crédit photo: Pierre Langlois
Lucrecia Dalt

Lucrecia Dalt au Ritz PDB | Oeuvre surréaliste et rêveuse qui allie narration de science-fiction et rythmes tropicaux

En ce dimanche humide de juillet, de la grande visite au Bar Le Ritz PDB : la talentueuse Lucrecia Dalt qui a navigué dans les musiques expérimentales depuis quelques années nous présentait la musique de son dernier album ¡Ay!, un disque qui a été conçu en collaboration avec le philosophe Miguel Prado. Il met en vedette un extraterrestre appelé Preta qui arbore un corps fait de cellules mortes de peau récupérées alors qu’elle expérimente avec les choses qui définissent la façon dont nous vivons dans l’univers, le temps linéaire, les frontières matérielles, l’amour, etc.

Dès le départ, l’éclairage sobre nous laisse comprendre que ce spectacle ne s’adressera pas à nos yeux mais sollicitera plutôt nos oreilles et nos sens. La créatrice d’origine colombienne se présente sobrement sur scène en compagnie de son percussionniste Alex qui est… un extra-terrestre, eh oui !

C’est avec Dicen que tout commence, on sent dès le départ l’empreinte onirique et sensuelle de la musique, les corps s’agitent discrètement jusqu’au sublime enchainement qui nous fait découvrir Enviada, la température monte d’un cran.

S’ensuit El Galatzó durant laquelle Lucrecia nous susurre à l’oreille, elle nous parle de dévoreur de ciel, de pierres de sang, elle dit vouloir « goûter notre champ magnétique et voir notre charge ionique »…

Devant cette atmosphère éthérée, soudainenement, la sensation du plancher disparaît sous mes pieds, je ne touche plus le sol, je m’élève. Suis-je dans un rêve ou dans une autre dimension ? Les deux pièces suivantes accentuent cette sensation : les décalées et fantomatiques Ser boca et Endiendo sont empreintes de nostalgie.

La complicité du duo est évidente : les échanges de regards et éclats de rire ajoutent au plaisir de les regarder donner une performance inspirée, dynamique et intense. Pièce après pièce, Dalt et son complice intègrent subtilement les genres musicaux traditionnels et folkloriques d’Amérique latine dans ces œuvres modernes. Ils les subliment, les intègrent parcimonieusement pour en tirer un résultat contemporain, et par moments, expérimental.

Turmoil ouvre la voie vers un bouquet de pièces tirées de ¡Ay! La Desmesura, No Tiempo et Contenida. Couches sonores, dissonance, rythmes syncopés, voix lascive, la musique de Dalt est définitivement personnelle, elle nous partage son passé au présent.

Retour sur terre avec Esotro, qui nous fait redescendre tout en douceur. Le public en liesse en redemandera et obtiendra un rappel, l’excellente Atemporal!

C’est à une performance audacieuse et émouvante que nous avons eu droit en ce dimanche soir. L’artiste avant-gardiste nous a présenté, avec l’apport important de son percussionniste, des tableaux qui jettent un nouvel éclairage sur la musique colombienne de son enfance. À quand un retour chez nous ?

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