crédit photo: Pierre Langlois
Mogwai

Mogwai au Théâtre Beanfield | Frapper un mur (de son) tous ensemble, et s’en réjouir

Une foule composée à 91% de gars blancs fin genX habillés en noir s’est ramassée au Théâtre Beanfield dimanche soir, alors que le groupe post-rock écossais Mogwai était de passage pour défendre son plus récent et excellent opus, The Bad Fire.

Pour la petite mise en contexte, l’album The Bad Fire est tout ce qui a de plus classique chez Mogwai, mais avec un petit accent un peu plus « up tempo électro » que les albums précédents, comme si le groupe avait – enfin, pour le bienfait de la santé mentale de ses membres – découvert le sentiment de la joie dans les quatre dernières années. Pas vilain pantoute.

Devant une salle comble, le groupe a commencé avec deux morceaux tirés de l’album sorti en janvier, God Gets You Back et Hi Chaos, puis il a enchaîné directement avec Ithica 27 Φ 9, vieille compo obscure sortie sur Ten Rapid en 1997, démontrant déjà en début de parcours toute la polyvalence, la solidité et l’habileté des musiciens pour livrer le plus justement possible leurs compositions.

Bon, mettons tout de suite quelque chose au clair : visuellement, Mogwai en show, c’est pas Lady Gaga à Coachella en show. (Même si vous n’avez pas la référence, vous pouvez vous imaginer la référence.)

Mogwai en show, c’est cinq dudes qui jouent super bien de leur(s) instrument(s). Pis c’est parfait comme ça.

Cela étant dit, oui, on va voir Mogwai parce que le groupe est bon et très tight en spectacle, mais, on l’avoue, on va surtout voir Mogwai parce que le groupe joue fort en spectacle. Fort. TRÈS FORT. Un mur de son fort. Et quoi de mieux, en ces temps politiques et économiques incertains, que de ressentir, en gang, de la guit’ tellement forte que ça te pogne à la poitrine comme dans des montagnes russes?

Oublier ses bouchons quand on va voir Mogwai, c’est comme oublier son passeport quand on part en vacances: on r’vire de bord en taxi assez rapidement pour aller chercher l’essentiel à son périple.

Et voyage il y a eu, alors que le groupe s’est baladé musicalement à travers son riche répertoire qui s’étale maintenant sur 30 impressionnantes années. On est passé par How to Be a Werewolf provenant de l’excellent Hardcore Will Never Die, But You Will, l’album sorti en 2001, Rock Action, avec la pièce Take Me Somewhere Nice, et on a même eu droit à deux chansons tirées de l’irréprochable Mr.Beast, We’re No Here et la classique Auto Rock.

Pendant certaines envolées puissantes, entre autres lors de la toute dernière pièce mais ô combien généreuse My Father My King, faisant office d’unique chanson de rappel, on espère secrètement qu’un employé du Théâtre Beanfield ait oublié de fermer une porte, question de donner des sueurs froides et faire remonter quelques PTSD aux habitants de Saint-Lambert.

Enfin, on ne sort jamais d’un show de Mogwai complètement indemne. D’abord, parce que la musique est tellement forte qu’elle peut t’arracher un tympan ou te causer une arythmie cardiaque. Mais surtout, parce que l’expérience humaine dans un show de Mogwai est grandiose. Parmi un public enthousiaste mais respectueux, attentionné et surtout hyper attentif, on se sent vivre un moment unique entre mélomanes avertis.

Et quoi de mieux, collectivement, que de frapper un mur, quand c’est un mur de son, pis que le son est aussi bon?

Liste des pièces:

  1. God Gets You Back
  2.  Hi Chaos
  3. Ithica 27 Φ 9
  4. What Kind Of Mix Is This?
  5. How to Be a Werewolf
  6. Take Me Somewhere Nice
  7. Pale Vegan Hip Pain
  8. Auto Rock
  9. Ritchie Sacramento
  10. Fanzine Made a Flesh
  11. We’re no here
  12. Lion Rumpus
  13. My Father My King

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