Charles Richard-hamelin

L’OSM et Charles Richard-Hamelin | Célébrer la Pologne avec Chopin et Bartók

À l’occasion du 100e anniversaire du recouvrement de l’indépendance de la Pologne, l’OSM présente, en compagnie du pianiste Charles Richard-Hamelin, un concert ambitieux à la Maison Symphonique de Montréal, dédié aux compositeurs polonais Frédéric Chopin et Béla Bartók.

Surprises de début de concert

Le programme a débuté par le Concerto pour piano n.2 en fa mineur de Chopin (op.21) et non le 1er, prévu après l’entracte. Ce choix, s’il peut tout d’abord être intrigant, s’explique par la popularité du 1er concerto, qui s’affirme comme un hit de la musique classique et donc, comme la pièce maîtresse du concert.

Le premier mouvement du concerto est assez étiré, les couleurs de l’orchestre sont belles et le pianiste joue avec une grande délicatesse. On regrette parfois un son un peu dur dans les forte, et de manière générale un manque de subtilité dans les départs et les changements de nuance. Mais ces petits défauts sont rapidement corrigés, et le 2ème mouvement nous offre de jolis graves et un son de bois très coloré, que les arpèges du piano améliorent encore. L’allegro vivace est empreint d’un beau mouvement, malgré quelques longueurs dans les réponses d’orchestre. le 2ème concerto s’achève donc sur de belles notes, mais sans caractère exceptionnel.

Photo par Antoine Saito

Un entracte devait avoir lieu avant d’enchaîner sur le 1er concerto de Chopin, mais le programme a été modifié juste avant le début du concert. Les techniciens enlèvent donc le piano de la scène et installent un célesta (percussion dotée d’un clavier, qui produit des sons assez proches de petites cloches) pour la Musique pour cordes, percussion et célesta (Sz. 106) de Bartók. La musique de ce compositeur est plus épurée, et le premier mouvement nous propose une ambiance sonore intrigante, faite de contrastes harmoniques. La construction orchestrale, très progressive, nous mène vers un allegro beaucoup plus puissant, fait de pizzicatos précis qui tranchent avec la douceur grave du début.

Le troisième mouvement semble un peu plus hasardeux sous la baguette du chef Kent Nagano, le public décroche après plus d’une heure de musique savante. Heureusement, le dernier mouvement est bien repris, avec une grande vigueur dans la rapidité de la composition. Si l’OSM s’en est bien sorti, on peut quand même s’interroger sur le choix d’une pièce si longue dans un programme qui contient déjà deux concertos. Un Bartók plus court aurait sans doute évité le petit décrochage.

Un hit très bien interprété

L’entracte fait place au Concerto pour piano n.1 en mi mineur (op. 11) de Chopin. Dès les premières notes, public et orchestre s’installent dans un thème bien connu des mélomanes romantiques. Si les premiers violons manquent au départ de tonus, quelques gestes de Nagano suffisent pour leur rendre la place de choix qu’ils occupent. Le piano nous offre un très beau thème, complètement maîtrisé. Le deuxième mouvement, entre déchirement et lumière, est la source de tuttis d’orchestre très doux. Charles Richard-Hamelin colore chaque note d’une douceur infinie, les nuances sont saisissantes. Le troisième mouvement, pris à bonne allure, achève avec brio un concerto grandiose d’un bout à l’autre. Charles Richard-Hamelin ne se fait pas prier pour offrir un court rappel tout en douceur et subtilité.

Avec trois pièces d’une durée de plus d’une demie-heure chacune, dont deux concertos pour piano, il fallait que l’OSM soit capable de garder l’attention des spectateurs. La soirée est allée crescendo, et s’est achevée sur un superbe 1er concerto pour piano de Chopin. Les deux pièces précédentes, un peu moins connues mais tout aussi belles, nous ont été offertes avec maîtrise et harmonie  de la part de l’OSM, de son chef Kent Nagano et du pianiste Charles Richard-Hamelin.

* Photo par Antoine Saito

D’autres représentations de ce concert auront lieu ce soir (vendredi 12 octobre) à 19h, ainsi que ce dimanche 14 octobre à 14h30, à la Maison Symphonique de Montréal. Détails et billets par ici.

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