NeDerlands Dans Theater à Montréal (avec Hofesh Shechter, Crystal Pite et le duo León/Lightfoot) | Soirée triple à ne pas manquer!

Le Nederlands Dans Theater nous avait enchanté lors de son dernier passage à Montréal lors de la saison 2016-2017. Sa présence à l’affiche de la saison 2019-2020 de Danse Danse en fait le point culminant de la saison. Le programme triple proposé rassemble le meilleur de la danse contemporaine actuelle. Du « Vladimir » d’Hofesh Shechter au théâtral « The Statement » de la canadienne Crystal Pite, pour terminer par « Singulière Odyssée » du duo León/Lightfoot, les trois pièces proposées proposent des univers très différents qui mettent tous en valeur le travail exceptionnel de la compagnie néerlandaise basée à La Haye.

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Incontournable

Ce n’est pas compliqué, lorsque le Nederlands Dans Theater (NDT) est à l’affiche, l’achat de billets devrait être automatique, quel que soit le programme.

La réputation de la troupe néerlandaise, souvent qualifiée comme l’une des meilleures compagnies du monde, n’est pas surfaite. Danseurs et danseuses interprètes à la technique irréprochable, chorégraphes à la renommée internationale non usurpée, financement, tous les éléments sont en place pour passer une soirée de danse mémorable.

Cette année, quatre chorégraphes sont à l’honneur dans trois oeuvres. Les deux premières pièces sont Vladimir de Hofesh Shechter et The Statement de Crystal Pite. Les deux chorégraphes de renommée internationale sont bien connus du public montréalais qui a eu l’opportunité de voir plusieurs de leurs œuvres dont Revisor (Crystal Pite) l’année dernière et Grand Finale (Hofesh Shechter) l’année d’avant grâce à la programmation de Danse Danse. Singulière Odyssée, la troisième pièce au programme, est une création du directeur du NDT Paul Lightfoot et de Sol León. Les deux chorégraphes étaient à l’origine de Sennsucht et Stop-Motion présentés lors de la dernière visite du NDT au Théâtre Maisonneuve.

Vladimir, The Statement et Singulière Odyssée ont en commun d’avoir été créées par des artistes contemporains de renom pour une troupe internationale d’une qualité rarement égalée. Autant dire que nos attentes étaient à la hauteur de la réputation de la compagnie et des chorégraphes. Spoiler… loin d’être déçus, nous avons adoré les trois pièces!

 

Vladimir

La soirée commence avec Vladimir, la deuxième pièce qu’Hofesh Schechter a créée pour le NDT. Dans un décor qui nous fait immédiatement penser aux gigantesques sculptures de Richard Serra, 15 danseurs se battent, se révoltent, s’aiment. Ils forment un continuum en mouvement.

Une masse fluide dont les éléments se détachent et se retrouvent sans interruption. Si aucun danseur ne se différencie des autres, c’est tellement le chaos pensé par le chorégraphe est savamment orchestré. Tout en conservant leurs qualités individuelles, les danseurs font partie de ce tout représentant la jeunesse d’aujourd’hui.

Nous retenons notre souffle pendant 30 minutes sur une trame sonore un peu angoissante et très intense créée par le chorégraphe aux talents multiples. De ces 30 minutes, nous avons tout aimé, il n’y avait rien à jeter. D’ailleurs, le public semble être d’accord avec nous puisqu’il se lève rapidement pour sa première ovation.

 

The Statement

Après un entracte d’une quinzaine de minutes, nous sommes rappelés à l’ordre par la sonnerie caractéristique des théâtres. Sur scène, les gigantesques murs orangés sont remplacés par une table allongée surplombée d’un plafond bas. Deux danseurs et deux danseuses semblent prêts à prendre le métro avec nous demain matin en direction des bureaux du centre-ville.

The Statement est le fruit d’un nouveau partenariat entre Crystal Pite et le dramaturge Jonathon Young. La trame sonore est principalement constituée de voix enregistrées, un dialogue kafkaïen à propos d’un Statement à remettre…une équipe a provoqué une guerre sur commande d’une hiérarchie qui veut les laisser porter le chapeau. Les danseurs miment les dialogues : doigts accusateurs, mimiques faciales exagérées, déplacements furtifs…nous entrons immédiatement dans l’univers des quatre travailleurs.

Aux rires initiaux du public provoqués par l’interprétation théâtrale des danseurs, suit un profond silence. Après la musique intense de la première partie, le Théâtre Maisonneuve au complet est plongé dans une ambiance d’interrogatoire. En quelques minutes, Crystal Pite a connecté les danseurs au public qui garde les yeux rivés vers cette table centrale. Nous restons ébahis devant la légèreté des danseurs qui ne font aucuns bruits en dansant. Bien qu’une histoire est comptée sur scène, c’est la danse qui reste à l’avant plan et nous émerveille pour une seconde fois ce soir.

 

Singulière Odyssée

Deuxième standing ovation. Deuxième entracte. Un entracte un peu long d’ailleurs. The Statement n’a duré que 19 minutes et le deuxième entracte nous semble plus long. On s’affaire derrière le rideau, bruits de forages, de planches qu’on déplace.

Au lever du rideau, la salle de réunion avec sa table centrale a laissé place à la salle d’attente art déco de la Gare Centrale de Bâle. Nous sommes alors confrontés à un troisième univers. Des passagers se croisent, interagissent ou non, dans un style néoclassique aux lignes parfaites sur une composition originale de nul autre que Max Richter : Exiles. La musique est sublime, les danseurs aussi. Nous profitons des 30 dernières minutes en compagnie du NDT. Vous l’aurez deviné, troisième tomber de rideau, troisième ovation debout, amplement méritée alors que Sol León et Paul Lightfoot rejoignent les danseurs sur scène pour le salut final.

Le public montréalais avait attendu 20 ans pour revoir le NDT lorsqu’ils sont venus en 2017-2018. Cette fois-ci il n’a pas fallu attendre autant et c’est tant mieux. Le NDT ne semble pas pouvoir se tromper. Chorégraphes d’envergure internationale, danseurs virtuoses venant de partout dans le monde, des compositions musicales de qualité sur des effets de lumières à couper le souffle. Nous recommandons à quiconque intéressé de près ou de loin par la danse de s’acheter un billet.

Le NDT est en représentation au Théâtre Maisonneuve les soirs du 10 au 14 mars 2020 à 20h.