crédit photo: Jesse Di Meo
Metallica

Metallica au Stade Olympique | Les indélogeables papis du heavy métal

Ça fourmillait aux abords de la station Pie-IX en ce vendredi soir d’août. La rue Pierre-de-Coubertin était fermée à la circulation automobile, mais envahie par une marée de gens en t-shirts noirs. Plus de 60 000 personnes s’étaient donné rendez-vous pour assister à cette première de deux soirées en compagnie du célèbre groupe thrash métal californien Metallica. Et les indélogeables papis du heavy métal ont prouvé qu’ils ont encore du fuel dans le réservoir.

Metallica.

Au Stade.

Trente-et-un an après l’infâme émeute.

On ne pensait plus que ça se pourrait.

Il faut dire que Metallica n’était pas revenu à Montréal depuis 2017. Et que ça faisait encore plus longtemps qu’on n’avait pas vu un show de band au Stade.

Ce n’est pas pour rien : bien que le Stade Olympique puisse accueillir facilement deux fois plus de spectateurs que le Centre Bell, le magnifique monument bétonné de Montréal traîne la réputation d’être une véritable poubelle sonore.

Et pour cause. AC/DC nous l’avait prouvé une fois de plus en août 2015.

 

Mammoth WVH et Pantera

Ce n’était pas tellement plus rassurant à notre arrivée sur les lieux, huit ans plus tard, alors que le projet Mammoth WVH, du fils d’Eddie Van Halen prénommé Wolfgang, ouvre la soirée. On a aussitôt l’impression d’entendre trois groupes différents jouer trois chansons différentes en même temps. L’écho résonne à tout rompre et on perd complètement le fil des riffs proposés par le groupe. Il faudra se reprendre la 14 novembre prochain si on veut bien entendre ce que le groupe a à nous proposer, puisque Mammoth WVH sera déjà de retour en ville, au Théâtre Beanfield.

Mais pour ce qui est de notre première impression de la sono du Stade, il est encore tôt, 18h pour être précis, et les gens entrent au compte-goutte. Le lieu est à environ 20% de sa capacité. Plus de corps humains dans l’immense amphithéâtre devrait faire une différence.

On le constate heureusement une heure plus tard avec Pantera, qui effectue son retour depuis l’an dernier, 20 ans après l’assassinat de son fondateur Dimebag Darrell.

Sauf erreur, ça faisait plus de 25 ans que Pantera n’avait pas joué à Montréal.

Il ne reste d’ailleurs plus grand chose de cette formation qui avait joué au Parc Jarry en 1998. Dimebag et son frère, le batteur Vinnie Paul, ont passé l’arme à gauche, alors le chanteur Phil Anselmo ressucite le projet avec le bassiste Rex Brown, et les légendaires Zakk Wylde (guitariste d’Ozzy pendant longtemps) et Charlie Benante (batteur d’Anthrax).

Nus pieds, cheveux rasés, vêtu d’un t-shirt de son label Housecore Records, sur lequel est inscrit « Classic but not classy », Anselmo a le look et la posture d’un ancien combattant de l’UFC à la retraite. Son chant et ses grunts demeurent toutefois relativement intacts, et on apprécie de pouvoir l’entendre déployer son arsenal sur les classiques 5 Minutes Alone, Becoming et bien entendu, Cowboys From Hell et Walk, pendant que Benante bat la cadence probablement mieux que Vinnie Paul pourrait le faire s’il était encore vivant, et que Wylde multiplie les solos comme il sait le faire tout en faisant honneur aux riffs reconnaissables.

« Montreal, if and when we come back to your city, will you be there? »

Choisissez une salle mieux sonorisée et n’attendez pas 25 autres années, et la réponse sera un retentissant « oui monsieur! »

 

Metallica

Arrivèrent ensuite Metallica, et d’emblée, le son semble grandement amélioré. Fiou.

C’est Creeping Death qui lance les hostilités, puis Harvester of Sorrow et les fans se sentent en terrain connu.

Maintenant dans la soixantaine, James Hetfield, Kirk Hammett et Lars Ulrich n’ont plus rien à prouver. Ils n’ont qu’une légende à entretenir, et du fun à avoir. Et ça paraît.

On les sent à l’aise, dans leur élément sur cette gigantesque scène circulaire comme une piste de NASCAR, sur laquelle les quatre musiciens — oui oui, y compris le batteur Lars Ulrich, dont la batterie sera déplacée d’un côté à l’autre de la scène à quatre reprises! — se promèneront allègrement.

Nouvelle tournée oblige, on doit se taper trois chansons du nouvel album 72 Seasons, soit If Darkness Had a Son, Shadows Follow et la chanson titre, toutes glissées dans un même segment avec Fade To Black au milieu, ce qui n’est pas si mal côté rythme.

Avec l’instrumentale Orion, on sentait que le niveau d’énergie diminuait, mais en bons vétérans, ils ont rehaussé ça en deux temps trois mouvements en enchaînant avec Nothing Else Matters et Sad but True.

Sans mauvais jeu de mots, Fuel a aussi enflammé la foule, puis des gros ballons de plage (!) sont tombés du plafond pour la finale avec Seek & Destroy et Master of Puppets.

Pas de rappel?  On respecte ça. C’est un rituel qui est un peu dépassé, avouons-le. Mais c’est tout de même surprenant, le spectacle s’étant avéré somme toute un peu court pour Metallica, tout juste au-dessus de la barre des deux heures. Surtout lorsqu’on considère que des classiques tels que One et Enter Sandman ont été omis du lot…

Les chanceux qui ont aussi leurs billets pour le spectacle de dimanche y auront sans doute droit, puisque le groupe prépare deux spectacles complètement différents.

Bref, une performance somme toute assez satisfaisante, démontrant à quel point Kirk Hammett a encore une dextérité impressionnante et James Hetfield est encore en voix. Il régnait dans la foule un sentiment de communion, de retrouvailles appréciées avec un groupe sur lequel on peut se fier, si on les aime d’emblée.

L’écho impitoyable du Stade a toutefois laissé quelques marques, déstabilisant un peu l’interprétation de Sad But True, et surtout Master of Puppets à la toute fin. Mais rien pour déranger le spectateur moyen outre mesure.

La soirée s’est conclue avec l’habituelle distribution de souvenirs aux spectateurs du parterre. Le bassiste Robert Trujillo et Kirk Hammett ont lancé des picks de guitare à qui mieux mieux comme s’ils nourissaient des ouailles, puis James Hetfield s’est emparé du micro afin de crier : « We are Metallica, and so are you! »

Grille de chansons

Creeping Death
Harvester of Sorrow
Leper Messiah
Until It Sleeps
72 Seasons
If Darkness Had a Son
Fade to Black
Shadows Follow
Orion
Nothing Else Matters
Sad But True
The Day That Never Comes
Hardwired
Fuel
Seek & Destroy
Master of Puppets

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