Orchestre classique de Montréal | Programme de feu avec Carmina Burana et La Symphonie de la tempête de verglas à la maison symphonique

L’Orchestre Classique de Montréal a débuté le programme d’hier soir avec La Symphonie de la tempête de verglas en première mondiale. Dans l’oeuvre forte en images de Maxime Goulet, prolifique compositeur québécois, la glace s’est posée sur la maison symphonique comme en plein mois de Janvier. Il s’agit bien de la tempête de 1998 telle que vécue au Québec que le compositeur a brillamment mise en musique, bien que certains éléments ont pu rappeler la plus récente qu’on a pu vivre cet hiver. Suivie par Carmina Burana de Carl Orff,  on peut parler d’une soirée tout en contraste où le chaud et le froid se sont rencontrés.

 

La Symphonie de la tempête de verglas

Le premier mouvement de cette symphonie qui en compte quatre débute par la Tourmente. Les musiciens soufflaient bruyamment pour mimer le vent dans les branches.  Les percussions, bien à l’honneur dans ce mouvement, mimaient à merveille le paysage sonore d’une tempête de verglas. Afin qu’on entende les branches craquer sous le poids de la glace, Maxime Goulet a créer une véritable ambiance dans laquelle on écoutait les gouttes de verglas se poser sur les toits, la glace se figer, les transformateurs exploser. Les musiciens tapotant sur leur instrument, on s’y croirait, en janvier 1998.

Les contrebasses à l’unisson dans ce mouvement ont entonné le thème et donné le ton musical à cette ambiance inquiétante. Sous le vrombissements des cordes, on attendait quelque chose de grave et la section cuivre appuyait sur ce tourment. Sous une direction que je qualifierais de discrète du chef Alain Trudel, l’anxiété était palpable. Les éclairages qui font rarement partie du spectacle à ce point dans la Maison symphonique soulignait bien la tempête.

Le deuxième mouvement, Chaleur, était en fait un hommage à la solidarité des Québécois lors de cet épisode météorologique catastrophique. Le compositeur souhaitait rappeler les veillées chaleureuses d’antan et cela fut en effet bien présent tout au long du mouvement. Le premier violon a entamé un reel à faire bondir quiconque de sa chaise si on avait pas tous été assis sagement dans la Maison symphonique. On a pu entendre un joli solo de clarinette également.  Le son des cuillères de bois rappelait aussi l’aspect folklorique en plus de rendre ce mouvement très festif. Un peu plus et on se mettait tous à taper des mains.

Le troisième mouvement, Noirceur évoquait la nuit profonde et se voulait un hommage aux personnes décédées pendant la tempête. En outre, la mémoire de la violoncelliste Lotte Brott fut honorée dans cette partie du spectacle par un solo de violoncelle bien senti. La douleur apparaît dans cette complainte en écho au destin tragique des disparus. Un thème lancinant assez simple somme toute illustrait bien cet élégie. On était davantage dans la froideur que dans le mélodrame ici.

Le quatrième mouvement, Lumière  au sens propre comme au figuré célébrait le retour de l’électricité! Le rythme militaire à la caisse claire rappelait l’implication des soldats canadiens entourant l’événement météorologique. Les éclairages encore une fois au rendez-vous ajoutait à un long crescendo appuyé par les percussions.  Et la lumière fut! Bien appuyée par les cors triomphants.

 

Carmina Burana

Par la suite, l’oeuvre fort connue Carmina Burana nous a été offerte. Les  24 poèmes se sont enchaînés sans qu’on aie vu le temps passer. En entonnant le fameux O Fortuna dans la Maison symphonique, le chœur de Laval et les Petits Chanteurs du Mont-Royal ont fait frissonner toute la salle. Véritable remède contre l’apathie, l’Orchestre Classique de Montréal a offert une belle performance.  Un peu pressé dans le rythme, le chef Alain Trudel montrait un baguette très enthousiaste dans cette portion du spectacle.

Les voix masculines chorales dans le Fortune plango vulnera étaient bien justes et affirmées. Mention aux flutes traversières qui ont su bien donner la réplique à celles-ci.   Le baryton, Hugo Laporte, a offert une performance tout en nuance dans le Omnia Sol temperat. Sa voix et son interprétation dans Estuans intenos était plus à l’aise que dans la portion Stetit puella Latin où la tessiture vocale ne semblait pas avoir l’étendue exigée par ce morceau.

Dans les voix impressionnantes est apparu au balcon à gauche de la scène, le ténor Antoine Bélanger dans  le Olim lacus coluram.  Celui-ci a livré une performance imposante avec grâce et bien incarné. La théâtralité de son apparition a su marquer l’auditoire.

Dans la même veine, la soprano Aline Kutan a également fait bonne figure. Chantant en majorité dans les derniers poèmes de Carmina Burana elle a démontré une excellente maîtrise de sa voix en particulier dans le poème In trutina.  Les voix claires et la rythmique juste des Petits Chanteurs du Mont-Royal venaient ponctuer cette fabuleuse deuxième partie.

C’est avec panache que s’est donc terminé la saison l’Orchestre Classique de Montréal dans ce programme de glace et de feu qui n’a certainement laissé personne indifférent.

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