Mogwai au Théâtre Corona | Cocons arachnéens
Le groupe de post-rock britannique Mogwai a capturé le Théâtre Corona dans ses filets, à la manière d’une araignée, lors d’un froid mercredi soir de décembre. Cette année, en septembre, ils ont lancé « Every Country’s Sun », leur neuvième album studio. Le groupe est donc en tournée mondiale depuis cela, avec Xander Harris pour la partie nord-américaine. Même si Mogwai est déjà passé par Montréal en janvier, la ville a chaleureusement reçu à nouveau les légendes du post-rock. Sors-tu.ca vous présente son compte-rendu d’une soirée où la « dolce vita » était mise de l’avant!
Xander Harris: performance expérimentale devant l’indifférence
En première partie, Xander Harris (de son vrai nom Justin Sweatt), du Texas, a présenté son projet de « dark synth ». Et non… Ce n’était pas un personnage de Buffy contre les vampires!
Le musicien solitaire et énergique s’est démené sur ses synthétiseurs et nombreux effets, alors que le public… jasait. Ça parlait fort, vraiment, on aurait dit une soirée dans un bar, et non un spectacle! Le public a toutefois eu la modeste amabilité d’applaudir entre ses chansons… Est-ce parce qu’il manquait un support visuel? Des projections auraient été bienvenues, sur cette musique ambiante, plus appropriée à écouter sur disque… En effet, qu’est-ce qu’il y avait à regarder? Et où se situe la limite, d’ailleurs ? Sors-tu.ca vous questionne sur cette notion… À quel moment un artiste offre-t-il une réelle performance scénique?
Mogwai: Tisseurs d’abris dans le Théâtre Corona
Un Mogwai, c’est d’abord une petite créature poilue et attachante — Gizmo, dans l’histoire des Gremlins.
Ça veut aussi dire « mauvais esprit » en chinois. C’est pourtant très loin de l’ambiance créée par le groupe homonyme!
Mogwai était une gigantesque et magnifique araignée, qui a tissé habilement sa toile sur le Théâtre Corona. Proie consentante de cette créature à plusieurs têtes, le public s’est laissé piéger par sa douce et robuste soie musicale. À partir d’une matière dense, Mogwai a créé un vaste cocon, et les âmes se sont bercées dans sa musique aérienne. Les maîtres du post-rock ont ainsi créé un fil de sécurité, comparable à un cordon ombilical. Non seulement ils tenaient le public, mais ils le transportaient librement, à la découverte de lieux rêveurs… Immobile, vraiment silencieux comparativement à la première partie, l’audience a contemplé, a écouté. Il a observé le satin s’enrouler autour de lui, devenant statue contemplative drapée d’un voile diaphane…
Mogwai, les maîtres des clés…
Le groupe était sans aucune faille technique. Contrôlant parfaitement leur environnement, un peu à la manière de Sigur Rós (voir une autre critique réalisée par Sors-tu.ca!), ils semblent posséder les clés du temps. Tout a ralenti, puis s’est arrêté… Les ondes Bêta (stade normal de l’éveil) se sont transformées subitement en ondes Alpha et même en Thêta. Cela s’est poursuivi jusqu’à la grande finale, un rappel où ils ont joué deux chansons. Le public a particulièrement aimé le crescendo, qui a culminé en une pléiade de stroboscopes!
Entre chaque chanson, le groupe et les techniciens de scène ont créé une véritable chorégraphie, changeant d’instruments très souvent. Une quantité incroyable de guitares se trouvait sur scène, et le claviériste ainsi que le bassiste ont troqué leurs instruments respectifs pour celles-ci Stuart Braithwaite, le frontman, a d’ailleurs remercié son public maintes fois en français. On aurait aimé qu’ils jouent la très populaire Take Me Somewhere Nice, de l’album Rock Action, mais on ne peut vraiment pas se plaindre!
Mansuétude de satin offerte par Mogwai
Bref, la soirée a commencé un peu étrangement avec Xander Harris, mais elle s’est terminée de façon magistrale avec Mogwai. L’audience était réellement en état de profonde méditation nocturne durant le concert… Quelque chose de divin émanait de ce recueillement. Vraiment, les araignées écossaises de Mogwai ont enveloppé fermement leur public avec leurs refuges de satin… Des repaires de délicatesse et de sérénité, d’une rare pureté, presque cristalline… On est fin prêts à hiberner et à se visser du Mogwai dans les oreilles sur repeat, en prévision des journées plus lourdes… Car Mogwai amortit la chute, protège des chocs, et tisse des abris solides.
- Artiste(s)
- Mogwai, Xander Harris
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Corona
- Catégorie(s)
- Alternatif, Experimental, Gothique, Industriel, Instrumental, Post-rock, Progressif, Rock,
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