Festival MUTEK

MUTEK 2025 | Nicola Cruz control

MUTEK vient de conclure son édition 2025 avec une sélection de spectacles toujours d’aussi grande qualité. Le festival consacré aux musiques et aux arts numériques présentait une fois de plus des événements nocturnes du côté du MTELUS (encore mentionné dans leur programme comme le Métropolis, ce que l’on apprécie!), avec celui du samedi 23 août dernier sous la gouverne du producer Nicola Cruz. Si la soirée était pleine de promesses, le résultat, lui, était plutôt décevant.

Satoshi Tommie

Le DJ tokyoïte passait en deuxième sur une fiche bien remplie de cinq artistes, incluant également la Montréalaise RAMZI que je n’aurais pas eu la chance de voir.

En contrôle de ses platines, le Japonais se permet des explorations sonores engageantes. Plutôt que d’uniquement enchaîner des morceaux, il joue sur des effets de strates sonores parfois déroutantes, mais qui s’enfilent et s’empilent bien, permettant un mélange plus ou moins cohérent de prime abord. Le résultat, lui, l’est par contre.

satoshi tomiie

Ses sélections musicales témoignent aussi d’une belle variété, mais avec une direction facilement identifiable qui unie le tout. On se promène majoritairement dans l’univers de la techno minimale, avec des accents tribal bien présents, question de mettre la table pour le set de Nicola Cruz qui suivra, de même que des plages plus ambiantes lors de transitions souvent très bien exécutées malgré des changements marqués dans les BPMs par moment. Ça témoigne d’une belle maîtrise de ses moyens et d’un goût du danger que l’on apprécie grandement. S’il y a bien un endroit où essayer des choses et sortir de ses propres sentiers battus, c’est MUTEK.

Nicola Cruz

Le franco-équatorien était sans conteste l’une des têtes d’affiche de cette édition 2025 avec trois spectacles à l’horaire : l’un en mode DJ set, l’autre (celui qui nous intéresse ici) en mode live et le dernier en duo avec machìna pour leur projet commun Kaiwa. La prémisse est prometteuse, disons-le : Nicola Cruz est un touche-à-tout à la démarche fort intéressante. Il jumèle des sons techno et des bidouillages électroniques à des éléments du folklore sud-américains, allant chercher des textures ambiantes, du field recording et des captations de flûtes et de percussions traditionnelles pour créer un nouveau paysage sonore aux frontières agréablement changeantes.

Après un enchaînement relativement long sur scène (pour les standards des événements de musique électronique du moins, équipements plus complexes que de simples CDJs obligent), le producer attaque lentement, mais sûrement.

nicola cruz gp i

Ses premières sélections sont minimales au niveau mélodique, mais s’approchent parfois d’un surprenant son warehouse dans leur essence, ce qui n’est certainement pas une mauvaise chose en soi. On est toutefois loin de ce qu’il a de mieux à offrir sur album, mais ça passe tout de même bien auprès d’un public qui semble là pour danser (à voir la quantité de gens se mâcher les joues…). La direction sonore est claire, les éléments s’enchaînent de façon cohérente, mais on remarque tout de même quelques enjeux au niveau des basslines. Certaines transitions sont un peu brusques de ce côté, et on entend parfois de subtiles erreurs dans le beatmatching. Rien de dramatique, surtout si l’on n’y porte pas attention, mais qui restent tout de même bien présentes. Le genre de chose qui dérange un peu sans que l’on sache trop pourquoi.

Après une bonne trentaine de minutes, on arrive enfin aux rythmes tribal auxquels on s’attendait, mais sans non plus que ce soit 100% assumé dès lors. La transition se fait très progressivement, question de respecter une évolution cohérente dans le son. Mais de la part d’un artiste qui arrivait avec une attente claire de la part du public, c’était peut-être trop peu trop tard.

Si le dancefloor restera présent tout au long du set du producer, avec une foule bien avancée vers la scène question de capter le son de subwoofers qui auraient certainement plus cracher plus, il reste tout de même que son exécution et ses explorations sonores sont très intellectuelles par moment, bien plus que dansantes. Le résultat est donc parfois linéaire, et manque de surprises et de mélodies auxquelles s’accrocher. Ce sera réglé plus tard lorsque les flûtes compressées qui caractérisent si bien l’artiste feront leur entrée, mais l’ensemble laissera tout de même une impression d’avoir été sur le pilote automatique pendant une bonne partie de la performance. Un set qui n’est donc pas entièrement mauvais en soi, mais on se serait tout de même attendu à plus de la part d’un artiste aussi célébré.

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