Ne obliviscaris

Ne Obliviscaris aux Foufs | Rituel païen dans un igloo!

Ce dimanche dernier, la première neige est tombée sur Montréal. Cela n’a pas empêché le déplacement d’un important public aux Foufounes Électriques, pour voir Unbeing, Allegaeon et Ne Obliviscaris! Depuis début novembre, les groupes sont en tournée nord-américaine. Les têtes d’affiche présentent leur nouvel album « Urn », sorti le 27 octobre dernier. Résumé d’une soirée tribale, où le les âmes transies de froid ont festoyé! 

Ne Obliviscaris : feu de joie immense

Le dernier passage de Ne Obliviscaris remonte à l’été dernier, au Café Campus. Étant donné l’imposante quantité de spectateurs aux Foufs, on constate que ce spectacle aurait dû avoir lieu au MTELUS, au moins! Accueillis comme des rois, les Australiens ont allumé un gigantesque feu autour duquel la communauté des pwels s’est rassemblée. La particularité du groupe est d’avoir un violoniste, qui officie également en tant que chanteur clean. Cela donne une saveur de plus! D’ailleurs, il y a deux chanteurs. Un aigle et un corbeau se sont élancée, surplombant la scène conviviale… Avec Ne Obliviscaris, malgré le nombre élevé de personnel (6 musiciens), il n’y a rien de superflu. Tout est à la bonne place, comme un casse-tête magnifiquement assemblé.

Ne Obliviscaris a donc dessiné des motifs énigmatiques sur les parois d’une grotte de glace, avec le sang versé lors des précédents sacrifices… La tribu s’est émerveillée devant ces incantations soignées. Rassemblée au chaud dans cet énorme igloo, elle a joyeusement pris part à ce rituel païen. Somme toute, une prestation magistrale qui réconforté bon nombre d’âmes engourdies… Superbe échappatoire contre le cruel quotidien.

Montreal was completely insane last night! Thank you. Tonight we play Boston. Photo by @petrescumihaela #neobliviscaris #montreal #urn

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Unbeing : les bases solides de l’igloo

Plus tôt en soirée, le quintette de Montréal (qui s’autoproclame de style « ProgEpic InstruMetal ») a magnifiquement entamé la soirée… Ils ont empilé bloc après bloc de longues chansons, compactes et intellectuelles. Une musique vraiment méchante, mais aussi aérienne et mélancolique. L’absence de chanteur ne nuit pas à l’ensemble — il y a déjà amplement d’émotions! Les guitaristes faisaient des accords complexes, démontrant une excellente maîtrise de leurs instruments. Malheureusement, on n’entendait pas beaucoup le claviériste, à part lors de son solo… Dommage, car ses envolées lyriques semblaient fabuleuses! Bref, Unbeing a construit de solides fondations à cet igloo…

Allegaeon : rouge sur blanc

Allegaeon (signés sous Metal Blade Records) a poursuivi la construction de l’habitation nordique, déployant des forces sardoniques. Ces métalleux du Colorado étaient aux commandes d’une fabrique industrielle… Ils ont séduit, avec leur puissance et leur minutie. Leur redondance fut sauvée grâce au très versatile Riley McShane, qui a notamment exécuté des chants de gorge. Nos âmes se sont également évadées dans de sublimes interludes orchestraux… Avec leur death metal mélodique, ils nous ont enfoncé mille coups de glaçons acérés dans la peau. Le sang a giclé avec précision, maculant la neige auparavant immaculée. Comme disait Baudelaire : « Il me semble parfois que mon sang coule à flots / Ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots »…

Hi Montreal! Let's get it! ?: Derek Carr #allegaeon #neobliviscaris

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Étancher l’hémorragie

Bref, les trois groupes présents ont allumé imposante flamme dans l’oeil de leurs admirateurs. Le travail acharné et méthodique se ressent dans la force de leur musique… Ils furent donc constructeurs de solides abris. Une évasion consolatrice face aux aléas de ce frimas intense, qui revient à chaque année, mais qu’on oublie pourtant. Tout comme le comme le sang de Baudelaire, qui se répand… « A travers la cité, comme dans un champ clos / Il s’en va, transformant les pavés en îlots / Désaltérant la soif de chaque créature / Et partout colorant en rouge la nature »… Ah! Seule la musique peut éponger ce saignement…

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