L’OSM à l’Esplanade du Parc olympique | Brève éclaircie symphonique
À la croisée de sa 90e et de sa 91e saison, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) donnait hier le coup d’envoi de sa 11e Virée classique devant un public ouvert et toujours au rendez-vous. L’orchestre s’est lancé dans un programme mettant à l’honneur la région méditerranéenne, entre chefs-d’œuvre de compositeurs renommés et nouveautés d’un atypique oudiste.
Sous un ciel si bas et si gris qu’un canal s’est pendu, comme dirait Brel, l’OSM débute sa soirée aux lueurs de 20h avec le poème symphonique Francesca da Rimini de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
L’OSM opte pour une entrée complexe et souvent explosive, partition de 20 minutes contenant autant des envolées techniques des cordes et des bois que des segments lyriques pour les plus romantiques de ce monde. Du Tchaïkovski craché, quoi.
« Ça c’est de bien commencer son concert, hein! », dit André Robitaille, animateur de la soirée, après le final en boulet de canon de Francesca da Rimini, interprété de manière magistrale.
Dans la même forme que l’album Wish You Were Here, la programmation du jour laisse place à deux longues pièces maîtresses au début et à la fin du spectacle, ainsi qu’à trois courtes « pièces bonbon » au milieu de la soirée. Deux de ces trois œuvres seront assurées par Joseph Tawadros, oudiste solo et compositeur des morceaux interprétés. L’oud est un instrument à cordes pincées répandu dans les pays arabes et dans l’Europe méditerranéenne.
Tawadros, arborant des vêtements traditionnels, une barbe très fournie et des lunettes fumées, en marge de la conventionnalité typique de l’orchestre, présente d’abord Permission to Evaporate, de l’album du même nom sorti en 2014, avant de s’attarder à Constantinople. Les deux pièces laissent entrevoir en peu de temps une réelle virtuosité de la part de l’un des plus grands maîtres actuels de l’instrument.
La chaleur, la joie de la Méditerranée se fait ressentir de plus belle.
Il est compliqué pour Joseph Tawadros de diffuser son travail entre celui de génies comme Tchaïkovski et Berlioz, dont l’ouverture du Carnaval romain sera aussi présentée. Le contraste entre la profondeur des compositions se fait ressentir.
Mais avec des pièces classiques plus nichées dans la programmation, plus que celles présentées au concert à l’Esplanade du Parc olympique l’année dernière en tout cas, le choix d’intégrer des segments populaires semble logique afin de ne pas trop s’éloigner du mandat premier de la Virée classique : accessibilité et inclusion.
L’OSM clôture son exode hors de la Maison symphonique avec la très cinématographique et colorée Pini di Roma, d’Ottorino Respighi. Comme avec les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, justement interprétés l’année dernière, les thèmes de la pièce de Respighi varient chaque minute, on passe de la terreur des catacombes à l’éclat des gladiateurs dans le Colisée.
L’acoustique extérieure ne permet pas d’exploiter tous les détails et les fines subtilités que peut offrir l’OSM, mais l’œuvre italienne met enfin en valeur sur une même pièce les différentes sections d’un orchestre.
Si un jeune futur instrumentiste se trouvait à l’Esplanade ce soir, à écouter pour la première fois de la musique classique, il pourrait décider sur le tas, avec Pini di Roma, s’il préfère par exemple la versatilité des percussions ou la tendresse d’une section de bois.
Ça sert aussi à ça, la Virée classique.
Des cuivres se dévoilent dans les dernières minutes d’I pini della Via Appia, dans les gradins, à une trentaine de mètres de la scène, pour un énième final en grande pompe.
Audacieux, mais le pari est complètement réussi, c’est un grand oui de notre part!
La Virée classique continue tout le week-end avec une soixantaine d’activités gratuites et huit concerts en salle. Plus de détails par ici.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Orchestre Symphonique de Montréal
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Esplanade du Stade Olympique
- Catégorie(s)
- Arabe, Classique, Musique du monde,
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