une friture vocale (vocal fry), d’autotune et d’une voix nasillarde. Le tout est agrémenté d’un accent australien. Cette voix est accompagnée d’une recherche musicale intéressante, bien que pas nécessairement épiphanique.

Il sera de retour à Montréal le mardi 9 août prochain, pour un spectacle au MTELUS.

* Photo par Marie-Emmanuelle Laurin.

Le spectacle de The Kid Laroi n’aura même pas été complètement terminé que déjà on pouvait entendre le public de la scène de la Rivière scander « Charli! Charli! Charli! ».

La chanteuse britannique Charli XCX a offert un spectacle à l’image de ses œuvres : riche et éclatant. C’est probablement à la chanson I Love It, fruit d’une collaboration avec le duo Icona Pop, que le public s’est le plus exalté. Dédiée aux personnes homosexuelles dans le public – et elles semblaient nombreuses – la chanson Boys a également eu son lot d’attention.

L’experte en bubble-gum pop joue avec la fine ligne qui sépare les popstars de grande envergure et les artistes pop indie. Difficile parfois de juger si les frasques de la chanteuse britannique sont à la hauteur des attentes, les attentes étant elles-mêmes assez floues.

Un élément – qui peut sembler superficiel, je l’admets – venant renforcer ce flou est le regard de la chanteuse de Vroom Vroom. Charli XCX détient un regard qui semble souvent fatigué, même lorsqu’elle ne l’est pas. Croyez-moi, je suis un admirateur de longue date de Charli XCX, et j’ai pu constater ceci à plus d’une reprise.

Le résultat fait toutefois en sorte qu’elle semble parfois épuisée, voire blasée par son propre spectacle. Et ce, malgré ses nombreuses interactions avec le public et ses chorégraphies riches et énergiques.

« C’est tu moi où elle a l’air fatiguée? », ai-je entendu d’un fan qui connaissait toutes les chansons de Charli XCX par cœur.

Bon, on aura au moins été deux à se dire ça.

Oh, et désolé, pas d’image de Charli XCX! C’est la seule artiste du festival à avoir refusé la présence des photographes.

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