Choses Sauvages

M pour Montréal – Jour 2 | Choses Sauvages enflamme les Foufounes Électriques

Jeudi soir, machines à fumée, effluves de cigarettes et brûlante envie de liberté et d’excentricité se sont rencontrés dans l’obscurité des Foufounes Électriques lors de M pour Montréal. Choses Sauvages s’apprêtait à donner un show qui aurait pu être diffusé à Musique Plus en 1987 et susciter un succès monstre. Cependant, au cœur de la discothèque trash bondée des Foufounes Électriques en 2023, l’expérience était unique au monde, et ça la rendait d’autant plus spéciale pour tous.tes ceux et celles qui y étaient.

L’acte dance-punk de Montréal

Félix Bélisle, leader du groupe, artiste incontournable du monde underground québécois, arrive sur scène avec les yeux creusés par un eye-liner approximatif, un charisme hors de ce monde et l’irrévérence nécessaire à toute révolution. Ce n’est pas banal, ce que Choses Sauvages propose en 2023. Le groupe nage maintenant sous le pont de la pop : toujours visible, mais libre d’aller dans la direction qu’il souhaite. Et parce qu’il est visible, il a le pouvoir de faire bouger les choses.

Damoclès n’a jamais sonné aussi punk, la Science du bruit, jam instrumental sur leur deuxième album Choses Sauvages II, prend une dimension complètement différente, plus dynamique et plus longue. On se croirait en plein cœur du mouvement post-punk à Montréal en 1980. La salle est bruyante, les expérimentations sonores des musiciens font résonner les murs chargés d’histoire des Foufounes alors que la foule chante les paroles avec verve. Une fumée de cigarette plane aux dessus des têtes comme l’écho d’une époque où l’underground était synonyme de résistance.

 

Qualité et destruction

Ayant l’habitude de se présenter avec une plus grande quantité de musicien.nes, la formule à six qui foule la scène jeudi soir possède quelque chose de spécial et d’équilibré. Il y a juste assez d’amis pour que ce soit le party, mais pas trop pour risquer de perdre le contrôle. D’ailleurs, l’interprétation vocale de Félix Bélisle se révèle d’autant plus puissante et libre en l’absence de back vocals.

La qualité des arrangements, bien dosés, à la fois réfléchis et intuitifs, est mise en avant par le claviériste Tommy Bélisle, le guitariste et claviériste Thierry Malépart, le bassiste Charles Primeau (Foreign Diplomats) et le batteur Philippe Gauthier-Boudreau, tous excellents et indispensables à la performance. D’ailleurs, après avoir entonné Ariane et Poussière, un problème technique lié au synthétiseur MS20 nous aura permis d’entendre Félix lancer « C’est-tu la fête à quelqu’un? » avant de faire un genre de voxpop dans la foule d’une durée de 10 minutes. Impossible de se passer du synthétiseur des albums de LCD Soundsystem !

Dans la deuxième partie du spectacle, bodysurfing, light choking avec le fil du micro de Félix dans Chambre d’écho et destruction d’une tambourine sont au rendez-vous. Le sm58 subit également quelques coups qui n’auront probablement eu aucun effet sur ce micro indestructible, mais qui pendant l’unique rappel auront eu pour effet de clôturer la soirée avec force, c’est le cas de le dire.

Jeudi soir dans le cadre de M pour Montréal, Choses Sauvages a suscité bien des choses; tout d’abord l’envie de participer à cette oasis de contre-culture, suivi d’une pulsion de détruire une tambourine, en terminant avec le rêve d’entendre un album live. À quand ?

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