
Mathilde Monnier présente Black Lights à l’Agora de la danse | Un cri chorégraphique contre les violences faites aux femmes
« Voir, c’est déjà une manière de ne pas accepter ». La chorégraphe Mathilde Monnier a toujours envisagé la danse contemporaine comme une voie pour exposer les causes sociales, les défis reliés à la maladie et les difficultés des minorités. Elle est engagée, oui, mais surtout elle s’engage, et ce depuis 35 ans. Pas étonnant alors que la violence faite aux femmes l’ait interpelée. Si avant, elle la sentait, mais n’arrivait pas à mettre des mots dessus, depuis 2023, elle est en mesure de la verbaliser et de la représenter grâce à sa création Black Lights, présentée à l’Agora de la danse du 22 au 25 octobre 2025.
Le mouvement #MeToo, la remise en question de la société patriarcale, l’éveil des consciences quant à la place accordée aux femmes : tous ces progrès amorcés sont un terreau fertile pour libérer leur parole, et dénoncer les abus dont elles sont victimes. C’est ce contexte qui a permis à Mathilde Monnier de trouver la force, le courage et la vision de Black Lights, création inspirée de H24 diffusée sur Arte en 2021. Cette série a pris le parti de révéler les violences faites aux femmes au quotidien, en 24 épisodes, chacun reposant sur 24 textes d’autrices européennes et interprétés par 24 actrices.
Dès lors, comment traduire ces écrits en spectacle ? Le temps a été nécessaire, ne serait-ce que pour définir le cadre de réalisation. Quels textes ? Quels styles littéraires ? Quel agencement ?
« La façon dont ces textes étaient écrits était très importante », explique-t-elle. Certains sont des poèmes, d’autres sont plus adressés, mais tous relatent une histoire, des enjeux politiques, sociaux et la réalité d’une victime. Finalement, faire un choix cohérent, représentatif, direct et rythmé a été facile pour la chorégraphe de renom, tant l’idée qu’elle avait de Black Lights était déjà très aboutie.
C’est un processus de co-construction qui a ensuite pu donner corps à ces récits. Que ces huit danseuses aux parcours variés soient autrices de leurs gestes était primordial pour Mathilde. Ainsi, son concept bien dessiné a pu côtoyer le ressenti des interprètes, et renforcer la considération plurielle du sujet abordé. « J’ai beaucoup échangé avec les danseuses, qui viennent de pays différents, où parfois tout cela est encore vécu d’une manière plus complexe. », confie-t-elle. À travers toutes les réflexions qui ont nourri Black Lights depuis sa première date, une histoire dans l’histoire a aussi pu se créer.
Cette démarche collective confère à Black Lights une dimension universelle, rendant visible l’ampleur d’une violence souvent sous-estimée. Plus de 75 représentations ont ainsi permis à la chorégraphe, à son équipe et au public de se construire une compréhension renouvelée, actualisée et plus sensible.
Éveiller l’empathie et verbaliser l’émotion
L’une des dates à Montréal fera d’ailleurs l’objet d’un segment « Paroles d’artistes » avec le public. Ce dernier sera convié à partager son ressenti sur la forme bien sûr – la chorégraphe a beaucoup travaillé avec des images empruntées au cinéma, en particulier à celui de Pier Paolo Pasolini – mais surtout sur le fond. « Pour moi, c’est la pièce avec laquelle j’ai eu le plus de liens avec le public », confie celle qui en a créé plus de 50.
Elle observe en effet que Black Lights implique les gens d’une façon très personnelle et tous se sentent concernés. Ils ont souvent envie de communiquer quelque chose d’eux-mêmes, un bout de leur vécu, peu importe leur génération.
Écouter, toucher, sensibiliser : voilà comment la danse contemporaine peut agrandir nos perspectives et notre empathie envers un fléau désespérément d’actualité.
Pour en savoir plus et connaître les dates de représentations de Black Lights, consultez le site de L’Agora de la danse.
* Cet article a été produit en collaboration avec L’Agora de la danse.
- Artiste(s)
- Black Lights (Mathilde Monnier)
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Agora de la danse
- Catégorie(s)
- Danse,
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