Osheaga

Osheaga 2016 – Jour 2 | Lana Del Rey, HAIM, Charlotte Cardin et plus

La deuxième journée de cette 11e édition d’Osheaga est déjà derrière nous. Disons que le temps passe vite avec une sélection si variée et un choix si vaste de groupes et d’artistes à découvrir ou redécouvrir. Ce samedi, les femmes étaient à l’honneur alors qu’on retrouvait l’iconique Lana Del Rey, le trio endiablé des soeurs de HAIM, Best Coast, Daughter, Aurora et Charlotte Cardin entre autres.

* avec l’aide de Marc-André Mongrain.
Photos par Corentin Hignoul et Karine Jacques.

Charlotte Cardin

La journée débutait sur une note parfaite avec l’étonnante Charlotte Cardin. Son premier EP Big Boy est paru le 15 juillet dernier et on a enfin pu entendre ses chansons sur scène. Et ce n’était pas décevant! Probablement la surprise de la journée, l’ex-participante à La Voix a présenté du matériel solide, bien travaillé et raffiné. Heureux mélange entre la fragilité et la voix singulière de Coeur de pirate et le soul et la plume de Amy Winehouse, Cardin a trouvé son style et l’incarne bien. Le rappeur Husser est aussi venu la rejoindre pour la dernière chanson, Like It Doesn’t Hurt, pour laquelle elle vient d’ailleurs de faire paraître un magnifique vidéoclip.

HUSSER se joint à @charlottecardin pour « Like It Doesn’t Hurt » à #osheaga #osheaga2016

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Certains chanceux auront d’ailleurs pu l’attraper plus tard en après-midi, alors qu’elle a offert in extremis une deuxième performance sur la scène de la Vallée, Frightened Rabbit, le groupe prévu à l’horaire n’y étant pas à temps en raison d’un retard de vol. Les Écossais se sont toutefois repris plus tard, offrant une performance acoustique à la tente de la Fondation evenko. Un beau revirement de situation!

Osheaga 2016 - Frightened Rabbit-2

Photo par Corentin Hignoul.

Misterwives, Hiatus Kaiyote et Daughter

En début journée, on a agréablement découvert le sextet Misterwives, un groupe indie pop originaire de New York. Chansons dynamiques et accrocheuses, c’est principalement l’énergie de la chanteuse Mandy Lee qui a retenu notre attention. Son entrain à la Hayley Williams (Paramore) est indéniable, réussissant tout de même à avoir sa propre personnalité. Un groupe à suivre, définitivement, pour les amateurs du genre.

On se dirigeait ensuite à la scène des Arbres pour tomber dans un tout autre univers, celui d’Hiatus Kaiyote, qui valait le détour. Déjà au premier coup d’oeil, avec le look éclectique de la chanteuse Nai Palm, on savait qu’on allait avoir droit à une perfo qui sortait un peu de l’ordinaire et du style habituel du festival. Et ça faisait du bien. Offrant une sorte de jazz fusion aux touches de funk et de soul, on était transporté dans une sorte de bulle où le monde extérieur n’avait plus d’importance. À revoir en salle, si on peut nous les ramener prochainement…

Osheaga 2016 - Hiatus Kaiote-1

Photo par Corentin Hignoul.

Pour attraper Daughter à temps, il a fallu couper court à Hiatus Kaiyote et ce fût une erreur. Bien que le matériel du trio anglais soit solide sur disque et même sur scène, leur case horaire et le contexte festivalier ne collait pas à leur style. Déjà la voix de la chanteuse Elena Tonra était à peine audible à travers les lourdes guitares de ses acolytes, et ils n’arrivaient tout simplement pas à capter l’attention sous le chaud soleil de mi-journée. On a besoin d’intimité et d’un environnement feutré pour réellement apprécier le travail du groupe. On se reprendra.

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Photo par Karine Jacques.

Kurt Vile, The Arcs et Best Coast

Plus tard en après-midi, la perfo de Kurt Vile nous a laissé un peu sur notre faim, ne se démarquant pas vraiment du lot. C’était un peu la même histoire pour The Arcs, le projet parallèle de Dan Auerbach, leader des très populaires Black Keys.

La maigre foule rassemblée pour le collectif semblait traduire le sentiment. Peu de gens réalisait qui se trouvait sur scène et le matériel du groupe est un peu comme une collection des moins bonnes chansons de Black Keys. Aucune ne ressort réellement du lot sauf peut-être Outta My Mind qui rappelle énormément le style blues-rock du duo. Bref, ce n’est pas encore tout à fait ça scéniquement pour The Arcs, mais ça viendra assurément.

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Photo par Karine Jacques.

Enfin, on se rendait une dernière fois du côté de la scène Verte pour troquer le pop rock de Bastille pour les Californiens de Best Coast, qui attendaient leurs fans de pied ferme. Même s’il faisait bon d’entendre les In My Eyes ou Boyfriend, il semble encore que la performance aurait eu plus de poids dans une salle tamisée. Probablement l’aspect lo-fi de leur son qui cause cette impression. Le groupe a tout de même livré une prestation tout à fait respectable et on espère les revoir dans une salle près de chez nous très bientôt.

Osheaga 2016 - Best Coast-2

Photo par Corentin Hignoul.

HAIM

La meilleure prestation de la journée revient sans contredit aux soeurs HAIM, qui ont enflammé la scène principale en fin de journée. On aurait dû leur accorder la case horaire de Death Cab for Cutie, juste avant la tête d’affiche, tellement leur énergie était contagieuse.

Parfaitement orchestrée, leur grille de chansons était bâtie tout en crescendo, pour créer une montée spectaculaire jusqu’à l’apogée de Falling qui s’est conclue sur une improvisation des trois filles sur une immense batterie transparente.

Pas gênées pour deux sous, les trois soeurs s’adressent également à la foule, chacune avec leur personnalité bien distinctes mais viscéralement unies et complices. Des femmes fortes, inspirantes et surtout, talentueuses (on se rappellera du solo de guitare de Danielle durant la nouvelle chanson Nothing’s Wrong).

Parlant de nouvelle pièce, en plein enregistrement de leur prochain album (qui a occasionné l’annulation de leur tournée européenne) on aura aussi eu droit à un aperçu de la chanson Give Me Just A Little of Your Love. En plus d’une reprise de la chanson I Would Die 4 U de Prince. Décidément la perfo qu’il ne fallait pas manquer ce samedi.  Disons simplement que l’indie rock de Death Cab for Cutie qui suivait manquait un peu d’aplomb, malgré l’excellent set livré.

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Photo par Karine Jacques.

Last Shadow Puppets et Aurora

Si Dan Auerbach n’ose pas trop s’aventurer en sentier hors-Black Keys avec son projet parallèle The Arcs, c’est tout le contraire pour Alex Turner (leader d’Arctic Monkeys) et Miles Kane (des Rascals). Leur formation indie rock baroque The Last Shadow Puppets est un parfait véhicule pour leurs envies de se la jouer « ladies men », charmeurs et frondeurs, une attitude qu’ils adoptent à fond la caisse sans la moindre hésitation.

Dès le départ, Turner (qui est coiffé à la Val Kilmer des années 1980) surprend la foule en entonnant une fort bonne version des Cactus de Jacques Dutronc (!), dans un très bon français par ailleurs, et démontre rapidement que ce spectacle-là sera riche en coups de bassin. À ses côtés, Kane porte un demi-kimono qui ne tardera pas à s’ouvrir pour exposer ses pectoraux suintants.

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Photo par Karine Jacques.

Ça se poursuit ainsi avec les chansons plus rock des deux très bons albums des Last Shadow Puppets, bien soutenues par un quatuor à cordes qui brode le tout d’arrangements raffinés.

Autre clin d’oeil à Montréal, le groupe se lancera dans une interprétation encore une fois très réussie d’une chanson de Leonard Cohen, Is This What You Wanted.

Au terme d’une finale toute en rock, le groupe laissera la foule gonflée à bloc pour la suite de la soirée.

Aurora

Pendant ce temps, du côté de la Scène des Arbres, la jeune chanteuse électro-pop norvégienne Aurora Aksnes se donnait en spectacle avec son groupe, qui porte son prénom. Très à l’aise sur scène, elle bouge de façon magnifique au son de ses chansons qui l’enivrent visiblement. Lorsqu’elle communique avec le public, on la sent fébrile, débordante d’une énergie juvénile rafraîchissante.

Musicalement, les similarités avec CHVRCHES sont assez évidentes, mais on y retrouve aussi des effluves de Lykke Li et une touche un peu vaporeuse presque new wave qui rend certains pièces moins engageantes. Mais la jeune femme de 20 ans, toute menue mais très présente, compense amplement pour les titres plus ennuyeux avec une approche scénique flamboyante d’un naturel désarmant.

Photo par Karine Jacques.

Photo par Karine Jacques.

Lana Del Rey

La deuxième journée prenait fin sur une note de pop langoureuse avec la vaporeuse Lana Del Rey. Fidèle à elle-même, elle n’a pas occupé la scène de manière spectaculaire, mais a tout de même réussi à combler ses fans inconditionnels qui l’acclamaient tout au long de la courte prestation. Elle s’en est tenue à 15 chansons, écartant certains (excellents!) succès comme West Coast, Young and Beautiful ou National Anthem.

Elle semblait par contre plus heureuse qu’à l’habitude, pas trop ennuyée, souriant très souvent à ses fans, laissant son air dépressif de côté. Bien sûr ses manières y étaient toujours, mais que serait un concert de Lana Del Rey sans le personnage ?

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Photo par Corentin Hignoul.

Commençant en force avec Cruel World, Cola, Blue Jeans et une version a capella de Trash (Miss America), les feux d’artifices présentés à La Ronde se sont mis de la partie durant la populaire Born to Die. Ce qui crée toujours des moments un peu surréels.

Le problème principal avec Del Rey, c’est son manque flagrant d’authenticité. On a beau savoir qu’elle est un produit manufacturé de A à Z, son manque de naturel et de spontanéité affecte grandement l’appréciation du spectacle.

Ses deux choristes et danseuses ne manquent à l’inverse pas du tout d’entrain et même si leurs chorégraphies sont souvent clichés, elles amènent une dimension intéressante au tout. Tout comme les musiciens d’ailleurs, qui ont livré tout un jam de qualité lors de la dernière chanson, Off to the Races. Dommage que la soirée se terminait alors que musicalement, ça commençait enfin à prendre du poids. Ceci dit, Lana Del Rey s’améliore peu à peu scéniquement, et c’est tant mieux.

Photo par Corentin Hignoul.

Photo par Corentin Hignoul.

On se dirige maintenant vers une troisième et dernière journée (déjà!) de festival, avec la pièce de résistance: Radiohead.

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