crédit photo: Sasha Onyshchenko
Ludmilla

Ludmilla des Grands Ballets Canadiens | Finale émouvante

Jeudi soir se tenait la première du ballet Ludmilla à la Salle Wilfrid-Pelletier, rendant ainsi hommage à la fondatrice des Grands Ballets Canadiens, Ludmilla Chiriaeff. Bien qu’il soit d’une longueur non négligeable, le programme évoquant son histoire et ses inspirations à travers les chorégraphies de plusieurs sommités de la danse, s’est terminé par un véritable coup d’éclat.

Avec un programme en quatre temps totalisant une durée de plus de 2 heures, la pièce offrait une large variété en terme de styles et d’ambiance, sans toutefois que le lien entre les diverses parties soit clair.

Chorégraphié par le célèbre George Balanchine, Les Quatre Tempéraments a fait office de première partie. Le tout s’est étiré sur une quarantaine de minutes, avec un fond bleu plutôt monotone restant inchangé au fil du numéro, en plus d’avoir des costumes à l’allure extrêmement simple. Loin de commencer la soirée en grand, ce numéro aurait pu être écarté, étant donné la longueur quasi excessive du programme. Le ballet néo-classique de Balanchine comportait des éléments très intéressants, des enchâssement de jambes et de bras créant des illusions optiques très plaisantes, mais aussi des mouvements plus contemporains qui détonnaient beaucoup avec les chorégraphies qui suivaient.

Ensuite, Le Funambule a pris la scène. Ce court numéro chorégraphié par Ginette Laurin en 1998 pour Les Grands Ballets Canadiens optait pour une mise en scène et une trame sonore beaucoup plus contemporaines. Sortant complètement le spectateur d’un carcan de ballet, cette pièce rappelait certains aspects de la danse-théâtre, le tout accompagné d’une conception d’éclairage des plus intrigantes. Les danseurs étaient parfois un peu sous-éclairés, mais cela ajoutait à l’image d’ensemble et à l’ambiance mystérieuse qui planait.

Après un entracte de 25 minutes et un retour en salle autour de 21h45, les gens se sont remis en place pour la pièce Désir, chorégraphiée par James Kudelka. Les pas de deux et les portés originaux tout en contrôle étaient absolument splendides. Les magnifiques robes des danseuses, donnant une silhouette éthérée et une élégante amplitude à leurs mouvements ne faisaient qu’aider à souligner la chorégraphie. Tout semblait s’accorder pour former un tout bien ficelé, allant de la musique à l’éclairage. Le seul bémol repose dans les moments de groupe, plus précisément les moments où trois couples dansaient côte à côte. Chaque duo avait quelques minuscules différences dans leurs portés, et ce, de manière volontaire. Mais comme ces mouvements n’étaient pas assez différents pour qu’on pense à une variation volontaire, les danseurs avaient parfois l’air de se tromper.

La dernière partie était absolument le clou du spectacle. Malheureusement, il était facile de ressentir que l’attention avait quelque peu descendu dans la salle. On entendait des bâillements et quelques soupirs d’impatience. Chorégraphiée par Jean Grand-Maître, cette extraordinaire pièce débutant sur des chants lettons nous emportait dans la saga de la vie de Ludmilla, brillamment interprétée par Rachele Busiari. Avec plusieurs changements de costume et des changements d’éclairage absolument sublimes, ces 35 dernières minutes étaient on ne peut plus émouvantes. Malgré tout, on sentait la solennité de la situation.

Au tout début de la soirée, la fille de Ludmilla Chiriaeff, Catherine Luft Mead, a prononcé un discours touchant quant au passé de sa mère et à la gratitude qu’elle porte de pouvoir vivre une telle expérience en voyant l’histoire de sa mère retransmise à travers une pièce de danse. Il était impossible de ne pas se remémorer ce moment lorsque Rachele Busiari terminait finalement son chant du cygne, décédant dans les bras de ses comparses.

Au final, ce spectacle était réellement interminable et aurait pu être raccourci d’au minimum une trentaine de minutes. La fin en valait-elle la peine? Absolument.

Est-ce que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps pendant ces 30 minutes? Tout à fait.

Ce ballet n’était certainement pas le meilleur à voir pour les néophytes, mais pour ceux qui s’y connaissent et veulent être éblouis par une finale bouleversante, courez-y.

Il reste trois représentations, soit vendredi soir à 20h, ainsi que samedi à 14h et 20h. Détails et billets par ici.

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