Mara Tremblay

Mara Tremblay au Taverne Tour | Fille de tavernier

Dans le cadre du Taverne Tour, la talentueuse auteure-compositrice-interprète et chanteuse Mara Tremblay donnera un concert au Boswell ce samedi 3 février. Un spectacle plein de promesses qui affiche déjà complet, c’est dire si la renommée de l’artiste n’est plus à faire. Toutefois c’est l’occasion pour l’équipe de Sors-tu.ca de parler un peu avec la chanteuse sur cet événement atypique et de revenir sur son récent album Cassiopée, sorti à l’automne dernier, ainsi que sur le fait d’être une femme artiste dans une actualité assez bouleversée.

Sors-tu.ca : Ce samedi votre prochain show à Montréal se fait dans le cadre du Taverne tour. Quel est votre sentiment par rapport au fait de jouer dans ce genre d’établissement plutôt que dans des salles de concerts ?

M.T. : Je suis vraiment impatiente ! Je suis une fille de tavernier, mon père a ouvert une des premières tavernes qui accueillaient des concerts en 1986. [N.D.L.R. : L’Inspecteur Épingle]  Pour moi ces lieux-là, je les ai vus grandir et 30 ans plus tard je suis tellement contente de rejouer dans une taverne. Surtout que je suis très rock et dans une taverne c’est le lieu idéal. Je vais pouvoir me donner à fond !

 

Le rapport au public est sûrement différent ?

Ce sont des lieux de rassemblement extraordinaire. Sentir cette tension et cette énergie lorsque la salle est pleine c’est vraiment le fun.

 

D’ailleurs de nombreuses salles de spectacles ferment les unes après les autres (Divan Orange, Le Cercle à Québec). Quel est votre regard sur ce phénomène ? Pensez-vous que le public est moins friand de prestation live en ce moment ?

Je pense que c’est surtout dû à la médiatisation des artistes, avant on voyait passer à la télé les artistes, les chanteurs, tout ceux qui avaient quelque chose à présenter maintenant on ne voit plus que de la télé-réalité donc le public se désintéresse. Et puis avec les nouvelles technologies, on peut regarder un show en haute-définition sans se déplacer. Mais bon on ne retrouve quand même pas la magie des spectacles.

Sur votre dernier opus Cassiopée, qui a une sonorité assez rock, vous explorez tout de même toutes sortes de styles musicaux comme à votre habitude. Vous ne vous fixez aucune limite ?

Jamais ! La musique ne devrait jamais avoir de limites. J’ai été élevée au son de toutes sortes de musique. Mon cœur appartient à tous les styles. C’est comme en peinture, personne ne va dire au peintre quelle couleur il doit mettre c’est pareil quand j’écris une chanson. Je mets ça en forme comme ça vient et selon mes envies.

 

Et sur cet album on retrouve votre fils (Victor Tremblay-Desrosiers) derrière la batterie, comment cela s’est-il passé ? Vous avez dû composer avec Mara Tremblay la mère et la chanteuse, ou c’est la même personne ?

Photo par Jean-François Leblanc.

Photo par Jean-François Leblanc.

Il est né dans ça et j’ai toujours été une maman assez rock, donc il a l’habitude. Sur cet album on a tout enregistré en live et même s’il y a des changements de beats, on a une connexion naturelle qui fait qu’on se suit et que ça sonne. C’est quand même assez rare de voir une mère et son fils jouer la session rythmique ensemble ! Notre relation évolue ça nous rapproche encore plus. C’est super !

 

Le fil rouge de vos albums est clairement l’amour et souvent sous l’angle du couple. Pour faire le parallèle avec celui-ci, est-ce que votre manière d’écrire vos textes a évolué au fil de votre carrière ?

J’écris complètement différemment, j’ai commencé à écrire à 26 ans et j’en ai 48 aujourd’hui. C’est sûr que ma façon d’écrire a évolué depuis mes débuts. Il y a certains mots que je ne peux plus répéter mais des fois ils s’imposent quand même comme cœur, amour etc. et il n’y a juste pas le choix de les utiliser.

Et puis moi je ne sais que parler d’amour, je ne suis pas bonne à parler des sujets de société.

 

Toutefois, vous abordez aussi le rapport au corps dans vos textes comme la première chanson de votre dernier album Ton corps au mien, le refrain de Dormance ou plus anciennement la chanson Tout nu. Est-ce que ça a pu choquer parfois ? Surtout par rapport au fait que vous êtes une femme ?

Je l’ai fait d’une façon que j’assume totalement. Je pense qu’on n’a jamais rien de négatif quand on s’assume. Le principal c’est d’assumer. La première personne qui m’a parlé de Tout nu, c’est Yann Perreau qui m’a dit qu’il était fan de cette chanson. Le corps c’est tellement tabou et maintenant c’est encore pire. Quelle femme de 48 ans va parler de son corps ? On a tellement peur de vieillir, qu’on le transforme. On se force à rester belle et désirable.

 

Justement, de plus en plus, les mentalités changent et on va progressivement vers un mouvement de déculpabilisation du corps notamment face à la pression du marketing.

Tout à fait ! C’est pas parce qu’on a 48 ou 50 ans ou plus qu’on ne peut plus ressentir de désir pour quelqu’un, tomber à nouveau amoureux etc.  Je trouve ça hyper important de pouvoir en parler et de représenter un peu cette tranche de femmes qui en parlent. La société n’accepte pas que le corps de la femme puisse vieillir et il faut changer ce regard.

Est-ce que cela a évolué quand même en tant que femme seule en scène depuis vos débuts ?

Oui, il y a du mieux et heureusement. À l’époque, on exigeait des chanteuses qu’elles aient de la voix et qu’elles soient sexy. C’était presque obligatoire alors que pour les artistes masculins on en demandait pas autant. Moi je suis arrivé avec ma dégaine à moi et ça a surpris pas mal de gens ! Depuis les mentalités ont changé et on a vu plein de nouvelles artistes émerger avec leurs propres styles et c’est très bien comme ça, mais le chemin a été long pour en arriver jusque là.

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