Montréal Complètement Cirque 2016 | Pour le meilleur et pour le pire : Rien que le meilleur !

Sur le site de la Cité des arts du cirque, dans le quartier Saint-Michel, se sont ajouté manèges et kiosques donnant une allure de fête foraine à ce lieu unique, pendant le Festival Montréal Complètement Cirque qui vient de prendre son élan. Voisin de la TOHU se dresse un petit chapiteau de 350 places où est présenté un réel petit bijou en forme de coup de cœur, le spectacle du Cirque Aïtal, Pour le meilleur et pour le pire.

Battant pavillon français, le duo  franco-finlandais Victor Cathala et Kati Pikkarainen, qui forme un vrai couple dans la vie, nous entraîne dans leur intimité d’artistes de cirque perdus entre ciel et terre, cherchant ses repères, et faisant pousser des fleurs dans la poussière, avec notre plus grand plaisir. Créé en 2011, Pour le meilleur et pour le pire a été joué plus de 350 fois depuis.

Ils ont d’abord été partenaires de cirque avant de se retrouver en couple, et ça paraît tout de suite par la façon qu’ils ont de se regarder dans ce spectacle hybride d’une belle intelligence. C’est seulement la deuxième fois que le Cirque Aïtal vient à Montréal, la première remontant à un bon dix ans, soit avant la création de Montréal Complètement Cirque qui, pour sa 7e édition, réalise là une belle prise.

Le chapiteau où est présenté le spectacle est un vrai chapiteau de cirque, avec sa piste en terre battue et ses gradins circulaires en bois dur où les spectateurs sont entassés comme des sardines, pareillement aux images de cirques ambulants que plusieurs ont connu enfants.

Photo: Mario del Curto

Photo: Mario del Curto

Entre, en franchissant un rideau étroit, une curieuse autant que petite et vieille voiture rouge, plus précisément une Simca 1000.  Au volant, un homme à la carrure de bûcheron, cheveux bouclés et barbe épaisse, que l’on soupçonne être un colosse au cœur tendre. À ses côtés, toute mignonne, mais à la voix dominante, sa compagne d’infortune.

Après avoir étendu sur la terre sèche une serviette de plage, ils n’hésitent pas à se mettre en maillot et à jouer aux vacanciers. Mais, comme dans la vie, les disputes viennent on ne sait d’où, ce qui donne des corps à corps réinventant le main à main et les prouesses acrobatiques toujours originales.

Elle, toute menue, paraît légère et gracile comme un oiseau, mais elle doit quand même peser au moins cent livres au bout du long tuyau d’échappement de la voiture transformé en perche où elle se hisse tout en haut alors que le colosse agile tient cette perche en équilibre sur son front ou son épaule.

Il faut dire que cette voiture rouge est l’accessoire de cirque le plus intrigant que l’on puisse rencontrer. Véritable coffre aux trésors truqué par des mécanismes complexes, avec ses portes et ses sièges amovibles, son capot d’où sortiront des blocs de béton aussi bien qu’un boyau d’arrosage, et sa valise renfermant quoi encore? Cette petite voiture qui klaxonne, phares allumés, crachant du lave-vitres, avec une odeur de gazoline mêlée à la poussière de terre en suspension dans l’air, demeure un mystère, car, le croirait-on, elle avance aussi bien qu’elle recule sans même un conducteur à son bord?

Et puis, alors qu’on ne voit plus d’animaux au cirque, se trouve avec eux un beau chien, dressé par elle, qui lui obéit au doigt et à l’œil. De ce couple drôlement assorti, avec son chien savant qui vient tempérer leurs disputes, se dégage une poésie émouvante où le réel se mélange au complètement loufoque, le tout traduit en figures acrobatiques aériennes des plus saisissantes.

La musique de Helmut Nünning, mêlant les genres selon l’humeur ambiante, et les caprices de la radio en complément de la  création sonore et électronique d’Andreas Neresheimer, les lumières de Patrick Cathala (il y a un troisième Cathala, Simon, à la régie technique), et la « construction scénographique » d’Alexander Bügel, font de ce spectacle aussi inclassable qu’attendrissant, un surprenant objet circassien de 60 minutes pour le moins immense!

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