Orchestre Métropolitain

Orchestre Métropolitain : Les beautés de la nature selon Rivest

Le concert de l’Orchestre Métropolitain hier soir avait pour thématique la nature et ses beautés naturelles. Pour illustrer ce sujet, le programme choisi, très éclectique, nous permettait de peindre de quatre manières différentes les paysages qui nous entourent. C’était le chef d’orchestre Jean-François Rivest qui dirigea la soirée dont la musique fut la véritable soliste.


L’ouverture de l’opéra Le Vaisseau Fantôme de Wagner débuta le concert. Inspirée par la légende du Hollandais volant, cette ouverture est un condensé des principaux thèmes que l’on retrouve dans la partition opératique. On aura pu remarquer quelques accidents dans l’orchestre mais il faut préciser que l’oeuvre est plutôt complexe et ce n’est pas forcément évident d’ouvrir un concert avec.

La seconde pièce au programme, De natura sonorum, une création en première mondiale, est une véritable ode à la nature canadienne. Initiée par Jean-François Rivest qui a réuni cinq compositeurs canadiens aux styles variés, elle propose de redécouvrir les différents paysages qui traversent le Canada, partant de l’Est et jusqu’à l’Ouest, à travers cinq petites pièces.

La première, Mundus Novus : Les maritimes de Aiden Hartery fait entendre la mer de l’océan à travers des harmonies plutôt classiques et reproduit le chant des baleines à bosses via un traitement orchestral mêlant violoncelles, contrebasses et cors. La seconde, Le bouclier canadien, composé par Alexandre David, propose une vision plus industrielle du Canada, notamment avec la province du Québec ; on peut y retrouver beaucoup de sonorités américaines comme dans le West Side Story de Bernstein. Arsaniit : Le grand nord d’Evan Ware explore les grands espaces nordiques avec les aurores boréales et les oiseaux arctiques.

Karen Sunabacka, la seule femme du quintette, nous fait voyager avec Les prairies dans des espaces plus forestiers ; on y entend les petits animaux ou encore quelques oiseaux mais aussi des pas sur la neige.

C’est finalement avec l’arrivée dans les Rocheuses que l’on termine cette exploration du Canada. Éric Champagne nous propose  avec le Finale : La côte ouest de nous faire entendre l’immensité de ces espaces, retransmis par de grands accords cuivrés.

Les Canadiens peuvent être fiers de cette oeuvre qui rend un très bel hommage à leur pays. On peut sentir une véritable cohésion entre chaque pièce malgré une patte sonore propre à chacun des compositeurs. Le but premier de faire surgir les différentes visions du pays dans l’imaginaire du public est entièrement réussi.

 

Partition chère à Rivest

C’est avec la Symphonie n°7 de Sibelius, la dernière, que la deuxième partie du concert s’amorça. Oeuvre en un seul mouvement, d’une durée plutôt courte (une vingtaine de minutes), moins jouée et en Do Majeur (la tonalité de la nature), elle révèle un nouveau moyen de penser la musique. En effet, ce ne sont plus des thèmes ou des motifs rythmiques qui sont le fil conducteur de l’oeuvre mais plutôt la métamorphose perpétuelle que l’on retrouve en l’écoutant.

On peut sentir dans l’interprétation que Jean-François Rivest est dans son élément et qu’il connaît l’oeuvre sur le bout des doigts (il a d’ailleurs précisé au micro que c’était l’une de ses partitions préférées). On y entend des sonorités typiques de Malher – mais plus nordiques – et l’orchestre paraît également avoir bien intégré l’oeuvre qui s’apparente beaucoup à un poème symphonique. Ce fut probablement le moment le plus abouti de toute la soirée avec des couleurs très recherchées et une belle solidité.

Pour finir le concert, c’est La Tempête, fantaisie symphonique d’après Shakespeare de Tchaikovski que l’on a pu découvrir. La nature fut cette fois-ci décrite sous une toute autre forme avec ses tourments et ses moments parfois impitoyables.

Sur plusieurs plans, on pourrait associer cette pièce à celle de Wagner entendue plus tôt bien qu’elle soit un peu plus facile d’accès. Il n’en reste pas moins qu’elle fut ponctuée ici et là de petits décalages ou anicroches chez plusieurs sections. L’une des forces de Mr. Rivest est son énergie et sa facilité à manier l’intensité orchestrale bien qu’il arrive parfois que l’on dépasse les limites de l’orchestre. C’est un peu l’impression qu’il en est ressorti de La tempête où on sentait les musiciens soucieux de tout donner (l’oeuvre demande une grande exaltation) mais limités par les difficultés techniques liées à leurs instruments.

Malgré tout, on ne peut enlever cette fougue et cette implication qu’il ressort de l’orchestre en général et qui fait de chaque concert un franc succès et surtout un réel plaisir pour le public. Celui de hier en fut encore un parfait exemple.

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