Lucie Martel à la Casa Del Popolo | Une voix cristalline

Toujours avare d’artistes émergents, la chaleureuse Casa Del Popolo proposait ce lundi soir une soirée pop-jazz qui mettait notamment en avant des projets musicaux menés par deux jeunes femmes montréalaises aux voies cristallines à savoir Heïka puis Lucie Martel.

Alors que l’eau ruissèle sur le Boulevard Saint-Laurent sous une grisaille désespérante en cette fin du mois de mai, la Casa Del Popolo invitait sur scène deux artistes montréalaises pour redonner le sourire aux sorteux du lundi soir. La salle était bondée et comme toujours chaleureuse.

Tout commence avec une prestation de Heïka, quintet complice de Montréal. À la fois dynamique par l’excellente assise rythmique et douce par la voix enchanteresse d’Andrée-Anne Bélisle, le groupe a dévoilé une pop francophone agréable pour bien commencer la soirée, notamment soutenue par les incroyables sonorités du guitariste Vincent Lachaine, très à l’aise sur son instrument.

Une Lucie Martel transportante

Entracte et pause bière oblige, c’est ensuite au tour de Lucie Martel de monter sur scène accompagnée de ses quatre musiciens et ses deux choristes. Toute de blanc vêtue, son sourire est resplendissant comme l’est sa musique aux yeux des spectateurs. Regards intéressés et silence palpable, la quarantaine de personne remplissant la Casa Del Popolo s’hypnotise face à la voix sublime de cette ancienne étudiante de la Faculté de Musique de l’Université de Montréal qui présente ce soir-là la totalité des compositions de son premier mini-album Listen.

 

La musique de Lucie Martel fait divaguer, sûrement grâce à ce timbre particulier aux tintes chaleureuses qui rappelle parfois Alicia Keys. Auteur-compositeur-interprète, elle peut tout de même s’appuyer sur un parterre de talentueux musiciens pour amplifier toujours plus ses arrangements, très recherchés au demeurant. Les couleurs sont variées, les rythmes aussi. On assiste tantôt à des phases atmosphériques renforcées par les subtiles notes de piano de Gabriel Bertrant-Gagnon, tantôt à des phases puissantes lorsque la contrebasse de Gabriel Forget et la batterie de l’excellent Simon Bellemare se marient parfaitement sur Love in 7 Beats. Et parfois c’est au tour de la réverbération d’amplifier le tout au relais de la guitare de Philippe L’Allier.

La beauté des concerts intimistes

Quelques compositions originales mais aussi des reprises ont donc ponctué cette prestation d’environ quarante-cinq minutes. Il y eut ainsi d’excellentes performances de Home ou Honestly tirées de l’album Listen. Puis il y eut aussi donc ces hommages, l’un pour James Blake avec la touchante interprétation de F.o.r.e.v.e.r. en solo, l’autre pour les géniales sœurs de The Staves avec In The Long Run. La technique vocale de Lucie Martel est dans ces cas-ci toujours parfaite et elle qui voit The Staves comme des perles peut légitimement se dire qu’elle en est une aussi.

Une nouvelle ballade Ensemble, écrite en collaboration avec le guitariste Vincent Lachaine, clôturera une prestation d’ensemble réussie avant que la cerise sur le gâteau s’en vienne : une dernière chanson où Andrée-Anne Bélisle et Jo-Annie Bourdeau de Heïka rejoignent Lucie Martel sur la petite scène de la Casa Del Popolo pour former éphémèrement un trio délirant plein d’humour et de tendresse. C’est ainsi que se dresse le tableau de ces concerts intimistes où leur beauté réside dans le lien qui se tisse entre les artistes et les spectateurs, quand les sourires de ces derniers sont le reflet de la sincérité des premiers.

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