Air à la Place Bell | Moon Safari 25 ans plus tard : Un voyage rétrofuturiste exaltant

Dieu seul sait combien de nuits et d’aubes floues les musiques de l’album Moon Safari ont accompagné, mais à sa sortie en 1998, cet album semblait être partout. Outre les after hours, il était présent dans les centres commerciaux, sur les bandes sonores et dans les cafés. Il fut l’élément déclencheur d’une irrésistible vague de musique chill-out qui allait marquer l’époque. 25 ans se sont écoulés depuis, c’est donc avec curiosité que nous approchions ce retour à la source.

Moon Safari revisité

Il règne une ambiance bon enfant à notre arrivée dans l’amphithéâtre lavallois, la foule bigarrée attendait impatiemment le début du spectacle lorsqu’un batteur à la tignasse et à l’allure désinvolte se dirige vers le kit au centre de la scène. Tout de blanc vêtu, il se met à battre le rythme tandis qu’une projection massive rétroéclairée nous introduit au voyage céleste qui nous attend. Le son de la batterie retentit en même temps que les acclamations qui accueillent Godin et Dunckel, apparaissant de chaque extrémité de cette impressionnante boite lumineuse. Le duo emblématique est aussi vêtu de costumes coquille d’œuf assortis, ils se dirigent vers leur instrument respectif.

Les premières notes d’ouverture de La Femme d’Argent suscitent une enthousiasme collectif. La ligne de basse mainte fois entendue et le synthé planant se mêlent à la mélodie vagabonde. Ce morceau nous élève dans un coin de l’univers qui ressurgit de notre passé, l’écran de fond émet une lueur blanche pure, silhouettant le groupe. Puis la lumière pulse tandis que la basse se lance dans un jam répétitif de transe, la batterie elle, explose dans une apothéose triomphante.

L’impressionnante boite lumineuse, dans laquelle les musiciens prennent place, qui nous rappelle 2001 : L’Odyssée de l’espace, a été conçue par Antoine Jorel et Pierre Claude, tous deux directeurs artistiques et éclairagistes. L’installation témoigne de la longue relation créatrice et synergique que le groupe entretient avec le bâtiment. Avant de se consacrer entièrement à la musique, Nicolas Godin, guitariste et claviériste du duo, a étudié à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles. D’ailleurs son père, Philippe Godin, est architecte. Par moments, le dispositif semble rendre l’image claire comme du cristal ou rêveusement floue, c’est assez fascinant.

Pour en revenir au spectacle, Il est étrange de penser que plus de 25 ans se sont écoulés depuis qu’un jeune duo français s’est embarqué pour un voyage dans le cosmos de la pop pour en revenir avec un classique intemporel qui, aujourd’hui, attire une horde d’admirateurs nostalgiques avides de l’entendre. Oui l’ambiance est chargée de nostalgie, mais le trio livre Moon Safari dans un spectacle audiovisuel qui va bien au-delà d’un passé lointain. La performance est propulsée par une technologie qui était inconcevable en 1998. Air a réimaginé des chansons intimement familières dans une extravagance audiovisuelle spectaculaire. C’est un véritable voyage qui nous est proposé.

La première partie sera entièrement consacrée à Moon Safari, interprété intégralement et dans le même ordre que les pièces apparaissaient initialement sur l’album.

La seconde partie du concert nous a permis d’entendre plusieurs autres belles œuvres, tirées de leur scintillante discographie. Radian de l’album 10,000 Hz Legend a mis la table pour ce qui allait être une anthologie des années qui ont suivi le succès de Moon safari. On a pu y entendre l’influence de groupe tel Pink Floyd et Kraftwerk, Electronic Performers en est un exemple frappant.

Force est d’admettre qu’il est difficile de ne pas s’extasier devant les paysages sonores que le groupe nous a offerts. Les mélodies impeccables et les harmonies luxuriantes ont été constantes. Une imagerie rétrofuturiste, des lignes de basse qui vous retiennent dans un groove aérien et des synthés éthérés ont su nous transporter dans un univers opulent, intemporel et unique.