Madonna

Madonna au Centre Bell | Des bons coups et des ratés

À moins que vous ne viviez en réclusion totale, vous avez sans doute entendu parler de la présence de Madonna au Centre Bell mercredi et jeudi soir. Sors-tu.ca a assisté au show de jeudi. Retour sur le coup d’envoi de la tournée Rebel Heart.

Un spectacle inégal à tout le moins, qui offre des bons coups, surtout nostalgiques, mélangés à des moins bons coups qui se veulent parfois engagés, parfois simplement ratés techniquement.

C’est sous les notes d’Iconic que Madonna a fait son entrée sur scène, en cage, après une introduction vidéo mettant entre autres en vedette Mike Tyson. Elle enchainait par la suite avec Bitch I’m Madonna, de circonstance, avec ses « I just wanna have fun tonight » et « We gon do this all night long ». Disons que le ton était donné, dans une ambiance guerrière et japonaise. Le tableau qui sera le plus tape-à-l’oeil, avec ses projections signées Moment Factory, une fois de plus.

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Côté réussite, on ne peut bien sûr pas passer sous silence les décors, les costumes et tout le fla-fla scénique propre à un show digne de la reine de la pop. Visuellement, c’est moins imposant et moins spectaculaire que la dernière tournée MDNA présentée en 2012, mais c’est tout aussi clinquant et parfois plus ingénieux.

 

En blocs

Le spectacle est divisé en plusieurs actes, comme le veut la structure habituelle des shows pop modernes, et il semble que les thématiques soit particulièrement bien pensées en fonction des chansons meublant chacun des blocs thématiques. On pense surtout à un bloc mi-espagnol/mi-mexicain-dia-de-los-muertos, où ses chansons aux rythmes plus exotiques comme La Isla Bonita ou Dress You Up ont trouvé leur place.

On aime aussi le bloc style cabaret, avec entre autres la chanson Music, assez bien revisitée, et surtout, sa reprise de La vie en rose d’Édith Piaf, toute en simplicité, seule à la guitare. Un magnifique moment, véritable cadeau pour ses fans francophones, qui lui a valu un tonnerre d’applaudissement au milieu de la pièce, puis une ovation debout en conclusion. Ça aurait pu être cliché comme choix, mais dans la bouche de la Madonne, la chanson prenait tout son sens.

 

Revisite réussie des vieux hits

Bien que Madonna faisait la promotion de son plus récent album, Rebel Heart, sa grille de chansons était particulièrement bien équilibrée entre nouveautés et vieux succès et elle a donné beaucoup de place à ces derniers, dont plusieurs oubliés ces dernières années. On pense surtout à True Blue, écartée de ses spectacles depuis 1987, qui effectuait un retour, façon acoustique, tout en simplicité, la Madonne assise sur une pile de pneus (thématique garage oblige), ukulélé à la main, entourée de ses danseurs. Franchement réussi.

Scénario semblable un peu plus tard avec Who’s That Girl, aussi acoustique et dépouillée, l’auto-tune et les effets synthétiques mis de côté laissant toute la place à la richesse de sa voix, encore juste (mais pas toujours) à 57 ans.

Madonna-Centre Bell-2015-13Madonna laisse aussi une plus grande place à ses fans dans son Rebel Heart Tour, notamment en interagissant un peu plus avec la foule, mais aussi en mettant en valeur le travail artistique de ses admirateurs lors de la chanson titre de la tournée, Rebel Heart, où de jolis dessins de la star se succèdent à l’écran. Une attention qui confère à la star un côté plus humain, voir authentique, jumelé aux moments moins réussis de la soirée.

 

Quelque faux pas

Même si au fil des années, la Madonne nous a habitués à des performances rodées au quart de tour, frôlant la perfection, dans cette tournée-ci, elle semble moins s’en conformer. On sent parfois qu’elle n’a plus tout à fait l’énergie de ses 20 ans et que sa voix peine parfois à suivre à travers les nombreuses chorégraphies élaborées.

Les moments où elle délaisse d’ailleurs la danse, les effets de voix artificiels et le playback nous prouvent à quel point sa voix est toujours aussi forte, comme sur Devil Pray par exemple, ou sa reprise de Love Don’t Live Here Anymore.

Durant Music, il semble que l’artiste ait échoué à se rendre en bonne position à un moment du numéro, une erreur qu’elle a rattrapé avec grand professionnalisme en affirmant: « Des fois je me rends au sommet, d’autres fois, non. N’est-ce pas une belle métaphore pour la vie, ça? Au final, je suis toujours une gagnante. » Moment prévu ou non? Peu importe, il s’agissait d’un des nombreux moments qui la rendait plus humaine qu’à l’habitude.

Le numéro douteux de la soirée revient – malheureusement – à son grand succès Like a Virgin, que Madonna interprète seule sur scène, supportée uniquement du rythme de Heartbeat, où elle se dandine d’un bout à l’autre de la scène, telle une tante bien motivée dans un party de famille. C’est désolant, ça ne la met pas en valeur et surtout, ça ne rend pas justice à la pièce.

 

Une équipe talentueuse

Ce moment nous faisait d’ailleurs réaliser que son équipe scénique la supporte extrêmement bien et contribue à mettre l’artiste en valeur.

Madonna-Centre Bell-2015-7C’est probablement pourquoi la Madonne laisse souvent la place à sa troupe de danseurs – et presqu’acrobates- tous excellents d’ailleurs. On pense surtout aux interludes, qui lui permettent d’aller se changer en coulisse, mais durant lesquels le public n’est pas en reste, ni laissé à lui-même avec pour seul distraction, une vidéo, comme c’est souvent le cas dans les shows du genre.

Ici, en plus des courts métrages, on a droit à de jolis numéros comme celui où un danseur contemporain, dans le vent, ondule en duo avec un long drap blanc, ou à celui qui fut probablement l’un des numéros de la soirée, durant Illuminati, alors que les danseurs, juché du haut de leur perchoir, se balançaient de l’avant à l’arrière, dans une danse inusitée.

Même durant Holiday, au rappel, trois acrobates-danseurs s’élançaient sur une plateforme inclinée à l’aide d’élastiques, un numéro dans le genre très Cirque du Soleil.

Même si elle a connu de moins bons moments au cours de la soirée, Madonna a tout de même su réaffirmer sa pertinence dans le monde de la pop d’aujourd’hui, même après toutes ces années. Elle a le mérite d’essayer de nouveaux sons, de nouvelles tendances, et de tenter de se réinventer, de prendre des risques et de ne pas rester dans le moule d’une recette gagnante. Et c’est tout à son avantage.

Grille de chansons

Iconic
Bitch I’m Madonna
Burning Up
Holy Water (avec extrait de Vogue)
Devil Pray
Messiah (vidéo seulement)
Body Shop
True Blue
Deeper and Deeper
HeartBreakCity (avec extrait de Love Don’t Live Here Anymore de Rose Royce)
Like a Virgin
S.E.X. (vidéo seulement)
Living for Love
La Isla Bonita
Dress You Up (avec extraits de Into the Groove, Everybody et Lucky Star)
Who’s That Girl
Rebel Heart
Illuminati (vidéo seulement)
Music
Candy Shop
Material Girl
La vie en rose (reprise de Édith Piaf)
Unapologetic Bitch

Rappel
Holiday

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